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La cote 512

La cote 512

Titel: La cote 512 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thierry Bourcy
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elle était très amoureuse de lui. Et puis, pour aller au fond des choses, Claire de Brézins, c’est son nom de jeune fille, était un excellent parti : ici, tout lui appartient, la Teisserie, les fermes et surtout la briqueterie que son père avait créée. Cela m’a brisé le cœur de voir ma petite Claire tomber dans le panneau.
    — Vous voulez dire que Paul de Mérange n’était qu’un coureur de dot ?
    — Ce n’est jamais si simple. Elle lui plaisait, Claire est très jolie, et Paul aime les jolies femmes. Mais il n’avait pas de cœur. Il n’a pas fallu six mois pour qu’il prenne une maîtresse.
    — Vous étiez au courant ?
    — Qui ne l’était pas ? Paul ne pensait qu’à lui, qu’à son plaisir. Comme tant d’hommes.
    Hortense s’était curieusement exaltée, sa voix s’était haut perchée.
    — Claire se remettra de la mort de son mari, et sa vie recommencera, elle le mérite.
    Sur cette phrase prémonitoire, Hortense quitta la table et disparut au salon. Bientôt se mit à résonner un air de piano, plus enlevé que celui de la matinée, une valse. Célestin se leva à son tour et, quelque peu désœuvré, décida d’aller faire une sieste. Il avait désormais une vue assez précise de l’ensemble de l’affaire et savait que l’assassin était loin, là-bas, sur le front, en liberté et, si les obus allemands l’avaient épargné, en vie. C’était un homme dangereux qu’il allait pourtant devoir affronter pour apporter à Claire la preuve qui lui manquait, et préserver la jeune femme de dangers ultérieurs. Le jeune policier montait vers sa chambre quand, sur le palier du premier étage, il croisa Claire. Elle l’arrêta.
    — J’ai été injuste avec vous, monsieur, et je devrais plutôt vous remercier de ce que vous faites. Pourtant, je n’en ai pas envie. Je vous demande néanmoins, lorsque vous aurez découvert toute la vérité, de revenir m’en informer. Ne m’écrivez pas : venez.
    Célestin resta un instant face à cette femme qui masquait avec dignité son désarroi, il contempla ses yeux pâles de chagrin, sa silhouette mince, il pouvait sentir la tension qui la faisait trembler légèrement. Un instant, il eut envie de la prendre dans ses bras, pour la consoler, pour lui donner du courage. Il esquissa un sourire.
    — Je vous le promets.
    Au dîner, ni Jean, ni Claire ne se montrèrent. Hortense, silencieuse et préoccupée, mangea du bout des lèvres et se retira. Célestin se retrouva seul dans la grande salle à manger, face à un grand tableau de maître, un paysage bucolique où deux pèlerins se désaltéraient au bord d’une petite rivière qui serpentait au milieu de grasses prairies tandis qu’au loin fumaient les cheminées de petites fermes ravissantes. Il passa ensuite au salon et s’absorba dans la contemplation du feu, s’attachant à savourer ses derniers moments de paix. Bernadette, comme pour lui rappeler que la guerre l’attendait, vint lui apporter son uniforme soigneusement nettoyé. Il se leva, le mit sur son bras et rejoignit sa chambre. En arrivant au premier étage, les accents étouffés d’une conversation lui parvinrent. La porte d’une chambre était restée entrouverte. Il s’approcha, conscient de son indiscrétion, mais incapable de résister à la tentation de surprendre une bribe de secret. Par l’entrebâillement, il aperçut Claire de Mérange étendue sur une méridienne, sa tête reposant sur les genoux d’Hortense qui la dévorait des yeux.
    — Tu peux faire ce que tu veux, Claire, murmurait Hortense, tout t’appartient de nouveau, maintenant.
    — Sans doute, mon amie, mais je me sens si lasse… si lasse…
    — Je vais rester près de toi, je ne te laisserai pas. Tu ne peux pas demeurer seule après ce que tu viens d’apprendre.
    Et disant ceci, Hortense caressait les cheveux dénoués de Claire qui ferma les yeux et s’abandonna aux mains de son amie. Hortense, doucement, se mit à déboutonner la robe. Célestin, troublé, s’arracha à la fascination qu’il éprouvait pour ces deux femmes alanguies et se retira sans un bruit.

Chapitre 11
L’ASSASSIN
    Il faisait encore nuit lorsque Joseph démarra la grosse automobile pour reconduire Célestin à la gare du Mans. Un froid vif et humide annonçait les premières neiges. Célestin, emmitouflé dans sa capote et frissonnant de sommeil, descendit les marches du perron. À l’exception de Bernadette, qui lui avait servi un bon café

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