Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
devant lui. Ils allaient s’assener le premier coup lorsque Thibaut du Pont parut, la face découverte, vermillonnée par la haine et les efforts, l’armure par celle du sang de ses victimes. Le sang, toujours. Le sang qui fortifie les vainqueurs en les aspergeant.
    Lâchant sa hache, le Français étreignit Jean de Grailly, serrant ses bras contre son corps et cherchant à le déraciner pour le renverser. Le captal parvint à saisir son poignard, mais l’arme tomba : un jeune Breton venait de tordre le bras de cet homme qui l’avant-veille, à Vernon, paraissait si sûr de lui.
    –  Rendez-vous ! Je suis Roland Bodin et mon maître est Guesclin !
    Tristan sourit avec une commisération d’où le mépris était exclu :
    – Elles ne roucouleraient pas les dames de Vernon, en vous voyant ainsi.
Maraud, tue-moi ! Rends-moi mon honneur !
    – Vous en avez besoin… Vous resterez vivant si vous acceptez de vous rendre.
    – Vivant ! s’écria Bertrand Guesclin qui arrivait. S’il ne se rend tout de suite, j’ai Dieu pour garant que je lui mettrai mon épée au corps !
    On lâcha le captal. Vergogneux et dolent, il chancelait de lassitude.
    – Ha ! Bertrand Guesclin, dit-il, voyez clairement ce qui arrive souvent à de folles pensées. Je voulais demeurer sur la montagne de Cocherel. Jouel s’est hâté vers vous. J’aurais dû le laisser seul galoper à votre rencontre et rappeler ses piétons… Je me rends, puisqu’il en va ainsi.
    Un homme apparut, jeta son épée aux pieds du Breton et se désheauma :
    – Je suis Pierre de Sacquenville.
    – Je sais.
    – Je me rends.
    – Je vois.
    On se battait toujours. Les hommes des deux partis ignoraient que les principaux chefs anglais et navarrais avaient été pris. Tristan revint au combat. Deux Navarrais l’assaillirent. Paindorge apparut. Ils les occirent. Ce fut alors qu’un cavalier survint, hurlant à tue-tête :
    – Seigneurs, gardez-vous ! Seigneurs, gardez-vous saufs ! Une centaine de lances au moins arrivent à la rescousse 161 .
    Bertrand Guesclin sourit :
    – S’il avait été là, je dirais que c’est Audrehem : il a soin d’arriver après toute bataille… Et ça ne peut-être l’Archiprêtre qui nous a laidement tourné le dos.
    – Sire, dit un Bourguignon dont l’épaulière pendait sur des chairs entaillées, je suis à l’Archiprêtre. Il prétendait en ma présence que vous seriez déconfit ainsi que tous vos gens.
    – Je ne le suis pas et j’en rends grâces à Dieu. Pourquoi n’es-tu pas demeuré avec Cervole ?
    – Il s’est enfui avec son écuyer. Certains de mes compères ont pris part à la bataille…
    – Je vous en sais bon gré… Va falloir qu’on te soigne. Descends vers nos ribaudes. Elles sont bonnes en toute chose.
    Le Breton tapota l’épaule valide du Bourguignon. Il s’éloigna d’un pas incertain vers l’Eure où les femmes en chemise s’occupaient des blessés.
Ce sont des Goddons ! hurla une voix.
    « Matthieu… Il est vivant ! »
    Des Goddons. Il fallait reprendre la bataille. A grands coups de coudes, Guesclin fendit le reste des combattants acharnés à s’entre-détruire et quand il aperçut au loin la cavalerie et ses pennons abhorrés, l’ordre jaillit :
    – Olivier, à cheval !… Mes Bretons, à cheval !
    Suivant leur capitaine, les hommes coururent aux chevaux et enfourchèrent n’importe lequel d’entre eux pour courir au-devant des ennemis. Ceux-ci avaient le choix : fuir ou combattre. Si peu qu’ils eussent atermoyé, ils furent cernés par une meute acharnée à les occire. A cheval, cette fois, un autre combat commença, tout aussi meurtrier que le précédent. Quand il cessa, la bataille de Cocherel était achevée. Alors Guesclin n’exprima pas sa joie mais une colère sourde lorsque ses fidèles commencèrent à lui annoncer lesquels d’entre eux ne reverraient plus la Bretagne. Montant sur son cheval, il étendit son bras dextre : César en ce jeudi succédait au routier.
    – Maudits soient ces Goddons, Gascons et Navarrais ! Si je vis longuement, la France en sera délivrée… As-tu vu. Castelreng ? Lors du dernier assaut de leur escadre, j’ai épargné un écuyer. Il est parti, c’est sûr, à Vernon. Ce soir même on saura que je suis invincible !
    On rit chez les Bretons de cette présomption. Tristan lui, se demandait si la boucherie était vraiment terminée. Il réintégrait difficilement sa peau d’homme, et son

Weitere Kostenlose Bücher