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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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plus rencontrer cet homme, une satisfaction confinant à la joie. Pour se précautionner contre une roberie, Paindorge avait proposé de veiller toute la nuit dans la parclose d’Alcazar, l’épée hors du fourreau.
    « … de sorte que si elle vient céans, ce bon Robert n’en saura rien ! »
    Il avait évité Constance. A table, sa présence empressée, mais silencieuse, ses frôlements nombreux et calculés, l’avaient distrait de ses pensées de voyage. Paindorge non, qui observait la fille de l’armurier avec reproche.
    « Il pense trop à Luciane. Il s’est institué son protecteur… Quand Constance me regardait comme un dieu, j’ai bien cru qu’il lui en ferait reproche !… Rien ne me lie à Luciane. Rien ne peut me lier à Constance. »
    En mangeant, il s’était étonné que dame Goussot ne vît pas plus clair dans la conduite de sa fille – à moins que, s’y étant accoutumée, elle n’en fût venue à l’encourager sans souci des conséquences.
    Il avait quelque difficulté à réinstaller Constance dans sa mémoire. Et pourtant elle était plus proche de lui que Luciane et Oriabel, Quel visage entouraient ses longues tresses sombres ? Ses yeux étaient-ils bleus ou noisette ? Sa bouche était large, vorace. Elle avait, dans l’effronterie, une aisance de fille des rues.
    « Elle viendra… Mais elle tarde ou par crainte ou pour que ce soit… meilleur. »
    Il tressaillit.
    « Tiens, la voilà ! »
    Il venait d’entendre le léger craquement d’une marche dont le bois fléchissait sous un pied certainement nu. Il tendit l’oreille. Un autre pied, une autre marche, puis un arrêt. Suspension de mouvement, mais continuation d’un souffle qui refusait de s’atténuer.
    Ce ne pouvait être qu’elle.
    « Elle est moins hardie que je ne le croyais. »
    Il sourit bien que son expectation lui devînt une gêne. Il fut tenté de se lever, puis renonça. Il discernait de mieux en mieux le petit craquement lent des marches qui, régulièrement désormais, dénonçaient la témérité de l’approche. La respiration de plus en plus perceptible se faisait sourde, mince – entre des mâchoires serrées. Le bruissement d’une robe certainement soulevée jusqu’aux jarrets devenait, lui aussi, distinct.
    Tout à coup plus rien. Le fantôme de chair atteignait le trapan (211) . Quelques lattes remuaient faiblement sans grincer. L’air frémissait sous des pulsations irrémissibles.
    « Hardie, obstinée, mais prudente. »
    Il avait cru d’abord à une illusion : il était dupe de sa fatigue, de sa solitude et de l’attention dont il s’était cru l’objet de la part de Constance. Maintenant, une vapeur lumineuse était là dont les longs plis soyeux essuyaient le parquet avant que ce fût le pavement de la chambre.
    Il devina qu’on touchait la porte et que l’on s’étonnait qu’elle fût entre-close. Il vit hésiter puis paraître, tout d’abord mince et pâle, une blancheur un peu nacrée comme la robe d’Alcazar. Cette infime clarté s’élargit doucement, sans hâte, de plus en plus largement : elle avançait.
    – Dormez-vous ?
    Il distinguait maintenant la chevelure dénouée tandis que l’ombre refluait autour du vêtement de nuit. Le sentiment de triomphe aisé, délicieux, qui l’avait si fortement oppressé au commencement de l’apparition se dégagea de sa poitrine, mais son gosier restait serré, des gouttes picotaient son front ; une sorte d’incertitude le maintenait immobile sur sa couche.
    – Messire…
    C’était bien elle. Feignant de sortir d’un rêve qu’elle venait de hanter, il chuchota :
    Constance…
    Je ne suis pas venue pour ce que vous croyez.
    Elle maîtrisait péniblement sa voix. Il tapota le rebord du lit :
    – Asseyez-vous.
    Elle refusa et demeura coite, assez proche pour qu’il pût la saisir à condition de se pencher. Sur le mur blanc, derrière, son ombre blême s’inscrivait, aussi légère qu’une illusion.
    – Venez auprès de moi.
    – Non.
    Elle cillait des yeux. Ces lueurs intermittentes, c’était tout ce qu’il pouvait distinguer de son visage. Mais elle fit un pas comme pour qu’il admirât la rondeur de ses épaules et son cou de lis dans la corolle d’une ample encolure et, plus bas, cet ensemble de courbes et de creux qui semblaient éclore des ténèbres. Avait-elle comme lui les jambes amollies, la chair dure et le cœur battant ? Il ne l’eut point juré. Elle fit un nouveau pas et il

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