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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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fut près du lit, se saisit de sa chemise et s’en vêtit avec une vivacité de vierge surprise au bain.
    – Reviendras-tu ?
    Tristan s’approchait. De ses deux mains tendues, elle lui interdit d’avancer.
    – Non… Plus un pas… J’avais envie de vous connaître mieux. C’est tout.
    Il n’osa lui demander si elle accueillait ainsi les chevaliers qui venaient confier leur armure à son père et prenaient logis chez lui. Il la laissa ouvrir la porte. Elle s’éloigna sans un mot, sans un bruit – comme un songe de chair aux contours éphémères.
    Tristan revint vers la fenêtre pour se refroidir d’air nocturne. En bas, dans la cour, un homme lentement marchait vers l’écurie.
    –  Holà ! Archiac.
    Le hutin s’arrêta, saisi d’étonnement.
    – Si tu veux reprendre Alcazar, dis-toi : bien que mon écuyer veille et qu’il est aussi habile que moi à l’ épée.
    Archiac en ricanant retourna aux ténèbres. Au fond, la visite de Constance n’avait point été inutile. Doublement.

II
     
     
     
    –  Holà ! Castelreng… Quel beau cheval avez-vous là !
    Le roi Jean souriait avec un air d’envie. Tristan le dissuada de se méprendre sur une générosité dont il se sentait incapable.
    – Il est beau, sire, en effet… Je ne le vendrais pas pour cinq cents écus d’or… Je l’ai obtenu durement. Il appartenait à Fouquant d’Archiac.
    – Le fumeux du marché de Meaux qui marchanda si cher le coursier que je monte ?
    – Oui, sire. Or, vous ne devez point regretter votre achat…
    Pluton méritait l’admiration. Il était royal de lui-même. C’était un moreau à la robe parfaite dont chaque mouvement faisait jouer des satinements d’argent de l’encolure à la croupe. Son harnois simple et clair mettait en valeur ses beautés propres. Il n’avait point, hélas ! un maître à sa mesure et en paraissait désolé.
    – Archiac m’a cherché querelle, sire. J’obtins son cheval de haute lutte et c’est pourquoi j’y tiens au risque de vous déplaire.
    Sous son chaperon d’azur semé de lis d’or, le roi n’avait pas sourcillé. Ses pensées, sans doute, étaient ailleurs. Il dit pourtant :
    –  Tant mieux si vous avez cravanté 26 ce Fouquant. Il ne vous avait pas vu à l’œuvre comme moi, à Poitiers… Il n’y a nul démérite à avoir le dessous face à un chevalier de votre trempe !… J’espère qu’il l’a compris.
    – Je crains que non, sire. Il attend l’occasion pour recouvrer son bien. Je ne redoute pas qu’il m’assaille mais je regretterais de recevoir quelques coups susceptibles de me faire renoncer à vous suivre en Avignon.
    Jean II eut un subit abaissement des paupières et une moue brève, songeuse :
    – Rassurez-vous, Castelreng, puisque nous partons demain.
    – Je le sais, sire.
    – Je vais chasser une dernière fois. Mes veneurs ont vu un cerf près de Charenton. Par saint Hubert, je le veux… Où alliez-vous ?
    – Messire Charles m’a fait demander au Louvre.
    – Bien… N’oubliez pas demain, au petit jour…
    – Oui, sire.
    – Nous traverserons discrètement Paris.
    Et se tournant vers ses compagnons immobiles, moins attentifs qu’impatients :
    – Pour ce, point de hériban 27 . C’est vers la paix, la paix du royaume de Dieu que nous chevaucherons.
    Immobile, Tristan vit le roi s’en aller. Il n’avait guère prêté attention aux dix hommes qui l’accompagnaient. La meute l’avait intéressé davantage. De bons veautres, cinq ou six limiers, ainsi qu’une douzaine de hourets, ces chiens courants sans nez mais non sans voix. Et déjà, tandis que les chasseurs se fondaient dans les bois de Vincennes, des huages (215) retentissaient. Trop tôt. S’il a son cerf, ce sera un miracle.
    –  Hé oui ! dit Paindorge qui chevauchait Malaquin. Voulez-vous que je vienne avec vous jusqu’au Louvre ?
    – Non. J’irai seul. As-tu tout emmené de chez Goussot ?
    – Tout, excepté Constance.
    Bien que dépourvu du don d’éloquence, l’écuyer savait se faire entendre. Comme il semblait d’humeur chagrine, Tristan, curieux, lança comme un hameçon : Mieux vaut que nous donnions à Vincennes. Nos chevaux et nous-mêmes y avons plus d’aises… Qu’en dis-tu ?
    –  J’avoue que je me sentais mieux chez Goussot.
    –  A cause de Constance. Pas vrai, Robert ?
    Avant même d’obtenir une réponse, Tristan guida son coursier jusqu’à Malaquin, lequel acceptait d’être chevauché par un

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