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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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grève.
    Corbett repensa au sénéchal aviné.
    — Le sénéchal a-t-il lui aussi essayé de convaincre le roi de renoncer à son projet ?
    — Bien sûr ! Mais il n’a rien voulu entendre.
    — Le roi a-t-il vérifié la selle et les sangles ?
    — Non, il s’en est allé tout de suite, en compagnie de Seton. Mon cheval était rétif, je n’arrivais pas à le maîtriser. Pourquoi ? demanda-t-il plein d’espoir. Pensez-vous que Tamesin avait été mal harnachée ?
    — Peut-être, mentit Corbett qui savait que l’accident aurait eu lieu bien plus tôt si cela avait été le cas. Et Seton ? Qu’a-t-il fait ?
    — Il est arrivé à Kinghorn, répondit Erceldoun d’une voix lasse, puis il est revenu ici plus tard, le lendemain soir, après que l’on a rendu publique la mort du roi. Il s’est retiré dans sa chambre ; plus on lui posait de questions et plus il paraissait privé de sens commun. Il parlait d’ombres sur Kinghorn Ness.
    — Était-il tout dévoué au roi ?
    Le regard d’Erceldoun se durcit et l’écuyer répondit presque brutalement :
    — Bien sûr. Comme moi. Mais les autres affirment le contraire, ajouta-t-il d’une voix amère. Ils disent que nous avons abandonné le roi parce que nous avons eu peur. Ils oublient que nous avons affronté le Firth of Forth.
    — De quoi est mort Seton ?
    — Je ne sais pas. Le coeur brisé, peut-être. Il se nourrissait à peine et refusait de parler. On l’a trouvé mort dans sa chambre et son enterrement a été vite expédié.
    — N’y avait-il aucune marque de violence sur son corps ? demanda précautionneusement Corbett.
    Erceldoun plissa les yeux.
    — J’ai pensé aussi à cela, mais non, j’ai examiné son cadavre.
    — Alors, peut-être a-t-il été empoisonné ?
    — Non, déclara catégoriquement le jeune homme. Il mangeait très peu et c’est moi qui lui apportais sa nourriture. Des gens lui faisaient parvenir ou lui apportaient de petits cadeaux.
    — Qui, par exemple ? demanda le clerc.
    — Les membres du Conseil du roi. Surtout après que l’évêque Wishart est allé le voir et a affirmé qu’il n’était en rien coupable de la mort du roi.
    — Ce qui veut dire qu’on avait des soupçons ? lança Corbett.
    Erceldoun déglutit nerveusement et jeta un coup d’oeil à la ronde.
    — Le roi Alexandre, chuchota-t-il d’une voix crispée, avait de forts appétits amoureux. Seton était son valet. Le bruit courait que, que...
    — Que le roi se servait de lui ? acheva Corbett.
    Erceldoun acquiesça de la tête et poursuivit :
    — Le veuvage du roi avait duré dix ans. Seton était jaloux et blessé devant la passion du roi pour la reine Yolande. Mais il n’aurait jamais fait de mal à notre souverain. De toute façon, acheva-t-il d’un ton maussade, il a été établi qu’il était bien arrivé à Kinghorn à l’heure prévue.
    — Ainsi donc, bien que le roi ait eu une meilleure monture, c’est Seton qui chevauchait en tête ? s’étonna Corbett.
    — Bien sûr. Seton connaissait mieux le chemin. Je suppose qu’en pleine nuit le roi a eu quelques difficultés à s’orienter et s’est même égaré à un moment donné. Seton a dû continuer en croyant que le roi le suivait d’assez près. C’est ainsi que nous avions l’habitude de faire : Seton avait pour tâche de s’assurer qu’il n’y avait aucun obstacle devant.
    Erceldoun s’arrêta un instant.
    — La mienne était de fermer la marche.
    — De tels accidents arrivent tout le temps, remarqua Corbett pour le consoler. Mais dites-moi, qui, à part l’évêque Wishart, est venu voir Seton ?
    — Tout le monde, murmura l’écuyer. Lord Bruce, les membres de la Cour, l’envoyé français et bien sûr Messire Benstede qui lui a offert des gants de velours et fait porter une boîte d’amandes et de raisins secs.
    — Seton y a-t-il goûté ?
    — Un peu, comme à son habitude, et moi j’ai mangé le reste.
    — Pourquoi ces cadeaux ?
    — Oh ! répondit Erceldoun d’un ton amer, Seton était très courtisé avant la mort du roi. Celui qui désirait voir notre souverain devait souvent passer par lui. Benstede ne fut pas le seul à lui envoyer des cadeaux.
    Erceldoun regarda les serviteurs affairés à débarrasser les tables des reliefs — à présent froids et figés — du banquet de la veille. Le chambellan et les officiers de la Maison du roi lançaient des ordres. Des chiens se glissaient dans la pièce en

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