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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Montfort n’ait eu le lumps de se redresser et de se précipiter sur lui. Il est vrai que le géant était court sur pattes. Et doté par la nature d’une force considérable.
    Les deux champions furent à nouveau face à face. Le bouclier de Montfort était disloqué tout à plein. Au risque de me faire clouer par un carreau d’arbalète, je huchai à gueule bec, aussi fort que je le pus : « Les poulaines, messire Foulques ! Les poulaines ! Pensez aux poulaines ! »
    C’était maintenant ou jamais. Interloqué un bref instant, sans me regarder (m’avait-il seulement entendu ?), Montfort se précipita sur le géant au moment où ce dernier reprenait son fléau d’armes en main. Foulques leva sa hache, côté tranchant.
    Sidon brandit son bouclier pour dévier le coup qui allait lui être porté. Bien que son mézail soit resté relevé, sa vue était-elle réduite ? Avait-il perdu un œil ? Il ne comprit pas la manœuvre ou n’en saisit pas la finesse.
    Il commit une nouvelle erreur. Il avança son pied à dextre pour prendre un meilleur appui. Il arma le fléau d’armes dans son dos, dans un geste d’une telle force que nous entendîmes le choc des pointes étoilées contre les plattes dorsales de sa cuirasse. Cette erreur lui fut fatale. Foulques, hache brandie, sut saisir l’occasion.
    Il s’approcha d’un pas, et de son pied senestre, il écrasa aussitôt la poulaine qui s’était aventurée trop avant. Sans frapper le chevalier de Sidon de sa hache de guerre, il porta tout le poids de son corps sur le pied avec lequel il écrasait la poulaine articulée, et d’un geste brusque et violent, il le repoussa brutalement en arrière du plat de la main sur le côté opposé à celui où le géant avait pris ses appuis.
     
    Sidon en fut dérouté et gravement déstabilisé. Tout le monde retenait son souffle. Nous aussi. Les yeux d’Arnaud lui sortaient des orbites. Les miens aussi.
    La poulaine résista avant d’être arrachée de son soleret. Le chevalier de Sidon trébucha, chancela, brassa l’air de ses bras et s’effondra sur le cul avant de s’écraser sur le dos dans un bruit colossal de ferrailles disjointes.
    Des aiguillettes de cuir qui reliaient les plattes entre elles lâchèrent. Plusieurs plattes s’ouvrirent comme autant de pétales d’une marguerite. Les plumes de son cimier mordaient la poussière. C’était sacrément chié chanté, pensais-je en applaudissant comme un fol. C’était sacrément réussi ! Arnaud sauta de joie. Il heurta les barreaux de la cage et poussa un cri de douleur.
    Aussitôt, Foulques de Montfort abandonna sa hache. Il desfora son épée d’estoc à dégorgeoir et se campa, jambes écartées, de part et d’autre du corps de son adversaire.
    La pointe de la lame était aussi effilée que celle d’une miséricorde. Il brandit son épée à deux mains, l’une posée sur l’autre, au-dessus du visage de Geoffroy de Sidon et hurla à oreilles étourdies afin d’être entendu de tous :
    « Regardez-moi, messire, que je vois vos yeux à l’instant où je déciderai de vous occire ! Demandez grâce incontinent. Ou recommandez votre âme à Dieu. Par Saint-Denis ! »
     
     

     
     
    Un silence de plomb, un silence de mort, se répandit sur le champ de l’ordalie. On n’entendait plus aucun bruit. Sur l’eschalfaud royal, les nobles invités s’accoisaient. Derrière les lices, la populace clabaudait et trépignait d’impatience pour assister à la fin sanglante du spectacle : la mise à mort du vaincu.
    Certes, le spectacle prévu serait écourté : les écuyers ne seraient point empalés, se disaient d’aucuns. Mais il était toujours bon de prendre ce que la providence vous offrait. Et de jouir de la mise à mort du vaincu. À défaut de jouir du supplice du pal, il faudrait se contenter de voir un chevalier occis sous ses yeux.
     
    « Onques ! Par les cornes du Diable, onques je ne crierai merci ! » Le chevalier Geoffroy de Sidon le morguait de haut. Avec très grande et très fendante braverie.
    La foule, d’un naturel versatile, sautait et bondissait sur place, un peu comme si elle dansait subitement une estampie endiablée. Elle gesticulait, trépignait et hurlait à gueule bec : « À mort ! À mort ! Honte au vaincu ! Mort à Sidon ! Vive Montfort ! »
    Foulques se tourna vers le roi Hugues, l’épée toujours brandie au-dessus de la tête du vaincu, et l’interrogea d’une voix rauque :
    « Sire, votre

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