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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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afin de regagner des appartements tièdes.
    Paindorge réapparut, le visage indéchiffrable.
    – Archiac est prêt. Pommiers se prépare… La dame, qui semble frileuse, frotte ses mains garnies de chevrotin et sourit soit au Pape soit au roi… Ce froid piquant lui convient. Ses joues sont roses…
    – N’aie point de regret de me parler d’elle. J’ai moins envie de vaincre son champion que de la décevoir.
    Quand il aurait quitté Avignon et Villeneuve, oublierait-il son aventure avec cette beauté alliciante et redoutable ? Non, sans doute. Chercherait-elle encore à se venger de lui ?
    – Allons, messire, préparez-vous… Si Archiac ou Pommiers terminait vélocement, il ne faut point faire attendre…
    Tristan se laissa adouber par Paindorge qui, fréquemment, passait la tête hors de la tente pour surveiller Alcazar. Quand il fut prêt dans son fer, il pria son écuyer de vérifier les attaches des épaulières et des tassettes ainsi que les aiguillettes qui lieraient son bassinet au reste de l’armure. Il se sentait ferme sur ses jambes, incapable de s’asseoir car il se fût peut-être engourdi.
    – Voulez-vous les voir ? Je peux entrouvrir la portière…
    – Non. Mon oreille suppléera ma vue.
    Il entendit rebattre les tambours, sonner quelques trompettes et mugir des trompes puis un «  Oh ! » énorme qui accompagnait un galop de chevaux. Les lances craquèrent et un nouveau hurlement s’éleva.
    « Ils sont demeurés en selle !… Ils dégainent l’épée… Ils se courent sus et cherchent à se frapper sans s’atteindre… Archiac recule, mais c’est pour mieux revenir sur Pommiers ! »
    Les cris de la foule et les hennissements suffisaient à Tristan pour évaluer l’âpreté du combat. Il eut une brève inquiétude et, le bras tendu pour toucher la hanche de Paindorge :
    Comment va Alcazar ?
    – Il me paraît insensible… Archiac monte un gros roncin noir et Pommiers un gringalet vif et hargneux comme un genet d’Espagne !
    – Qui selon toi, est le meilleur ?
    – Archiac !… Oh ! Messire, il semble que Pommiers s’enfuit… Oui !… Il galope vers les trosses… La bonne gent qui se tenait là s’écarte. Le gringalet saute !… Le cheval d’Archiac le suit !… Sang-Dieu ! Je n’ai jamais vu pareille chose… Les voilà dans la vigne. Ils montent, montent vers le haut de la boce (277) … Et disparaissent !
    Rumeurs. Que disaient les privilégiés de l’écha faud ? Le Pape ? Le roi ? Quel était maintenant le visage de Jeanne ? Ce combat n’était pas le sien. Son issue la laissait sûrement indifférente. Parmi les gens du commun, prenait-on Pommiers pour un couard ? Le roi Jean avait dû sourciller au spectacle de cette fuite.
    –  Les revoilà !… C’est Pommiers, cette fois, qui poursuit Archiac !
    Tristan ne put retenir un bâillement sonore. Son corps s’ensomnolait. Ce conflit mortel dont il ne voulait rien savoir, plutôt que de développer sa volonté de vaincre, l’endommageait peu à peu sans qu’il trouvât un remède au doute, à l’impatience, aux souvenirs sanglants qui troublaient son esprit. Il avait dominé et même vaincu quelques hommes dans des estours sans merci après avoir failli succomber sous quelques coups hardis évités de justesse. «  Tiens, Héliot !… Je l’ai occis sans trop de mal  » Mensonge ! Et de plus, le routier portait des mailles. Ce Gozon, à coup sûr, serait couvert de plates (278)  !
    « Ce n’est pas parce que son oncle a vaincu un dragon qu’il possède sa vigueur, son énergie et son habileté !… Un dragon !… Voilà qui a une flaireur de légende… Comment vérifier ? Rhodes, c’est si loin ! »
    Paindorge écarta la portière. Tristan lut du déplaisir sur le visage de l’écuyer.
    – Ils sont de force égale.
    – Archiac et Maingot Maubert l’étaient aussi, sur le marché de Meaux. Ce qui change, c’est le temps. Pommiers ne mourra pas de popolésie 69 comme le mal heureux Maubert !
    – Ils se battent dans l’herbe, maintenant… Oyez leurs épées !… Ils se portent des taillants rares mais terribles.
    C’était un commentaire superflu : à la violence des heurts, Tristan imaginait la forcennerie des coups et se demandait s’il aurait l’énergie d’en fournir de semblables. La rumeur de la foule soulignait les bourrasques, tourbillons et bonaces de cette tempête d’acier dont les échos discontinus, en secouant sa léthargie,

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