La dernière nuit de Claude François
aucun doute, c’est une mort par électrocution. Jugeant qu’une autopsie n’apportera rien, il décide de signer le permis d’inhumer.
Un enquêteur récupère l’applique et pose des scellés de cire rouge à son emplacement.
PRÉFECTURE DE POLICE
DIRECTION DE LA POLICE JUDICIAIRE
Procès-verbal n° 1164 du 11-03-1978
Affaire : Claude François, enquête sur décès.
L’arrivée de l’applique électrique au-dessus de la baignoire.
Un autre officier prend des photos du corps de la « victime », comme les policiers appellent désormais Claude François.
Trois clichés qui attireront les charognards de tout poil. Tentant de soudoyer leurs relations à la préfecture de police, parfois avec des sommes colossales, ils essaieront de récupérer sinon les originaux, du moins une copie.
Les fonctionnaires resteront inflexibles : les photos figurent toujours dans les archives officielles.
Josette lui a menti. Elle n’était pas sur le pas de la porte quand son frère l’a appelée.
Elle n’était pas prête du tout.
Mais, maintenant, alors qu’il est 14 h 45, elle est effectivement en train de fermer à clé son appartement quand le téléphone sonne de nouveau.
Claude ?
Il vaudrait mieux ne pas répondre, elle risque une sérieuse remontrance, mais Josette n’est pas du genre à se défiler. Et puis, il la connaît, sans doute a-t-il deviné son mensonge. Peut-être a-t-il quelque chose d’important à lui dire.
C’est Marie-Thérèse.
— Ne partez pas au moulin, Claude vient de tomber dans sa baignoire…
— C’est grave ?
— Non, mais on attend le médecin.
— Si vous avez appelé un docteur, c’est que c’est grave.
Marie-Thérèse interrompt la conversation et laisse Josette à son inquiétude. Celle-ci repense à la prédiction de sa mère après son cauchemar : il faut attendre quarante-huit heures.
Et si elle avait raison ?
Elle tourne en rond dans son appartement et demande à son mari, Éric, d’aller chez Claude voir ce qui se passe, quand une nouvelle sonnerie l’interrompt. Une femme qui ne prend même pas la peine de se présenter :
— Dites-moi que ce n’est pas vrai, ce que je viens d’entendre à la radio…
— Quoi ?
— Que Claude est mort.
Josette raccroche et se précipite vers le transistor de la cuisine, où elle se branche sur Europe n° 1. On y diffuse une chanson de Claude François, puis arrive la voix de Pierre Lescure.
Comme on vous l’annonçait tout à l’heure, Cloclo s’est électrocuté.
Elle aurait pu s’effondrer mais, comme dans un réflexe, elle pense d’abord à sa mère,
Chouffa, qui ne vit que pour son fils. Il y a quelques semaines, elle a même bravé sa peur de l’avion pour aller l’applaudir à l’Albert Hall de Londres. Elle seule peut lui annoncer la nouvelle. En tête à tête. Alors elle appelle le moulin.
— Débranchez la télévision, coupez la radio, ne répondez pas au téléphone tant que je ne suis pas arrivée, ordonne-t-elle à Tahar, le domestique égyptien qui a décroché, sans lui en dire davantage.
Elle rejoint son mari à l’appartement de Claude où elle ne peut que constater le désastre. Ensemble, ils prennent la route de Dannemois, où elle ne trouvera pas la force de dire la vérité à sa mère qui s’active dans la cuisine. Elle lui dira juste que la soirée est annulée car Claude a eu un petit accident sans gravité. Elle la ramènera chez elle où, là encore, les mots ne parviendront pas à sortir de sa bouche.
— Claude est à l’hôpital, lui a-t-elle juste dit.
— Comment va-t-il ?
— J’attends que Kathalyn nous appelle.
C’est Paul Lederman, l’ancien producteur, accouru, qui l’informera.
— Toi, Paul, tu vas me dire comment il va ? Silence.
— Tu ne vas pas me dire que c’est fini ?
Dans un silence oppressant, Lederman acquiesce.
Au fond d’elle-même, elle savait déjà.
Son rêve…
Dans la journée, les studios des Buttes-Chaumont constituent un univers clos. Chacun s’affaire, comme coupé du monde, à cette époque où l’on n’est pas constamment relié à l’extérieur par son Smartphone.
À 16 heures, on n’attend plus personne, sauf Claude François.
Dans sa loge, Sylvie Mathurin prend son mal en patience. Elle a tout vérifié plutôt deux fois qu’une – elle a même fait l’inventaire de la réserve. Elle se dit qu’il exagère. Quand même, il pourrait faire un effort.
Malgré la crainte d’essuyer une
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