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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qu’un stratagème, une ruse pour dissimuler son véritable dessein. Le ridicule de la situation le fit sourire et puis éclater de rire, la tête renversée en arrière. De Craon se pencha, le visage rouge de colère, et Corbett se recula, pensant que le Français allait le frapper.
    — Vous nous trouvez donc si amusants que cela ? Je l’ignorais !
    Corbett reprit son calme et répliqua brutalement :
    — Non ! Pas plus que je ne trouve divertissant ou acceptable l’incident d’hier soir !
    Le Français se contenta de hausser les épaules et de détourner le regard.
    — De plus, ajouta Corbett, vous avez répondu à vos propres questions, semble-t-il ! Êtes-vous ici, monsieur* de Craon, pour lier des alliances secrètes et profiter ainsi d’un royaume sans roi ?
    — Que voulez-vous dire ? jeta de Craon.
    — Je veux dire, reprit Corbett avec force, que pendant deux décennies Alexandre III a gouverné ce pays avec peu ou pas d’aide de la part des Français. Il est mort à présent sans laisser d’héritier puissant. Ne peut-on pas imaginer que les Français veuillent imposer à nouveau leur influence ?
    — Et qu’en est-il de votre maître ? cria presque de Craon. Vous savez bien que Lord Bruce est un de ses amis ?
    — Que voulez-vous dire ? s’enquit Corbett d’un air innocent.
    — Je veux dire que Lord Bruce est allé à la Croisade, tout comme Edouard, et qu’il a donné à Edouard toute assistance dans sa guerre civile contre le défunt Simon de Montfort {6} . Il a combattu à Lewes et a livré d’autres batailles pour le compte d’Edouard. Lord Bruce peut prétendre au trône d’Ecosse. Pourquoi Edouard s’opposerait-il à ce que son vieil ami et compagnon d’armes s’empare de la couronne écossaise ?
    Corbett se leva brusquement de son tabouret, l’envoyant rouler bruyamment derrière lui. Il sentit la nervosité des compagnons de De Craon, sur le qui-vive, prêts à agir.
    — Pourquoi pas ? jeta-t-il sarcastiquement. Pourquoi ne posez-vous pas toutes ces questions à Benstede ? Je suis sûr qu’il vous donnerait des réponses satisfaisantes.
    Sur ce, il pivota sur ses talons, sortit à grandes enjambées et remonta la ruelle. L’esprit tendu, l’oreille aux aguets, il se demandait si les Français allaient le poursuivre et lorsqu’il parvint, sans dommage, au bout du chemin, il poussa un soupir de soulagement. Puis il reprit sa route vers l’abbaye de Holy Rood.
    Il sortit enfin de la ville et arriva dans la campagne boisée aux abords de l’abbaye. La pluie tombait plus dru. Il resserra sa cape autour de lui et se faufila entre les arbres. Il était encore sur ses gardes, redoutant d’être poursuivi par de Craon ou ses hommes. Les arbres étaient sombres et immobiles. Il ne percevait que le bruissement des branches et le plic-ploc étouffé des gouttes sur les feuilles. Puis il y eut un bruit. Il crut d’abord que c’était une brindille qui se brisait, mais quelque chose réveilla un écho dans sa mémoire. Il avait entendu ce son particulier plus d’une fois au cours de la guerre au pays de Galles et, sans réfléchir, il se jeta à plat ventre. Il entendit à nouveau le claquement, suivi par le sifflement d’un carreau d’arbalète qui passa au-dessus de sa tête et se ficha dans l’arbre voisin avec un bruit sourd. Corbett ne perdit pas de temps. Il savait que l’arbalétrier aurait à recharger et à bander son arme. Il prit son élan et s’enfuit à toutes jambes ; il sortit de la forêt et, presque à bout de souffle, remonta en trébuchant l’allée pavée et boueuse qui menait à l’entrée principale de l’abbaye. Il commit l’erreur de se retourner, glissa et tomba sur un genou. Sanglotant de terreur, il se releva et se traîna jusqu’au portail, pouce après pouce, avant d’y tambouriner de toutes ses forces. La porte s’ouvrit. Il entra en titubant et s’effondra presque dans les bras d’un frère lai stupéfait. Il reprit vite ses esprits, inventa rapidement une explication et se hâta vers les appartements du prieur. Celui-ci étant absent, Corbett se rendit directement à sa chambre. Là, il se jeta sur sa couche et tomba dans un profond sommeil sans rêves.
    CHAPITRE VIII Pour la seconde fois ce jour-là, Corbett fut réveillé brusquement par une voix qui l’appelait avec insistance. Il ouvrit les yeux et sursauta en reconnaissant le visage pâle et anxieux, les yeux verts écarquillés et les cheveux

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