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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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alliance
insolite : elle lui confiait les duchés de Bénévent et de Naples, en
échange de quoi Arichis devrait faire adopter à ses sujets le costume, la
coiffure et les coutumes byzantins !
    Le fils de Didier, Adalgise, marié à une de
mes sœurs, se comportait, quant à lui, depuis des lustres comme un Byzantin,
vivait à la cour d’Irène sous le nom grec de Théodore, jouissait des revenus de
la Sicile et de la Calabre concédés par l’impératrice.
    J’appris que Grimoald avait reçu d’Irène le
commandement d’une force armée et l’ordre de la conduire vers le nord de la
Péninsule, d’investir les possessions du roi Pépin et de soulever sur son
passage les populations pour reconstituer, sur les ruines de mes illusions, le
royaume de Didier.
    Cette nouvelle
inquiétante risquait de m’entraîner dans une nouvelle guerre, mais le Ciel me
l’épargna. Au cours de cet été torride, Dieu, ou le diable, rappela à lui, en
peu de temps, Arichis et son fils aîné, Romuald, dans des circonstances que
j’ignore. Peu soucieux d’affronter une armée supérieure à la sienne et qui eût
été dispersée au premier engagement, le jeune Grimoald se soumit à moi.
    J’assistai, le cœur insensible, à son repentir
accompagné de larmes – on pleurait beaucoup chez ces gens. Pour me prévenir
d’un retour de flamme de sa part, je le gardai comme otage, persuadé qu’il
pourrait m’être utile au cas où interviendraient, entre moi et l’Empire
d’Orient, de nouvelles négociations ou une guerre.
    Je décidai d’envoyer une ambassade d’éminents
religieux auprès de la famille décimée. Mes émissaires étaient sur le point de
monter sur leur mule quand le bruit me parvint qu’ils risquaient d’être
attaqués en cours de route. Ce n’était pas une simple rumeur : Adalgise
avait repris les armes et, avec le soutien des Byzantins, menaçait de prendre
sa revanche.
    J’avais eu le nez creux en gardant Grimoald en
otage. Pour conjurer la tempête, je décidai, contre l’avis d’Adrien, de le
libérer sous une condition : il régnerait sur le duché de Bénévent, mais à
titre de vassal du roi Pépin, se raserait le menton à la manière des Francs,
adopterait leur costume et leurs coutumes et ferait inscrire mon nom suivi de
mes titres sur ses écrits et ses monnaies.
    C’était de ma part, j’en conviens, une
décision audacieuse et qui pouvait se révéler lourde de conséquences, mais, je
ne sais trop pourquoi, ce jeune prince m’inspirait confiance. Il me remercia
avec effusion de cette mesure favorable à ses ambitions, me fit des promesses
et me prêta serment solennel de fidélité. Avais-je misé sur un bon
cheval ? Rien n’était moins sûr, mais je me fiais à mes intuitions.
    J’avais joué un bon tour à Irène. Elle
n’allait pas tarder à me le faire payer.
    Dans le courant de
l’automne, alors que je me trouvais à Worms, encore en proie à mes nostalgies
italiennes, l’impératrice fit parvenir au patrice de Sicile une armée conduite
par Adalgise. Dans la crainte d’un nouveau conflit, j’envoyai à Bénévent, auprès
de Grimoald, des missi accompagnés d’une escorte d’une centaine de
cavaliers pour le conseiller dans le conflit armé qui menaçait.
    L’armée de Byzance débarqua en Calabre, sous
le commandement du logothète Jean, un des grands personnages de l’Empire. Dans
la bataille qui s’engagea sur les âpres collines dominant le mer, elle perdit
plus de quatre mille hommes et le reste se hâta de reprendre la mer,
abandonnant dans sa déroute un énorme butin. Excellents marins, les Byzantins
sont, à terre, de piètres combattants. Désarçonné et capturé alors qu’il
remontait à cheval pour gagner la rade, Jean eut la tête tranchée.
    J’avais, une
nouvelle fois, nourri des illusions sur la sincérité de Grimoald.
    Cet adolescent fragile et malléable m’avait,
durant sa captivité d’otage, séduit par ses goûts artistiques délicats et
l’intérêt qu’il me témoignait au cours de nos entretiens. En fait, il avait
hérité de sa race la haine des Francs et une ambition datant du roi Didier de
régner sur toute la Péninsule.
    Jaloux des pouvoirs de mon fils Pépin,
adolescent comme lui, il avait fait de leurs relations un jeu implacable. Il
avait promis de respecter les consignes que je lui avais données en le
remettant en liberté, et semblait vouloir les honorer : mon nom et mes
titres étaient apparus sur ses monnaies

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