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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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l’assouvissement pouvait être tant bien que mal différé. Son esprit ingénieux et hardi avait pris pour pré texte de son incursion les desseins sans doute imaginaires d’Archiac.
    –  Approche.
    Il ébaucha un geste. Elle l’encouragea d’un souffle à poursuivre afin qu’il connût mieux ses failles et moiteurs. Des frissons drus la parcoururent.
    – Mon Dieu ! dit-elle lors d’une transe exagérée.
    – Voilà, m’amie, qui pourrait te valoir l’excommunication. Or, je ne suis point Dieu, ni ton Dieu, mais je bénis ta présence.
    Bien que la nuit se fût embrunie, il entrevoyait Constance. Fors sa voix, il ne reconnaissait ni la vacelle (213) prompte à le servir à table ni la fille de son hôte qui s’attardait à l’atelier pour peu qu’il y fût entré. Son esprit oscillait entre l’envie de la coucher promptement sur le lit et la résignation simulée qui inciterait l’effrontée à prendre cette initiative.
    Un éclair de chaleur illumina le ciel. Il n’y eut aucun craquement, l’orage n’étant pas pour Paris, mais Constance avait frémi, comme atteinte par la foudre. L’arc ferme et bandé de son corps avait permis une avancée plus profonde.
    – As-tu peur ?
    – Nullement. Laissez-moi nous conduire.
    – Je ne te savais pas si… engageante.
    Il était ébahi par tant d’aptitude à un jeu parti (214) dont il avait cru la jouvencelle incapable, bien qu’elle lui eût manifesté, à force de frôlements et d’œillades, un appétit différent de ceux qu’elle s’évertuait à satisfaire midi et soir. D’où tenait-elle cette langueur, ces vivacités, ces audaces ? Elle pesait sur lui de tout son poids, de toutes ses formes, se reculait, se gorgeait d’air et revenait pousser vers les lèvres d’homme ses lèvres humides, plaintives, mouvantes ; et ses yeux brillaient sous les cillements lents des paupières jamais tout à fait closes.
    Il s’enivrait moins d’elle que du plaisir qu’elle lui offrait, et des mouvements auxquels elle le conviait avec des plaintes brèves, des Ah ! qui sourdaient du tréfonds de sa gorge et des ronronnements : toute une effronterie de fille follieuse, tandis que ses mains glissaient, promptes ou lentes, fiévreuses, sur ces hanches viriles à la hauteur des siennes, et soudain s’envolaient tels des oiseaux apeurés.
    – Eh bien !
    Elle s’était brusquement libérée. Tristan reçut contre sa poitrine et son ventre un dos ferme et des rondeurs où il s’insinua tandis que de ses mains en conque, il enfermait des seins sous lesquels ses paumes percevaient des battements précipités.
    Constance fit un pas sans souci qu’il fut cloué en elle et qu’il la maintînt fermement contre lui.
    – La fenêtre, dit-elle.
    Il la suivit sans la lâcher, furieux qu’une lune opaline pût les dénoncer à quelque insomnieux.
    – La nuit est belle.
    Elle se courba, les mains appuyées sur le rebord de l’embrasure. Tristan se pencha aussi.
    – J’aime, dit-elle. Pas vous ?
    Ce mélange de sérénité, d’insolence et de mystère ne cessait d’étourdir Tristan. Il était victime d’une espèce de sortilège où c’était Constance qui lui dictait ses volontés. Il devinait qu’il allait atteindre et dépasser une limite. Ensuite, rien ne serait proscrit, sans doute.
    Il voulut en finir, se réinsérer, faire en sorte qu’ils fussent pâmés de plaisir l’un et l’autre.
    – Non… Pas là, dit-elle. Je vais épouser Flourens. Il me croit pure… Mes parents également… Autrement, j’y consens…
    En cet instant, elle donnait de la beauté à la luxure.
    Il abdiqua devant cette volonté peut-être insane, peut-être pas. Il se soumettait aux sens comme elle voulait qu’il s’y soumît, sans y trouver de délice particulier. Sa raison exaltée se mêlait à une fête dont Constance tirait une joie singulière. Il n’y avait plus d’Oriabel, plus de Luciane, plus rien que cette fille exigeante dont les ahans le stimulaient. Il trouvait du plaisir à la rassasier. Elle l’avait vaincu en quelque sorte. Elle regardait la nuit et semblait compter les étoiles.
    – Besognez-moi… Holà ! Holà !… Ah ! Messire…
    Elle se repaissait, elle se dandinait, la poitrine secouée sans prendre garde aux doigts enfoncés dans ses hanches. Et quand elle se fut enflammée :
    – J’ai vu passer une étoile filante. Pas vous ?
    – Je regardais ton dos, tes épaules, ta nuque.
    Elle se releva. D’un bond, elle

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