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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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s’asseoir.
    — Messire Mac Airth, dit-il en remplissant deux gobelets de vin, je vous remercie de me consacrer un peu de temps. J’ai cru comprendre que c’était vous qui aviez fait la toilette mortuaire du roi. Je m’étonnais que...
    — Ne vous étonnez pas, Corbett ! s’écria Mac Airth d’une voix de fausset en s’emparant du gobelet offert et en le vidant bruyamment. Ne vous étonnez pas ! Notre suzerain fut retrouvé par une patrouille de sergents à cheval envoyée par le bon évêque Wishart. Le roi s’était écrasé sur les rochers en contrebas de Kinghorn Ness ; sa monture, sa jument préférée, Tamesin, gisait auprès de lui. Cheval et cavalier s’étaient rompu le cou. On a ramené au château le cadavre du roi ainsi que la selle et la bride.
    — Avait-il d’autres blessures ? s’enquit Corbett.
    — Bien sûr, répliqua Mac Airth, soufflant au nez de Corbett des vapeurs fétides de vin. Le roi avait les jambes brisées et était couvert de plaies de la tête aux pieds. Il faut que vous compreniez que non seulement le roi est tombé d’une grande hauteur, mais qu’en plus la mer a fracassé son corps contre les rochers.
    Il baissa la voix.
    — Son visage n’était plus qu’un amas de chair mutilée ; il était presque méconnaissable.
    — Vous êtes sûr que c’était votre souverain ?
    Mac Airth regarda fixement Corbett, une expression étrange sur son visage aviné.
    — Oh oui ! C’était bien le roi.
    Il éclata de rire, en un hennissement aigu.
    — Remarquez, Alexandre aurait adoré cela. Il aimait beaucoup les déguisements et les mascarades.
    Mac Airth soupira.
    — Mais ce petit jeu-là est fini. Non, Corbett, le roi a fait une chute mortelle du haut de la falaise. On a séparé la chair des os après avoir ébouillanté le corps ; on l’a pétri d’aromates et mis dans un cercueil plombé et scellé que l’on a emporté à l’abbaye de Jedburgh pour que le roi repose auprès de ses ancêtres.
    — Quand les funérailles se sont-elles déroulées ? interrogea Corbett d’une voix coupante.
    Mac Airth loucha sur la table maculée de taches de vin et murmura entre ses dents :
    — Notre souverain est mort le 18 mars et l’enterrement a eu lieu onze jours plus tard, le 29 mars.
    — N’était-ce pas un peu trop hâtif ? objecta Corbett.
    Mac Airth grimaça et traça des gribouillis sur la table avec le vin renversé.
    — Non, répliqua-t-il. Le roi n’était pas beau à voir. L’eau avait fait gonfler les chairs ; même avec les aromates, il fut difficile de le garder dans un état présentable.
    — La reine est-elle venue voir le corps ?
    — Non.
    La réponse fut sèche.
    — Elle n’a jamais quitté Kinghorn. Pourquoi, continua Mac Airth, essayant de concentrer le regard de ses yeux chassieux, pourquoi posez-vous toutes ces questions ?
    — Par simple curiosité, répondit le clerc d’une voix apaisante. Mais vous pourrez sans doute me dire — car je vois que vous êtes homme de ressources — ce qu’il est advenu des deux écuyers, des deux serviteurs de la Chambre du roi qui accompagnaient le souverain.
    — Étrange que vous mentionniez cela, chuchota Mac Airth. Patrick Seton, qui avait chevauché trop en avant du roi, arriva bien à Kinghorn. Il revint au château après que l’on eut retrouvé notre souverain mort, et refusa de quitter sa chambre.
    Mac Airth poussa un profond soupir.
    — Tout le monde lui a rendu visite et posé des tas de questions, y compris Messire Benstede, l’envoyé français, Lord Bruce, Comyn, Wishart, mais on aurait dit qu’il avait perdu le sens. Même moi n’ai rien pu faire. Quand je suis allé le voir, il est resté là, assis, à marmonner des choses.
    — Quelles choses ? demanda Corbett.
    — Rien de bien important. Il a seulement parlé d’ombres, d’ombres sur Kinghorn Ness. Cela vous dit quelque chose ?
    — Non, répliqua Corbett. Mais le second écuyer ? Qu’est-il devenu ?
    Mac Airth bâilla et se leva.
    — Il faut que je parte, lança-t-il, vos questions me fatiguent. Le second écuyer, Thomas Erceldoun, est encore ici. On lui a posé de nombreuses questions, à lui aussi, mais ce n’est pas un gars des plus futés, ni un de nos meilleurs cavaliers. Il s’est fait désarçonner et il est resté sur la grève, des témoins le certifient. Je crains qu’il ne soit la risée de la Cour ; il est méprisé par la plupart des gens et plaint par les rares qui prêtent

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