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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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pièces de métal rivées sur le heaume ménageait sa vue. Plusieurs trous percés à travers le fer lui permettaient de respirer.
    Nous ne pouvions bien évidemment lire la moindre pensée dans son regard. Nul ne pouvait savoir ce qu’il ressentait en cet instant, avant de livrer un duel à mort pour nous sauver. Nous, de simples écuyers.
    C’était là preuve d’une générosité et d’un courage sans faille dont seul un gentilhomme de grande noblesse pouvait être capable. N’aurait-il pas mieux fait de nous laisser comparaître devant les jugeurs de la Haute Cour du roi ? Lui seul en avait décidé ainsi et il était trop tard pour se poser cette ultime question.
    Nous inclinâmes la tête pour lui rendre son salut. Son destrier, un cheval brun, était revêtu d’une houssure de couleur gris clair, sans gueules ni meubles, bordée d’un simple liseré noir. Le chevalier n’avait pas prévu d’emporter dans ses bagages un grand harnois. Et pour cause. Une ordalie ne figurait pas au programme des réjouissances d’icelui.
    Arnaud tremblait de la tête aux pieds. Je récitai une patenôtre et invoquai une nouvelle fois la Vierge de Roc-Amadour pour qu’elle porte assistance et secours au chevalier de Montfort. Et nous rende la vie à tous les trois.
     
    Face à lui, se tenait le chevalier de Sidon sur un destrier noir revêtu d’une houssure aux armes des Lusignan. Le géant portait un harnois plain, une armure composée d’un très grand nombre de plates superposées et articulées.
    Je n’avais encore jamais vu pareille cuirasse aussi complète : des épaulières, une pansière pour protéger le ventre jusqu’à la ceinture, des canons d’avant et d’arrière bras, des cubitières pour protéger les coudes, des gantelets articulés pour les mains, des braconnières pour protéger les hanches, des cuissards, des genouillères, des grèves pour le tibia, et de magnifiques solerets de plattes articulées.
    Ils étaient prolongés par des poulaines d’un pied dont le rôle n’était point de décorer l’armure : elles assuraient le maintien des pieds dans les étriers. Tant que le cavalier ne vidait pas les arçons.
    Je me dis qu’elles pouvaient présenter un danger mortel pour celui qui les portait, si le combat se poursuivait au sol : elles réduiraient la mobilité du combattant. Encore faudrait-il que le chevalier de Sidon fût désarçonné.
    S’il chutait à terre, le chevalier de Montfort avait une chance. Son haubert ne devait pas peser plus de quarante livres, alors que le harnois du géant devait bien être trois fois plus lourd. Il lui serait alors difficile de se relever. En revanche, lors de la joute lance couchée, il bénéficierait d’un incontestable avantage sur notre champion.
    Lorsque le destrier du géant se cabra, la foule lança une grande clameur : il portait en guise de heaume, un bacinet à bec d’oiseau dont il avait relevé le mézail, le ventail mobile.
    Son casque, en forme de pain de sucre surmonté d’un cimier de plumes aux couleurs de ses armes, décuplait l’impression de gigantisme qu’il voulait incontestablement donner pour intimider son adversaire.
    La foule ne s’y trompa point. Elle applaudit vivement le chevalier de Sidon, champion des Lusignan, et siffla ou injuria le chevalier de Montfort.
     
     

     
     
    Un bref roulement de tambours se fit entendre. Deux écuyers d’armes s’approchèrent pour tendre aux combattants une première lance de combat équipée d’un arrêt de main.
    Chaque lance était munie à l’avant d’une pièce de métal acérée et pointue, emmanchée dans la hampe.
    Le chevalier de Montfort ne disposant pas de faucre, ce nouvel arrêt de cuirasse, il tint sa lance droite, en appui sur l’arçon. Son adversaire abaissa et claqua son mézail sur le visage, se saisit de la lance. Il la coucha et la bloqua sur le faucre.
    J’espérais de tout cœur qu’il fût mieux entraîné pour les parades, que pour un combat face à un ennemi, sur un champ de bataille. Je n’allais pas tarder à être fixé.
    La bête était prête pour la première joute. Les trompettes sonnèrent la charge. Sidon et Montfort éperonnèrent des deux. Les destriers prirent aussitôt le galop. Montfort inclina sa lance et visa l’écu. Sidon, lance couchée, visait le heaume de son adversaire. Juste avant l’impact, le destrier de Foulques fit un écart. La lance de Sidon effleura le heaume et glissa sans parvenir à l’accrocher. Celle

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