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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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J'aimerais bien savoir comment il l'a retrouvée, celle-là...
    — Voilà une bonne question ! fit du seuil une voix joyeuse et fraîche. Une question à laquelle je vais pouvoir répondre je crois.
    Et Marie Rallard, la jeune épouse de Josse, fit son entrée, portant sur ses bras étendus une légère robe de cendal1 rayé vert et blanc tout nouvellement repassée et qui paraissait fraîche comme une laitue.
    Blonde, rose, pleine de vivacité et de gentillesse, l'ex-Marie Vermeil était plus jolie encore qu'au temps où elle était l'un des plus savoureux ornements du harem du sultan de Grenade2 mais enceinte jusqu'aux yeux et à bien peu de semaines de son terme, elle avait doublé de volume. Depuis qu'elle avait retrouvé Catherine elle avait repris tout naturellement son rôle de dame de parage chargée de la garde-robe de la châtelaine, garde-robe dont elle avait d'ailleurs trouvé le moyen de sauver les bijoux et quelques robes en fuyant Montsalvy.
    — Tu n'aurais pas voulu que je laisse une putain mettre ses doigts sales sur tes affaires ? avait-elle déclaré à Catherine.
    A présent, elle apportait l'une des robes en question, qu'elle s'était hâtée de repasser, et alla l'étendre sur le lit.
    — Comment sais-tu cela ? demanda Catherine.
    — Par Josse, bien sûr. Quand messire Arnaud est arrivé avec ces hommes de mauvaise mine, mon cher époux a reconnu l'un d'eux comme ayant fait partie de la troupe de Béraud d'Apchier quand ce démon est venu assiéger Montsalvy. Au lieu de monter sur ses grands chevaux et d'aller dire à ton époux ce qu'il mourait d'envie de lui dire, Josse a préféré se tenir à l'écart et lier conversation avec l'homme en question. Naturellement il l'a fait boire et comme ce sont de 1 Soie légère.
    1 Voir Catherine et le temps d'aimer.
    véritables brutes que messire Arnaud a recrutées, il n'a eu aucune peine à le faire boire plus que de raison. Après quoi il l'a interrogé et il a compris à peu près ceci : avant de rentrer à Montsalvy, messire Arnaud entendait régler ses comptes avec Béraud d'Apchier. Il voulait lui demander raison du siège de sa ville et se donner le plaisir de lui apprendre que son bâtard, Gonnet, avait quitté ce monde de sa main.

    « Mais quand il est arrivé à la tour de Saint-Chély chez Béraud, le Loup du Gévaudan gisait dans son lit, blessé et à moitié mort. Un combat avec lui était donc impossible.
    « Par contre il y a retrouvé Azalais qui était devenue la concubine de Jean, le fils aîné de Béraud, puis celle de son père quand Jean est parti guerroyer je ne sais où. Elle a supplié messire Arnaud de l'emmener et, afin de mieux l'en persuader, elle a employé les moyens que tu devines. Et comme elle n'est pas laide...
    — Elle n'a pas dû se forcer beaucoup, observa Catherine sèchement. Il y a des années qu'elle en mourait d'envie.
    — Quoi qu'il en soit, il a accepté de l'emmener et d'autant plus volontiers qu'elle a débauché, pour lui, les meilleurs soudards de Béraud, de saintes gens s'y connaissant comme personne en tuerie et en pillage et qui se trouvaient misérablement inactifs depuis la blessure de leur maître. C'est donc tout ce beau monde qui nous est arrivé à Montsalvy, un soir, dans les circonstances que tu sais.
    — Et il l'a installée chez moi, dans la maison que j'ai bâtie, gémit Catherine toute prête à se remettre à pleurer. Dans ma chambre sans doute...
    Ah non, protesta Sara, pas dans ta chambre ! Quand j'ai vu ce qu'il nous ramenait, j'ai été me planter devant ton époux et je lui ai montré la clef de ton appartement que je venais de fermer. Je l'avais attachée à mon cou par une chaîne. « On dirait que vous avez des invités ?
    messire, lui ai-je dit. Mais il faudra que vous leur trouviez un logis autre que celui de notre dame. Il n'est pas disponible... »
    « Il m'a dit alors de lui donner cette clef mais je l'ai fourrée dans mon corsage et j'ai répondu qu'avant de l'en enlever il faudrait m'enlever la tête... Je crois qu'il en a eu envie un moment d'ailleurs mais je l'ai regardé bien droit dans les yeux en lui rappelant que les zingaras s'entendent aux malédictions et qu'une vieille zingara comme moi est plutôt plus venimeuse qu'une jeune ! Alors il n'a pas insisté et il a tourné les talons sans rien dire. Cette clef, je l'ai apportée ici.
    Le son d'une trompe qui mugissait dans les profondeurs du château lui coupa la parole.
    — On corne l'eau ! dit Marie. Il

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