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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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eût été forte, ce duché abondant en cités opulentes et en campagnes
généreuses.
    Pépin à Pavie, moi
de retour à Rome, je séjournai une semaine dans cette ville au temps de Pâques,
que je célébrai en compagnie d’Adrien. En me voyant paraître en vainqueur sans
sacrifice d’hommes, il avait mouillé mes mains de ses larmes.
    Entre les offices religieux et les entretiens
avec le pape, je me livrai à des promenades à cheval jusqu’à la côte
occidentale en compagnie d’une dame romaine, Amalia, lointaine parente de Sa
Sainteté, que j’avais rencontrée lors d’une réception à Latran. Elle n’eut de
cesse de me faire visiter ses domaines d’entre Rome et la mer, par des routes
bordées de lauriers-roses et de cyprès, pavées au temps des Césars.
    Les côtes des environs d’Ostia m’enchantèrent
par leur animation et leurs campagnes radieuses. Je chevauchais comme dans une
brume, baigné par le charme qui émanait d’Amalia. Cette beauté un peu grasse,
odorante, passionnée de Virgile, murmurait des poèmes en chevauchant, le regard
perdu dans les collines arides où flottaient des senteurs de thym et de
lavande.
    Je pris intérêt, sinon plaisir, à visiter le
port d’Ostia, où ma compagne avait quelque intérêt dans le commerce avec
l’Orient et l’Afrique. Le port grouillait d’une foule cosmopolite et la ville
d’une population industrieuse. Il en émanait des odeurs qui m’étaient
inconnues, et le bruit intense et constant venant du port ou des boutiques me
battait les oreilles au point de m’étourdir.
    Nous consacrâmes une
journée à cette excursion et n’arrivâmes dans le premier domaine d’Amalia qu’à
la chute du jour. Nous étions fourbus mais dans les meilleures dispositions
pour le repas et le lit. La table était digne de Lucullus et la chambre de
Pétrone.
    Je demeurai trois jours dans cette villa qui
datait de la Rome des Césars. J’y serais volontiers resté plus longtemps si ma
présence n’avait été attendue à Rome, où j’avais laissé mon armée sous les murs
de Saint-Pierre.
    Botte à botte avec la dame Amalia, je visitai
ce domaine, consacré en majeure partie à l’élevage de chevaux blancs. Ils
pâturaient d’immenses prairies en compagnie de bœufs roux puissamment encornés,
sous la surveillance de gardiens à cheval armés de piques et de chiens.
    La dame m’invita le lendemain à une chasse au
renard, prétexte, je n’allais pas tarder à le comprendre, à une chevauchée à
travers landes et guérets surchauffés, puis à une halte dans un délicat
pavillon de chasse situé entre deux pentes couvertes d’oliveraies où chantait
le vent chaud de la Sabine.
    Un repas préparé par des esclaves nous y
attendait. Il y avait en abondance des vins de Naples et de Toscane, des fruits
de Sorrente et, pour notre repos (ce fut loin d’en être un), une couche toute
prête à recevoir des ébats qui, par leur intensité, dépassèrent ceux de la nuit
passée.
    Avant de nous séparer, nous échangeâmes des
cadeaux. Je lui offris ma bague ornée d’un saphir ; elle, un médaillon
d’or contenant une mèche de ses cheveux blonds. C’est avec la sensation d’avoir
passé trois jours en paradis que je repris, le cœur bourrelé de regrets, le chemin
de Rome.
    Je m’arrachai avec
peine à cette terre bénie des dieux.
    Adrien m’avait comblé de ses effusions et de
présents en pièces émaillées et en reliques.
    Après avoir quitté Latran, je traversai la
Toscane et l’Ombrie, n’arrêtant la marche de mon armée que pour faire
désaltérer nos chevaux à de maigres ruisseaux serpentant entre les vignes. Je
baignais avec un intense bonheur dans ces campagnes italiennes où je
m’attendais à voir surgir, durant mes siestes sous les oliviers, des bergers du
temps de Virgile m’offrant le lait de leurs brebis. Je ne me lassais pas du
spectacle de ces collines hérissées de cyprès, fleuries d’amandiers
bourdonnants d’abeilles, qui se perdaient dans le bleu de l’horizon.
    Je passai une journée à Sienne et fis camper
mon armée sur une immense place où les notables nous abreuvèrent d’un vin clair
et léger et où nous fûmes assaillis par une horde de prostituées.
    Il me fallut deux
bonnes semaines pour arriver à Worms.
    Une nouvelle accablante m’y attendait. Rompant
avec son serment de vassalité, le prince Arichis, gendre du roi lombard Didier,
avait élaboré avec l’impératrice régente de Byzance, Irène, une

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