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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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large pour d’autres raisons moult fois plus graves : le baron ne risquerait-il pas de revenir sur sa décision et deme livrer aux tourmenteurs de la prévôté de Sarlat, à défaut de m’avoir livré à son cousin ?
     
    Ce soir-là, je craignis à nouveau pour ma vie. J’avais appris qu’aux yeux d’aucuns, elle ne valait que quelques deniers   : les sept deniers offerts pour ma capture.
    Je fus fixé dès le lendemain matin, le jour de l’Ascension de Notre-Seigneur.

 
    L’œuvre de Jésus sur la terre est terminée. Pendant quarante jours, après sa résurrection, il a enseigné ses disciples, expliquant sa doctrine, l’œuvre de la rédemption, qu’ils doivent à leur tour enseigner au monde. Maintenant, il s’élève dans les airs, par sa puissance divine et monte au ciel.
     
    L’Ascension de Notre-Seigneur
    (Double de première classe, blanc)
     
     
     
     
    Chapitre 5
    Dans la chapelle de Beynac, le jour de l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ, puis au faubourg de la Madeleine, près Bergerac, trois mois plus tard à VIII jours des calendes d’août et à VIII jours des calendes d’octobre, en l’an de grâce MCCCXLV {vii} .
     
    L’office se terminait dans la chapelle du château de Beynac. Une foule agitée et colorée de chevaliers, de soldats, d’artisans et de paysans du village et des alentours s’était rassemblée pour fêter l’Ascension de Notre-Seigneur. Certains avaient dû rester à l’extérieur sous une pluie fine, les dimensions de la chapelle ne permettant pas de contenir un nombre aussi important de paroissiens.
    Une belle messe, endeuillée cependant par la mort aussi inattendue que surprenante du forgeron des Mirandes, survenue la
    1. Entre le 24 et le 27 juillet 1345 veille, à la porte de Boines. Lui aussi était monté au ciel. Un jour plus tôt que le Christ :
     
    Memento etiam, Domine, famulorum, famularumque tuarum, Gillius de Sancta-Crucis et Augustus Taillefer, qui nos præcesse-runt cum signo fidei, et dormiunt in somno pacis.
    Ipsis, Domine, et omnibus in Christo quiescentibus, locum refrigerii, lucis et pacis, ut indulgeas, deprecamur. Per eumdem Christum Dominum nostrum. Amen.
     
    La dépouille de ce brave artisan, après avoir été éviscérée, avait été recousue tant bien que mal et embaumée par notre barbier. Le jour même, les chevaliers Guillaume de Saint-Maur et Raymond de Carsac, accompagnés d’une escorte de quatre arbalétriers à pied, en grand harnois, sans penoncel, avait déporté le corps du défunt au village des Mirandes pour le remettre à sa veuve avant la mise en bière.
    Je savais que le baron avait bourse déliée et prié Guillaume de Saint-Maur de bailler à la famille du défunt, douze écus d’or. Une somme considérable.
    Le baron était riche. Il savait se montrer généreux avec les gens qui le servaient bien, même s’ils ne relevaient pas de sa baronnie. Même s’ils n’étaient que de simples forgerons. Il préférait les gens humbles aux grands seigneurs, le roi de France excepté. Et les tristes circonstances du décès du malheureux justifiaient pleinement cette largesse.
     
    Après la communion, le chapelain me fit l’honneur de réciter une petite prière que j’avais écrite la veille et dédiée à la mémoire d’Auguste Taillefer. Il fronça cependant les sourcils et eut une légère hésitation lorsqu’il récita le vers où je faisais allusion au « sermon ». Sans que l’assistance ne semble le remarquer :
     
    Marie, ô Mère de Dieu,
    Notre Père dans les Cieux,
    Jésus-Christ, Notre-Seigneur,
    Accordez-nous grand honneur.
    Accueillez en notre nom,
    Notre maître-forgeron,
    Gent artisan de renom,
    Humble serviteur du Roi,
    Qui hurla sa Foi,
    Lorsqu’il vécut Votre loi.
     
    Oyez-nous tous, serviteurs,
    Réunis céans sur l’heure,
    Qui, malgré triste malheur,
    Entonnons vos louanges
    Et implorons les anges
    De les garder en leur foi,
    À l’heure du grand choix,
    Sur le chemin de la Croix.
     
    Accueillez vos compagnons,
    Charpentiers et forgerons,
    Que chantent vos cathédrales,
    En leur quête du Saint-Graal.
    Sans prêche et sans sermon,
    Ils furent francs ou maçons.
     
    Après la bénédiction, avant que nous ne quittassions la chapelle, le baron signala qu’il avait une communication à faire et ordonna à son clerc notaire d’en faire lecture. Tout le monde tendit l’oreille dans un silence religieux. Dans un silence de circonstance. Le clerc déroula un long

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