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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’oreille à ses incessantes protestations d’innocence. Je dois vraiment m’en aller. Je vous enverrai Erceldoun demain. Vous restez au château cette nuit ?
    Corbett fit signe que oui.
    — Je dormirai dans la grand-salle. Tous mes remerciements pour votre courtoisie, Messire Mac Airth.
    Le médecin lui dit brutalement adieu. Le clerc s’étira et regarda la pièce déserte qui plongeait dans l’obscurité au fur et à mesure que les torches s’éteignaient en grésillant. Il choisit une place où dormir entre deux serviteurs qui ronflaient et s’étendit, sans remarquer la silhouette qui l’observait, cachée dans l’ombre.
    Le regard de l’observateur silencieux, perçant les ténèbres, s’attarda sur l’endroit où reposait Corbett. L’homme aurait voulu trancher, d’un coup de poignard, la gorge de ce fouineur, mais savait que ce n’était ni l’heure ni l’occasion. Il regrettait amèrement que le couteau lancé pendant la fête n’eût pas atteint sa cible, car il avait senti en Corbett quelqu’un de dangereux, un homme pondéré, qui passait inaperçu, mais qui posait d’incessantes questions et recueillait des tas de renseignements ; il devait avoir appris quelque chose de cet imbécile de Mac Airth. L’homme maudit tout bas le clerc trop curieux qui pouvait faire échouer le grand dessein de son maître. Mais il y aurait d’autres moments, d’autres endroits. L’Écosse était une contrée désolée, aux routes désertes et aux landes solitaires. Un jour, il trouverait Corbett sans protection, vulnérable, et alors il s’occuperait de lui à sa manière... une manière fort subtile.

CHAPITRE VII
    Le lendemain, Corbett fut réveillé en sursaut. Tout engourdi et frissonnant de froid, il vit un jeune homme anxieux aux cheveux blonds coupés court, aux yeux inquiets et au visage grêlé, qui lui lançait d’une voix pressante :
    — Messire Corbett ! Messire Corbett, réveillez-vous !
    Le clerc se mit péniblement debout et parcourut du regard la grand-salle où les autres dormeurs se levaient lentement aussi, certains se tenant douloureusement la tête, d’autres réclamant haut et fort du vin et de la nourriture. Corbett se tourna vers celui qui l’avait réveillé.
    — Dieu du ciel ! fit-il d’un ton cassant. Qui êtes-vous ?
    — Thomas Erceldoun, répondit le jeune homme. Messire Mac Airth m’a dit que vous désiriez me parler.
    Il désigna la table voisine :
    — Je vous ai apporté de la bière et du pain de seigle.
    Corbett remercia d’un signe de tête, se massa la nuque pour en chasser la raideur et s’assit.
    — Vous étiez avec le défunt roi le soir où il est mort ?
    Erceldoun déglutit nerveusement.
    — Oui. J’ai raconté ce qui s’est passé bien des fois déjà.
    Il s’arrêta pour reprendre son souffle, et Corbett, encore à moitié endormi, ressentit de la pitié pour cet écuyer dont la vie et l’énergie étaient à présent entièrement consacrées à justifier sa conduite lors de cette nuit entre toutes les nuits.
    Corbett se frotta les yeux d’un geste las et bâilla. Il croisa alors le regard blessé d’Erceldoun qui bredouilla :
    — Je suis désolé de vous importuner, mais le médecin attaché à la Maison du roi m’a dit que vous désiriez me voir immédiatement. J’avais peur de vous manquer et je...
    — Mais non, l’interrompit gentiment Corbett, vous n’avez pas besoin de vous excuser.
    Il but une gorgée de bière froide coupée d’eau.
    — Racontez-moi plutôt ce qui s’est passé pendant cette terrible nuit.
    Erceldoun se lança alors dans son récit, et dit comment le roi, au banquet, avait décidé de retourner à Kinghorn et leur avait ordonné à Seton et à lui de l’accompagner. Ils avaient bien, tous les deux, essayé de faire entendre raison au roi lorsqu’il s’était retiré dans ses appartements pour se préparer à la chevauchée, mais « il était surexcité », expliqua Erceldoun.
    — Il nous a répété qu’il devait y aller cette nuit-là et nous a traités de poltrons. Alors, nous sommes partis avec lui. Nous avons d’abord rejoint le débarcadère, puis traversé, Dieu sait comment, le Firth of Forth. Le sénéchal nous attendait avec des montures fraîches ; la jument blanche du roi, Tamesin, était déjà sellée et le roi est parti immédiatement avec Seton.
    Comme vous le savez, mon cheval m’a donné du fil à retordre dès que je me suis éloigné de la

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