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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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moi pourrions peut-être mener à bien votre noble mission au profit de vos héritiers ?
    « Encore faudrait-il que nous connaissions les circonstances qui furent à l’origine des biens dont vous souhaitez quérir ce jour d’hui la possession par-delà les mers ? » tentai-je, en posant la question qui m’intriguait depuis notre départ.
     
    Le chevalier se raidit. Son naturel fendant ne l’inclinait pas à se livrer à des confidences. Frère Jean ne dit mot. Il s’accoisa, ses oreilles se dressèrent, ses pupilles s’agrandirent comme sous l’effet de quelque plante hallucinogène. Le dominicain jouait bien du plat de la langue. Mais il savait aussi demeurer attentif et se tenir coi quand les circonstances étaient de nature à satisfaire une curiosité qu’il ne parvenait pas à dissimuler longtemps.
    Après un long silence que j’interprétai comme un refus, le chevalier de Montfort, les yeux fixés sur la citadelle de Carthage, commença son récit :
    « Messire Bertrand et vous, Messire Arnaud, avez droit à quelques explications. Vous me servez fidèlement et il est juste que vous connaissiez les événements qui me conduisent aujourd’hui à tenter de récupérer un trésor qui fut remis, il y a près d’un siècle, à l’un de mes aïeux. Bien qu’à mon avis, cela n’ait rien à voir avec la qualité du service que vous me devez », précisa-t-il en me jetant un regard appuyé.
     
    Frère Jean était suspendu à ses lèvres. Foulques le remarqua et porta son regard sur lui. Les joues de frère Jean rosirent un peu. D’un rose plus joufflu que celui qui s’étendait à présent dans le ciel. Il s’adressa aussitôt au chevalier, l’air faussement penaud. Son regard démentait ses propos :
    « Messire Foulques, je pense qu’il est préférable que je me retire incontinent. Je ne voudrais point prêter l’oreille à quelques confidences qui ne concernent ni mon ordre ni la mission que m’a confiée mon supérieur…
    — Laissez-moi vous prier de rester séant, frère Jean. Il n’y a point là de secret à entendre en confession. J’ai mesuré votre science des pèlerinages de la Croix, au cours de cette longue traversée.
    « Vous pourriez même m’interrompre si, d’aventure, je commettais quelque erreur dans l’histoire des événements qui sont à l’origine de cette mission. Et si j’ai bien entendu votre discours, vous êtes aussi en mission, frère Jean ? N’est-il pas ? ironisa le chevalier de Montfort.
    — Oui, messire Foulques. Vous avez bien ouï. Une mission pour la Foi, assura-t-il en se trémoussant.
    — Une mission pour la Foi ou une mission de pénitence, frère Jean ? » Le chevalier n’était point dupe. Ses paupières s’étaient légèrement plissées et un sourire fleurissait à la commissure de ses lèvres.
    « Euh… en fait, une double mission, messire Foulques… » bredouilla frère Jean, quinaud. Ses joues avaient viré à présent du rose au rouge. D’un rouge du plus beau peneau d’été.
    Un réflexe nerveux agitait la commissure de ses lèvres. Ou bien l’homme cachait bien son jeu, ou alors il était d’une étonnante timidité. Il nous apparut bientôt qu’il était d’une extraordinaire habileté.
     
     

     
     
    Le chevalier de Montfort commença le plus incroyable récit que je n’avais jamais ouï. Une sombre affaire d’héritage. Qui devait susciter bien des convoitises. Et conduire d’aucuns à commettre bien des actes de félonie. Plus atroces que le meurtre du chevalier hospitalier, Gilles de Sainte-Croix.
     
    Que l’enfer accueille les commanditaires et les exécutants de ces crimes abominables   !
     
    De ces crimes commis par jalousie ou concupiscence   !

 
    Les Sarrasins devaient les garder par serment   : ils les tuèrent tous.
    Les engins du roi, qu’ils devaient garder aussi, ils les découpèrent en pièces   ; et les chairs salées qu’ils devaient garder, car ils ne mangent pas de porc, ils ne les gardèrent pas, mais ils firent un lit des engins, un lit de bacons et un autre de gens morts et mirent le feu dedans   ; il y eut si grand feu qu’il dura le vendredi, le samedi et le dimanche.
     
    Chroniques de Joinville   : croisade de Saint-Louis
     
     
     
     
    Chapitre 8
    Par mer, de Thunes à Tyr, l’hiver de l’an de grâce MCCCXLVI {x} .
     
    Tout commençait un siècle plus tôt, à deux ans près, sous le règne du roi Louis le neuvième. À trois jours des calendes

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