Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La dernière nuit de Claude François

La dernière nuit de Claude François

Titel: La dernière nuit de Claude François Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Tessier
Vom Netzwerk:
tournée d’été : difficile de refuser, même s’il exècre ce moyen de transport. Durant le trajet, pour exorciser sa peur, il charrie le pilote sur le thème : « J’aurais bien aimé que la vie continue mais, tant pis, mon heure est venue. » Le voyage se déroule sans anicroche, mais quand l’hélicoptère redécolle, il plafonne à une soixantaine de mètres, part en vrille puis s’écrase au sol…
    La chance est décidément de son côté car, en septembre, c’est une nouvelle fois d’extrême justesse qu’il échappe au pire. Venu à Londres enregistrer la version anglaise du « Téléphone pleure », il passe la nuit au Hilton. Il aurait dû être au studio à 11 heures, mais on l’a appelé pour lui dire de venir plus tard : il y a une panne d’électricité. À midi et demi, il finit par quitter sa chambre. Le hall d’entrée grouille de clients mais aussi de bobbys : alertée par l’Ira, la police recherche une bombe, mais n’a pas
jugé bon de faire évacuer l’hôtel. Une jeune femme lui fait face quand il est assourdi par deux déflagrations. Une première explosion le soulève de terre et le projette sur la gauche, une seconde, moins forte, le ramène vers la droite. Dans la fumée noire qui obscurcit le hall, il passe sa main sur son visage pour retrouver ses esprits et comprend qu’il est couvert de sang. En fait, c’est celui de la jeune femme qui était devant lui, dont le corps, déchiqueté, disloqué, gît à ses pieds. Tuée sur le coup, elle a été son bouclier humain contre la bombe, cachée sous une table en marbre située juste devant eux. Un homme à sa droite hurle : « Où est ma chaussure ? » – en réalité, son pied a été emporté par l’explosion. Au moment où il va s’écrouler parmi les gravats et les restes humains, dans une odeur âcre de poudre calcinée, un Britannique le tire par le col jusqu’à l’extérieur en hurlant : « Dépêchez-vous, ça peut encore sauter ! »
    Claude a échappé à la mort, mais il compte parmi les soixante-deux blessés : l’attentat l’a laissé sourd. Au milieu des ambulances et des voitures de police, il a l’impression d’assister à un film muet. À son arrivée à l’hôpital de Londres, il pique une crise de nerfs. Après l’avoir examiné, le médecin se montre d’une réserve toute britannique.
    — Vous avez les tympans perforés.
    — Docteur, je suis chanteur, c’est ma raison de vivre, dites-moi si je vais retrouver l’ouïe.
    — Quelques fois, cela revient, d’autres non. Dites-vous que c’est un miracle si vous êtes vivant…
    De retour à Paris, Claude consulte son ORL, le Dr Elbaz, qui décide d’intervenir au plus vite pour placer sur ses tympans une fine membrane, afin de faciliter la cicatrisation. Une opération qui réussira, mais le chanteur devra quand même suivre un traitement radical pour recouvrer la totalité de ses moyens : une cure de huit jours dans une chambre de clinique complètement insonorisée, avec interdiction de parler à qui que ce soit.
    À croire qu’un jeteur de sorts s’acharne sur lui.
    Il a la mort aux trousses.

    1977, nouvelle année noire.
    Cette fois, c’est bel et bien lui qui va être la cible.
    Dans la nuit du 25 au 26 juin, il se dirige au volant de sa Mercedes 450 SEL 6.9 bleue,
intérieur cuir, vers le moulin, avec Kathalyn à sa droite. Sylvie Mathurin et une journaliste d’Europe 1, Joëlle Collard, sont assises sur la banquette arrière à côté du chauffeur, Marmaduke, un Anglais auquel il interdit de parler… français. Sur l’autoroute, une voiture lui fait plusieurs appels de phare. Une CX 2000 vert pâle. Il accélère, mais elle le suit à la trace. Quand il se décide à la laisser passer, la voiture se rabat sèchement tout en freinant brusquement.
    — Quel abruti ! s’énerve-t-il.
    Il l’évite de justesse, mais quelques kilomètres plus tard, nouvelle queue-de-poisson. Du gymkhana à plus de cent cinquante kilomètres à l’heure, une poursuite infernale entre Bullitt et French Connection … Au bout d’une vingtaine de kilomètres, la CX finit par disparaître dans la nuit, mais, après la bretelle de Cély, au moment où Claude emprunte la départementale menant au moulin, il remarque la voiture, garée, tous feux éteints, sur le bas-côté. Dès qu’il l’a dépassée, elle redémarre et le prend en chasse. Sylvie Mathurin, qui vérifie sa progression, la tête tournée, aperçoit alors

Weitere Kostenlose Bücher