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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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plaît à Dieu, notre Maître suprême. »
    Puis il annonça la présence du père d’Aigrefeuille, messager de Sa Sainteté le pape Clément, et aumônier général de la Pignotte. Le père dominicain avait exprimé le profond désir de bénir les combattants avant l’épreuve, déclara-t-il.
     
    Sa visite me surprit en ces circonstances et, pour la dernière fois de ma vie, je rougis de honte. Le père dominicain avait dû être alerté par les soins du chevalier de Montfort. Nous ne l’avionspoint vu depuis notre mise au secret. Le revoir nous procura cependant joie et tristesse, tant nos sentiments étaient partagés entre la honte et le désir de rédemption de nos âmes.
    Le père Louis-Jean s’avança pour donner sa bénédiction aux chevaliers, puis il se dirigea vers nous en faisant de la main le signe de la Croix. Nous nous signâmes, sans pouvoir nous agenouiller en raison de l’exiguïté de nos cages.
    Il murmura : « Gardez courage mes fils, ayez confiance dans la vaillance du chevalier Foulques. Il vaincra ! » Puis il nous adressa un pauvre sourire que nous fûmes incapables de lui rendre, tant était forte notre angoisse et tant nous paraissait bien douteuse l’issue de ce terrible combat.
    Le cauchemar que j’avais vécu quatre mois plus tôt sur la Santa Rosa, était-il tristement devin ? Le chevalier de Montfort ne s’était-il pas effondré, le crâne ouvert par le cimeterre d’un pirate barbaresque, sa cervelle projetée sur mon surcot ? Le chef du chevalier Geoffroy de Sidon ressemblait, à s’y méprendre, à celui d’un pirate barbaresque.
     
    Un silence de mort parcourut l’assemblée. Quelques enfants, dont les parents avaient eu la bien malheureuse idée de les faire assister à ce terrible spectacle, pleurèrent ; d’autres sanglotaient.
    Une femme, atteinte d’epilence, bouscula la haie des gardes pour se précipiter à l’intérieur du champ de bataille. Elle hurla, en déchirant sa robe : « Grâce, grâce ! » Une autre cria : « Mort à Montfort ! Mort aux sodomites ! » Elles furent promptement ceinturées, maîtrisées, bâillonnées et conduites à l’écart des lices.
    Un roulement de tambour coupa court aux manifestations de la foule. Le héraut rappela les règles de l’ordalie auxquelles les champions devaient se soumettre :
    « Si l’un d’iceux atteint, avec mauvaise intention, le destrier de son adversaire au cours du combat, le blesse sous la houssure ou lui coupe les jarrets, je donnerai l’ordre au maître des arbalétriers de l’occire sur le champ. Il en sera de même si je juge que quelque félonie a été commise par l’un ou l’autre.
    « Les deux champions devront rompre trois lances chacun. S’ils survivent à la joute, dès le roulement de tambour, le combat sera interrompu. Le chevalier de Sidon disposera d’un fléau d’armes et le chevalier de Montfort se verra remettre une hache de guerre, conformément aux choix qu’ils ont exprimés par-devant moi.
    « Le combat deviendra alors caployant. Si l’une de ces armes venait à leur faire défaut, ils auraient le droit de manier l’épée, et l’ordalie se poursuivra jusqu’à ce que mort s’ensuive pour l’un d’iceux. »
     
    Le chevalier de Montfort était solidement campé sur sa selle de joute. Il tenait les rênes d’une main, à senestre, avec son écu. Pour toute défense, il portait sous son surcot aux armes de sa famille, un simple haubert qui le couvrait de la tête aux pieds et que renforçaient quelques plates de métal articulées sur les épaules et sur le torse.
    Elles ne comportaient cependant aucun faucre, ce nouvel arrêt de cuirasse. Cette sorte de tige en saillie était fixée au plastron et utilisée depuis quelques années lors des tournois pour faciliter la charge, lance couchée, dès le départ. Elle permettait d’en alléger le poids et l’empêchait de glisser sous l’aisselle au moment du choc.
    Le chevalier de Montfort portait sur sa cotte d’armes un large ceinturon et une curieuse épée d’estoc à une main et demie dans son fourreau. Des jambières de mailles enchâssaient ses pieds. Il ne chaussait ni soleret ni poulaine.
    Il tourna la tête vers nous et leva la main. En guise de cimier, l’armurier du roi lui avait fourni un heaume oblong, d’une seule pièce, sans articulation aucune, en forme de tonnelet comme en portaient encore souventes fois les chevaliers. Une fente en forme de croix renforcée par trois

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