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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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se mit à inspecter les maisons, en faisant le geste de les éclairer.
    Manfred, à la voix de l’homme, s’était arrêté court.
    Il se retourna et reconnut le grand prévôt.
    Que faisait-il là avec sa lanterne ?
    Pourquoi ces gamins le suivaient-ils curieusement ?
    Manfred, stupéfait, se posa un instant ces questions, puis, remettant à plus tard l’éclaircissement de ce mystère, reprit sa course furieuse vers le gibet de la Croix du Trahoir.
    Il y arriva pantelant, à demi suffoqué, en agitant son papier et en criant :
    – Grâce ! Il y a grâce pour le condamné !
    Le bourreau avait saisi le papier que lui tendait Manfred.
    – Il y a grâce en bonne et due forme ! dit-il à haute voix.
    Cette exclamation eût suffi pour lever les doutes du chef des gardes si ce sergent eût eu des doutes.
    Il examina en connaisseur les deux parchemins appuyés par l’ordre signé du grand prévôt.
    – C’est bien, dit-il enfin. Qu’on délie le condamné. Il est libre !
    – Noël ! Noël ! hurla la foule.
    – Explique-moi… dit Lanthenay.
    – Viens ! viens ! murmura Manfred… Tout à l’heure, tu sauras…
    Et il entraîna son ami, tandis que les gardes reprenaient le chemin de la prévôté, et le bourreau celui de la ruelle aux chats.
    Loyola, en voyant partir Manfred, avait refoulé une imprécation qui lui montait aux lèvres.
    Les bras croisés sous son manteau, les poings serrés, le sourcil froncé, Loyola échafaudait déjà le plan d’une terrible vengeance.
    Trois longues heures s’écoulèrent ainsi.
    Ni Cocardère, ni Fanfare n’étaient sortis du caveau. Ils ne perdaient pas le moine de vue.
    Un instant, Loyola avait calculé s’il pourrait venir à bout de ces deux hommes. Selon son habitude, toutes les fois qu’il sortait, il était couvert d’une cotte de mailles et portait sous sa robe un poignard.
    Mais ses deux gardiens improvisés tenaient chacun à la main une forte dague et avaient l’air très déterminés.
    De plus, Cocardère lui avait dit :
    – Je vous préviens, mon révérend, que j’ai ordre de vous tuer proprement au premier geste suspect que vous feriez. Ainsi, tenez-vous en paix si vous désirez vous conserver au service de Dieu et au bonheur des hommes.
    Cocardère avait appuyé ce remarquable discours d’un geste de sa dague qui n’avait pu laisser aucun doute au moine sur l’issue d’un combat.
    Il avait donc pris le parti de se tenir immobile et silencieux, supposant que Manfred ne tarderait pas à revenir.
    L’attente, comme nous l’avons dit, dura trois heures.
    Au bout de ce temps, le moine entendit des pas qui descendaient l’escalier.
    Bientôt Manfred et Lanthenay apparurent.
    Manfred était radieux, et Loyola augura bien de cette joie manifeste du jeune homme. Mais Lanthenay était sombre, – plus sombre peut-être qu’au moment où il allait au gibet.
    Cocardère et Fanfare avaient chaleureusement pressé la main de celui qu’ils avaient si heureusement contribué à sauver.
    – Messieurs, dit Loyola en prenant les devants, j’espère que je suis libre maintenant ?
    – Nous allons voir ! dit Manfred.
    – Oseriez-vous fausser la parole que vous m’avez donnée ? Contre la vie de Lanthenay, vous m’avez juré de respecter la mienne…
    Manfred regarda Lanthenay.
    – Monsieur, dit alors celui-ci, d’une voix qu’il s’efforçait de rendre calme, c’est au serment de mon ami… mon frère… que vous devez de vivre. Si Manfred n’avait pas juré de respecter votre vie, comme vous dites, je vous tuerais à l’instant…
    – Prenez garde que je porte une robe sacrée ! interrompit Loyola qu’épouvanta un geste de Lanthenay.
    – Je vous tuerais, reprit celui-ci, comme un chien enragé, sans le moindre scrupule, et je croirais rendre ainsi un immense service à l’humanité.
    Lanthenay était terrible en ce moment.
    – Ne craignez rien, railla Manfred. : nous autres, truands, nous avons assez l’habitude de respecter la parole donnée. Vous avez vie sauve, puisque Lanthenay est vivant.
    Lanthenay s’arrêta alors et essuya d’une main la sueur qui coulait sur son front.
    – Oui, dit-il, vous avez vie sauve… Quant à votre liberté… nous allons en causer.
    Loyola, sûr de ne pas être tué, eut un sourire diabolique.
    – Vous êtes bien jeunes tous les deux, dit-il, et j’excuse le faux jugement que vous portez sur un homme qui devrait vous être respectable à plus d’un titre. Mais il ne me

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