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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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devoir est de nous geler le cul pour donner de la plaisance à ces malandrins qui nous sonnent du cor cinq ou six fois par jour afin de nous prouver qu’ils existent.
    Sans attendre une réponse, Paindorge s’en alla, entraînant Matthieu et Tiercelet vers cette bastide qu’ils commençaient à prendre en détestation tout comme les vingt hommes qui la partageaient avec eux.
    – Vous l’approuvez, Castelreng ?
    La question, sèche et attendue, ne celait, semblait-il, aucune malignité.
    – Il me paraît qu’il a raison ; or, la raison, Yvain, est de votre côté. Je m’y range à contrecœur mais n’enfreindrai pas vos instructions.
    Tristan tourna les talons. Les hommes s’éparpillèrent. Sacquenville resta seul, battant des pieds, remuant les bras comme de grosses ailes poilues, et ruminant sa déconvenue.
    « J’aurais dû lui proposer de défier Strael ! »
    Tristan se ravisa aussitôt :
    « Non… Il aurait refusé. D’ailleurs, un tel défi est inutile : je suis sûr que Sacquenville a reçu pour mandement de rester devant Rolleboise sans l’assaillir. Il attend moins des injonctions nouvelles que quelqu’un de plus haut que lui à qui reviendra le mérite de vaincre ces malandrins (354) . »
    Deux jours après, quelques hommes d’armes arrivèrent. La plupart étaient des arbalétriers. Manants et jeunes bourgeois natifs de Caen, ils revenaient de Mantes. C’étaient les trente survivants d’une petite armée qui avait assailli un moutier où des Anglais s’étaient repliés. Ils en avaient occis un grand nombre, mais les Goddons étaient revenus. Pour les déloger une seconde fois, il avait fallu grossir les rangs des assaillants.
    – Les seigneurs d’Ivry, de Blaru, messires Carbonnier et Ligier d’Auricy nous ont menés à la victoire ! s’écria un jeune arbalétrier dont cette bataille était certainement la première.
    Tristan, du coin de l’œil, surveillait Sacquenville. En fait de victoire, il n’existait à Rolleboise que celle du froid sur les hommes. Cinq étaient déjà morts, d’autres crachaient leurs poumons. Quiconque posait sa main sur un morceau de fer laissé une nuit sur la glace ou la neige, voyait sa peau y demeurer collée. La plupart des chevaux refusaient de sortir. Les bastides sentaient le crottin, le pissat et le faguenas des hommes.
    Le moustachu aux formes opulentes, à la voix triste et sirupeuse qui commandait les jouvenceaux, put fournir quelques renseignements sur les combats que le guerriers du royaume livraient aux Anglais et Navarrais : Guesclin, son cousin Olivier de Mauny et leur troupes avaient libéré Beaumont-le-Richard, Quesna et le Molay-Bacon. Les bourgeois et les manants de Caen les avaient pourvus en vin, viande et artillerie.
    – Où sont-ils maintenant ? demanda Sacquenville.
    –  Comment pourrait-on savoir, messire, où sont ces gens ?… Ils vont là où ils peuvent grossir leur fortune… On dit qu’Olivier est plus avide encore que Bertrand… Mais vous ?… Pourquoi n’avez-vous point donné l’assaut à cette forteresse ? Sont-ils si nombreux dedans ?
    Tristan sourit au moustachu et se garda de regarder Sacquenville.
    – Nous attendons d’être en force.
    – Ah ! bien, messire… Alors, vous allez l’être. On nous a dit qu’une armée se formait pour venir en Vexin…
    – Sais-tu, l’homme, qui la conduira ? demanda Paindorge.
    Il avait sciemment devancé Sacquenville. Peu l’importait qu’il l’eût rendu furieux. « On se bat ou on part », disait-il fréquemment. Tristan, tout comme lui songeait à quitter Rolleboise. Mais encore fallait qu’il fournît un prétexte ou qu’une occasion se présentât.
    – Oui, je sais qui viendra, dit le moustachu. Nos barons s’en sont entretenus… Monseigneur le duc de Normandie a désigné Raoul de Reneval, monseigneur Mouton de Blainville, l’amiral de France…
    « Ogier d’Argouges a exécré le parent de cet hom me », songea Tristan. Mais qu’allait-il penser à ce baron qui sans doute, le détestait !
    Il y aura aussi monseigneur d’Aubigny et moult autres nobles hommes…
    – Point de Bertrand Guesclin ? demanda Sacquenville.
Non, messire, pas que je sache.
    Sacquenville baissa le front.
    – Nous ne serons pas en suffisance, dit-il. Nous ignorons combien ils sont dans Rolleboise. L’enceinte est vaste et les logis nombreux… Il nous faudrait Guesclin et quelques autres.
    Et soudain tourné vers

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