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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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les officiers avaient décidé de renoncer à poursuivre ce
siège, les notables tortosiens ayant pourvu leur ville de subsistances en vue
de tenir des mois, à en croire des prisonniers.
    Cette fois, ce n’est
pas contre mon fils que je tournai mes foudres mais contre Ingobert.
    Faudrait-il que j’enfourche de nouveau mon
destrier et que je me rende en Espagne, en dépit de mon âge et de ma
santé ? J’étais sur le point d’adopter cette résolution quand j’eus la
surprise de voir arriver des représentants du nouvel émir de Cordoue, el-Hakem.
Mon premier réflexe avait été de les faire enfermer dans ma prison avant de
leur raccourcir le cou. Je maîtrisai mes humeurs et me contentai de les
écouter. Ils me proposaient des négociations, non en vue de la paix mais d’une
trêve. J’acceptai le dialogue. Ils me remirent un des prisonniers faits devant
Tortose, le comte Henri. Aucun présent n’accompagnant cette démarche, je les
laissai repartir les mains vides.
    Cette trêve me laissait sceptique. Ni les
émissaires de l’émir, en dépit de leurs salamalecs, ni moi par mes grincements
de dents n’avions envie de laisser cette affaire en suspens. Une idée m’obsédait : il me fallait Tortose.
    Au printemps de
l’année suivante, j’adressai une lettre à Louis pour lui demander de rassembler
une nouvelle armée sans lésiner sur les moyens, à commencer par les machines de
siège, dont les précédentes campagnes, par excès de confiance ou par
négligence, avaient été fâcheusement dépourvues.
    Il fit construire à la hâte, dans les
chantiers de Toulouse, catapultes, béliers, balistes, et façonner des centaines
de boulets de pierre. Il entraîna ses hommes de pied à une approche des
remparts avec leurs boucliers rassemblés sur leur tête en carapace de tortue à
la manière des légions romaines, pour les protéger des projectiles.
    Il semble que le Ciel nous eût cette fois
accordé ses faveurs.
    Après un mois de siège et nombre d’assauts
infructueux, malgré une atroce canicule et une épidémie de fièvre des marais
qui avait décimé notre armée, Tortose fit sa reddition. La pluie n’étant pas
tombée depuis des mois, les citernes étaient vides et les berges du fleuve trop
bien gardées pour que la population puisse s’approvisionner en eau.
    Pour l’exemple, Louis fit tomber quelques
têtes de notables, entassa un énorme butin dans ses chariots, à la place des
machines de siège, et laissa une importante garnison dans la ville. Quelques
semaines plus tard, je recevais une part du butin, des bannières ornées d’un
croissant de lune, une centaine de prisonniers et les clés de la cité.
    Fier d’une victoire
due aux éléments plus qu’à sa valeur militaire, Louis m’informa de son
intention de ne pas s’en tenir à cet exploit et de foncer sur la ville de
Huesca, entre les rivières Cinca et Gallegon, sur les contreforts méridionaux
des Pyrénées. Il espérait pouvoir y trouver un personnage qui, l’année
précédente, avait trahi sa confiance. Je le fis renoncer à cette entreprise qui
relevait d’une vindicte personnelle plus que d’une logique de conquête.
Entraîner l’armée lourdement affectée par le siège de Tortose dans une nouvelle
aventure à travers des montagnes et des déserts calcinés était une dangereuse
aventure. Il finit par en convenir, disant que ce n’était que partie remise.
    Les affaires
d’Espagne ne devaient pas laisser Louis en repos.
    L’été suivant, les Basques, peuple
farouchement indocile, reprirent les chemins de l’indépendance, l’obligeant à
remonter en selle. Ces peuplades barbares n’ayant pas d’armée digne de ce nom,
il n’y eut pas de vraie bataille au cours de cette campagne, mais une suite
d’embuscades et d’escarmouches qui me rappelaient le drame de Roncevaux. Cette
guerre étant sans issue pour Louis comme pour les Basques, ces derniers firent
amende honorable et se soumirent au cours d’une assemblée qui se tint dans la
ville de Dax.
    Ces diverses
opérations avaient consolidé notre situation en Espagne, au prix de lourdes
pertes en hommes et en chevaux, souvent pour des résultats décevants.
    Au terme de ces campagnes qui en laissaient
présager d’autres, comment se présentait le bilan ? Nous avions soumis
Tortose et pris possession de sa bande de terre littorale, occupé la haute
vallée de l’Èbre et soumis la Navarre où les Maures avaient pris pied. Nous
pouvions opposer aux

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