Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
Vom Netzwerk:
maître de Barcelone, a entrepris une grande opération militaire afin de
prendre le contrôle de la bande littorale incluant la cité de Tortose, dans le
delta de l’Èbre, l’un des grands fleuves de la Péninsule.
    Ce projet s’est ouvert sous des auspices
favorables. L’armée franque a tout balayé sur son passage et enlevé Tarragone,
sans négliger de piller villages et châteaux.
    Après quelques semaines de cette chevauchée
sauvage, l’armée a dressé son camp sous les murs de Tortose pour en faire le
siège, comme jadis devant Barcelone. Tenter de prendre d’assaut ces puissantes
murailles étant une dangereuse illusion, un siège s’imposait.
    Une nuit, sans daigner en informer Louis,
quelques centaines de soldats avaient remonté en barque un bras de l’Èbre pour
tenter un coup de main sur un point faible de l’enceinte. Prématurée, préparée
en dépit du bon sens, cette initiative allait au désastre.
    À peine le détachement eut-il débarqué, les
taillis s’étaient animés de mouvements inquiétants, d’éclats métalliques puis
de voix hurlant le nom d’Allah. Des centaines de Maures attendaient, l’arme au
poing. Cernés de toutes parts, quelques assaillants étaient parvenus à remonter
dans les barques, d’autres avaient combattu jusqu’à la mort et d’autres enfin
s’étaient noyés en voulant traverser le fleuve.
    Durant des jours, des têtes de soldats francs
étaient restées exposées sur les créneaux de Tortose.
    Ce désastre me rappelait celui de Roncevaux et
me fut presque aussi sensible. Il préludait au renoncement à un siège, pour ne
pas dire à une débâcle. Louis avait été impuissant à retenir ses troupes sur le
chemin du retour.
    Je tançai vertement
mon fils. Il se justifia de cette défaite en m’expliquant que cette attaque
nocturne manquée s’était faite à son insu, et qu’il avait été victime de
l’indiscipline de certains de ses officiers qui espéraient tirer gloire et
fortune de cet exploit pitoyable. La véritable raison était que, Guillaume
absent, Louis n’avait plus la maîtrise de son armée.
    Je reçus de lui une lettre affligeante.
« Père, m’écrivait-il, je ne vais pas rester sur cet échec. Je ne me
sentirai digne de poursuivre votre œuvre que lorsque j’aurai pris cette maudite
Tortose. Je vais organiser une nouvelle campagne. Elle sera victorieuse et nous
permettra de faire un grand pas dans la victoire définitive contre les
Maures… »
    Pauvre Louis, tête creuse hantée de chimères…
Alors qu’il m’écrivait cette lettre, une flotte mauresque partie des côtes
orientales de l’Espagne avait pris pied en Corse, l’avait envahie et ramené à
Cordoue non du butin, car il y avait peu à glaner dans cette île misérable,
mais des centaines d’habitants destinés à l’esclavage.
    J’accordais si peu
de confiance aux compétences militaires de mon fils, qu’informé de son projet,
je lui conseillai de ne pas y prendre part et de rester dans sa capitale,
Toulouse. Je lui proposai pour le remplacer un de mes vassaux, Ingobert, qui
s’était distingué sur d’autres champs de bataille, en Frise notamment, sans que
l’on pût le comparer à Guillaume au Court-Nez.
    Je convoquai Ingobert et lui conseillai de
mener l’affaire rondement mais avec précaution. Assisté du comte Béra,
gouverneur depuis peu de la cité, il rassembla son armée dans la campagne
autour de Toulouse. Comme il n’y avait plus de butin à attendre sur le chemin
de Tortose, l’armée franque mit seulement trois semaines avant d’arriver à pied
d’œuvre.
    Elle allait trouver les Maures massés devant
la grande porte, précédés d’un fort contingent de cavaliers. Ils n’attendirent
pas que l’armée franque eût dressé son camp pour fondre sur elle.
    Harassés par une longue marche sous un soleil
ardent, nos premiers rangs plièrent sous la tornade, mais reprirent vite
l’offensive. Nos hommes de pied avaient fait du bon travail, éventrant les
chevaux, leur tranchant les jarrets, égorgeant les cavaliers étourdis par leur
chute, si bien que la fortune changea de camp. Après moins d’une heure d’un
combat féroce, les Maures retournèrent dans la ville et en firent fermer la
grande porte.
    Tortose allait-elle capituler ? Ingobert,
son camp installé, espéra la prompte venue des émissaires. Ils ne se montrèrent
pas, signe que la ville s’attendait à être assiégée. Après plus d’un mois
d’attente vaine,

Weitere Kostenlose Bücher