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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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doigts.
    Certains, dans l’assistance, me regardaient comme une bête curieuse. D’autres suivaient attentivement la lecture de l’acte. Quelques enfants marquaient leur impatience en tirant la robe de leur mère vers la sortie.
     
    À mon tour, je lorgnai ouvertement mes compains, le regard mâtiné de tristesse : Georges Laguionie, le maître des engins, Gontran Bouyssou, le taciturne chef du guet et Étienne Desparssac, le maître des arbalétriers, souriaient à vingt pas de moi Arnaud me fit un clin d’œil affectueux. Foulques de Montfort était blanc comme une huître, la mâchoire serrée.
    L’assassin du chevalier de Sainte-Croix était-il parmi eux ? Ou alors, était-ce le sire de Castelnaud ? Ou quelqu’un de son entourage ? Ou bien avait-il été occis par un de ses serviteurs ? Par un routier, un voleur de simple passage ? Le saurions-nous un jour ? Personne ne le saurait probablement avant longtemps.
    Pendant que je chevauchais des questions sans réponse, le clerc achevait sa lecture :
    « … Fait en l’an de grâce mil trois cent quarante-cinq, à six jours des calendes de mai, pour valoir ce que de droit, en deux exemplaires authentiques, revêtus de mon seing, des seings d’Auguste Taillefer, forgeron affranchi, des seings et des sceaux de messire le baron de Beynac et des chevaliers de sa suite… » Fin de la lecture de l’acte. Le clerc notaire toussit avant d’apporter une information complémentaire. Une information capitale :
    « … Suite à la remise de l’autre exemplaire de l’acte dont je viens de faire lecture, au juge-procureur de la prévôté de Sarlat, notre évêque, monseigneur Arnaud de Royard, a signé sur le champ l’acte d’élargissement de messire Brachet de Born, premier écuyer du baron de Beynac. »
    Un silence lourd et épais tomba comme une chape de plomb sur la chapelle. Un premier, puis un second paroissien applaudirent timidement. Puis tous, à la parfïn, claquèrent les mains.
    Jules Faucheux, clerc notaire du baron, crut que cet étonnant émeuvement s’adressait à lui. Il inclina la tête, les mains jointes en signe de remerciement. Tous les regards s’étaient portés vers moi. Il en fut un peu dépité. Le baron lui-même m’observait à dix pas, avec affection. Je le saluai en inclinant légèrement le chef. Il me rendit mon salut puis s’approcha de moi :
    « Tu m’auras quand même coûté cher, Bertrand : quelques écus au forgeron de Castelnaud, quelques deniers au clerc qui a passé une nuit blanche et un jour entier à rédiger les actes.
    « Mais le plus cher et le plus humiliant aura été le rachat de la faute que j’avais commise en déclarant au prévôt, non sans grand mensonge, t’avoir chargé de remettre une lettre de jussion à monseigneur Duèze, à Cahors ; puis de t’avoir gardé au secret à Beynac : non seulement, j’avais prétendu t’avoir envoyé en mission aux fins de remettre un pli confidentiel à un défunt, feu notre pape Jean, vingt-deuxième du nom, mais encore, circonstance aggravante, je t’avais gardé au secret à Beynac, bafouant par là même l’autorité dont il était investi en la cause criminelle.
    « Bien évidemment, il ne fut pas dupe de ma mauvaise foi. Et notre évêque, toujours prompt à saisir une occasion de rédimer son trésor, a exigé de m’entendre en confession sur le champ avant de m’absoudre de mon double péché. L’absolution la plus coûteuse que je n’eus jamais à payer !
    « Quant à mon bien-aimé cousin de Castelnaud de Beynac, je ne sais pour quelles raisons il te poursuit de ses ressentiments. Que lui as-tu dit, quel comportement as-tu eu en sa présence lorsque je vous ai envoyé vers lui, Arnaud et toi, ce triste jour ? Je ne souhaite pas le savoir. Car en tout état de cause, peu me chaut ce qu’il pense. Je ne l’ai point en grande estime et lui ai fait savoir qu’il pouvait garder sa pisse de chat pour abreuver ses soudoyers. Quand bien même il me baillerait plus de sept deniers pour l’en débarrasser.
    — Messire, je vous dois gratitude et obligations. Je ne sais comment vous remercier pour vos bontés à mon égard, ni pour les démarches efficaces que vous avez eu la sagesse de mener si rondement. Avant que ce malheureux forgeron ne rende son âme à Dieu.
    — Tu es jeune, tu auras l’occasion de remplir les devoirs de tacharge plus tôt que tu ne penses. Notre beau pays est en guerre à nouveau », me répondit-il

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