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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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pensivement en regardant les pechs au loin, vers l’abbaye de Saint-Cyprien.
     
    Je me gardai bien de lui poser une question qui me chagrinait : le chevalier de Sainte-Croix, aussi savant eut-il été, et justement pour cette raison, n’avait certainement pas manqué de rédiger, de compléter et de conserver quelque code héraldique, somme de connaissances qu’il avait acquises au fil de ses voyages et de ses rencontres sur les armes des familles nobles.
    Ce codex, s’il existait, devait immanquablement reposer sur quelque étagère en la librairie de sa maison forte, ou plus vraisemblablement en celle des consuls du Mont-de-Domme.
    Le seigneur de Beynac referma sa main sur mon bras et nous nous dirigeâmes vers la sortie. La pluie avait cessé. Le soleil pointait au zénith et rehaussait les couleurs vives des pourpoints et des cottes d’armes de mes compains. Ils nous attendaient tous sur le parvis de la chapelle.
    « Montjoie, Saint-Denis ! Vive notre sire, le baron de Beynac ! Longue vie à Brachet de Born ! »
    Arnaud me regardait depuis quelque temps. Il vint vers moi pour m’accoler. Je le pris dans mes bras. Je le serrai sur mon cœur. Non sans un fort émeuvement.
    Il s’écarta brusquement avec une grimace de douleur qui crispa son beau visage : trois coups de fouet, la veille, avaient déchiré les chairs de son dos. Puis il me glissa dans le creux de l’oreille, gaillardement :
    « Sais-tu que j’ai failli douter de toi ? Surtout lorsque le sire de Castelnaud a dépêché un chevalier pour clamer haut et fort ta culpabilité.
    — Toi, mon plus fidèle ami ? Toi, mon frère ? Comment as-tu pu ? Tu n’aurais jamais dû, rétorquai-je.
    — Comprends-moi…
    — Te comprendre ? Non, je ne puis te comprendre, répondis-je, profondément vexé.
    — Et toi, ne t’es-tu jamais posé de questions à mon sujet ? »
    Je dus bien m’avouer en toute honnêteté que des doutes comparables m’avaient assailli. Il le lut dans mon regard et ajouta simplement :
    « Alors, pardonne-moi. »
    Il avait les larmes aux yeux. Je l’étreignis très fort. Nous avions tous vécu des moments pénibles. J’avais toutefois plusieurs questions bien précises à lui poser. Nous en reparlerions.
    « Mais, au fait, ne devais-tu pas moisir dans un cachot ?
    — Et non ! Le baron a levé la punition pour ce jour de l’Ascension… »
     
    L’heure était venue de se rendre à une collation à laquelle le baron avait convié tous ses gens. Un goûter plus léger que celui qu’il avait offert l’an passé. Et pour cause : la fête était endeuillée par la mort inexpliquée de ce pauvre forgeron des Mirandes.
     
    Le maître boulanger qui, un instant plus tôt, l’avait interpellé crûment pendant sa lecture, s’adressa au notaire du seigneur de Beynac :
    « Alors Jules, z’êtes fâché ? Buvez donc un coup de ce bon vin de Bordeaux ! Avant que les Godons s’le réservent ! Il paraît qu’ils en sont très amateurs et peu partageurs !
    — Merci, maître boulanger. Ce n’est pas de refus. J’ai le gosier encore plus sec que celui du baron !
    — Z’avez beaucoup causé, il est vrai. Ça vous r’mettra les idées en place. Après tout, vot’sort est plus enviable que c’lui de c’pôvre Auguste !
    — Ah, ce pauvre Auguste ! dit-il en se signant. Vous le connaissiez donc ?
    — Savez’ben qu’nous nous connaissons tous ici, à cinq ou six lieues à la ronde ! »
    Jules leva son godet, but une santé avec le maître boulanger rubicond, avala cul sec un bon quart de pinte, d’un lever du coude franc et haut. Le vin était capiteux.
    Il s’en étrangla, faillit s’étouffer, puis le raqua aussi sec sur la tunique amidonnée du boulanger, la mouchetant de multiples points d’un rouge vineux. Ça aurait été du blanc, passe encore ! Mais du rouge…
    Contre toute attente, le boulanger avait l’humeur gaie :
    « Ah, çà ! C’est pas une raison pour m’baver d’ssus, Jules ! Z’auriez eu deux pouces de plus, v’là pas que vous m’crachiez à la gueule ! »
    Jules Faucheux était de petite taille. Comme tous les clercs notaires du château. Si le maître boulanger était rubicond, lui était devenu plus rouge qu’une pivoine. Il s’excusa, penaud :
    « Pardon, pardon, par les cornes du Diable, pardonnez ma maladresse !
    — N’vous faites point d’souci, Jules. La Marie fera une brassée d’plus au lavoir ! Et n’jurez pas !
    — La

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