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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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de Montfort se rompit sur l’écu, soulevant une grande clameur parmi les spectateurs.
     
    Les écuyers leur remirent une deuxième lance. Lorsque la poussière se fut dissipée, le héraut d’armes refit sonner la charge. Arnaud et moi étions cramponnés aux barreaux de nos cages.
    Craignant un nouvel écart de son adversaire au moment de l’impact, Sidon choisit cette fois de viser l’écu dont la dimension était plus grande que celle du heaume. Sa lance glissa sur le pavois, heurta fortement le chevalier de Montfort à l’épaule, à senestre.
    L’extrémité de la lance mordit profondément la cotte de mailles sous l’épaulière, et la déchiqueta en pénétrant les chairs. Montfort en fut déstabilisé ; il manqua sa cible. Plusieurs anneaux de son haubert étaient brisés et les mailles, disloquées. Il accusa le coup.
    Sa tête pencha légèrement en avant, sa lance s’inclina vers le sol comme si la main qui la tenait n’en contrôlait plus le maniement. Son destrier trébucha, puis se redressa en hennissant, les naseaux dilatés.
    Lorsqu’il fît demi-tour sur les postérieurs, au bout de l’enclos, la foule vit que sa cotte d’armes était déchirée à la hauteur de l’épaule. Une petite tâche de sang s’élargissait sur le surcot.
    D’aucuns hurlèrent : « Hourra ! Hourra ! Vive Sidon ! » D’autres clamèrent : « À mort les écuyers ! » Les phalanges de nos doigts sur les barreaux étaient blanches, tant nous les serrions fort.
     
    Les chevaliers reprirent position. Les écuyers leur tendirent une dernière lance. Foulques de Montfort releva enfin le chef et ajusta son heaume. D’une caresse sur l’encolure, il calma son destrier et l’encouragea de la voix à poursuivre le combat.
    Il se saisit ensuite de la lance qu’on lui tendait et s’avança au pas, se tenant bien séant sur ses arçons entre le pommeau et le troussequin, comme à l’exercice au poteau de quintaine. Mais ici devant, il ne faisait pas face à un simple mannequin de bois. Il faisait face à un géant de chair et de sang. Il luttait pour sa vie. Et pour notre survie.
    Au moment où les deux chevaliers s’apprêtaient à lancer leur destrier au galop, face à face, Arnaud poussa un cri. Personne ne l’entendit. Sauf moi. La poussière soulevée par cette troisième joute nous empêcha de bien en voir le résultat avant qu’elle ne se dissipât. Je retins ma respiration. Il me sembla que Montfort avait visé le col de son adversaire, à la hauteur du gorgerin.
    La lance de Sidon se rompit à son tour sur l’écu de son adversaire. Celle du chevalier de Montfort glissa sur le bacinet, près du gorgerin, juste sous le mézail qu’elle accrocha. Sous l’effet du choc, le ventail se releva violemment. L’extrémité de la lance se brisa à l’endroit où le fer était emmanché sur le bois, glissa puis l’atteignit sur le front, me sembla-t-il. Le chevalier de Sidon bascula en arrière.
    Le troussequin lui bloqua les reins et l’empêcha de basculer sur la croupe de son cheval ou de choir. Mais il ne put éviter de déchausser un étrier, faillit basculer sur le côté, soulevant un immense : « Aaaaah ! » dans la foule qui jouissait à cor et à cri du spectacle.
     
    Je repris courage. Foulques, bien que blessé, avait jouté avec beaucoup d’intelligence au cours de ces trois passes. Il avait dérouté son adversaire. Ce dernier n’avait jamais pu anticiper l’endroit sur lequel il avait prévu de porter l’estoc. Arnaud se tourna vers moi et me fit un pauvre sourire suivi d’un sanglot.
    Sidon réussit à se maintenir fermement sur ses arçons. Il rechaussa son soleret dans l’étrier et observa son adversaire. Nous ne pouvions voir, d’où nous étions, que le chevalier de Sidon était gravement blessé à l’œil.
     
     

     
     
    Au roulement des tambours, les champions durent cesser le combat, les trois lances étant rompues. Le temps que les écuyers leur remettent les armes avec lesquelles ils avaient décidé de poursuivre la joute.
    Le chevalier de Sidon saisit un fléau d’armes, un terrible engin de mort, capable de fracasser une tête de fervêtue aussi aisément qu’une coquille de noix. L’extrémité du manche était galbée, pour en faciliter la prise. Une lourde chaîne le reliait à l’étoile du matin, une énorme bille composée de plusieurs robustes pointes en acier forgé.
    Le sinistre champion du roi la brandit au-dessus de son bacinet dont il

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