La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
inondée par une de ces pluies torrentielles qui s’abattent de temps à autre sur Louxor, et que le pharaon a cherché alors un site plus élevé.
Tout près de là, à l’entrée d’une tombe abandonnée, nous trouvâmes des dépôts de fondations au nom de sa femme, Méritrêhatchepsout, sœur de la grande reine du même nom. Il ne faudrait pourtant pas en conclure qu’elle y fut enterrée, car il serait contraire à toutes les coutumes de trouver une reine dans la Vallée. Quoi qu’il en soit, ce fut un dignitaire thébain, Sénnefer, qui s’attribua la tombe.
Nous avions exploré la Vallée pendant plusieurs saisons sans résultats décisifs, et nous nous demandions s’il fallait poursuivre nos recherches ou nous attaquer à un autre site. Mon sentiment était que, tant qu’il resterait une seule parcelle de terrain non explorée, il valait la peine de persévérer. La Vallée est peut-être le plus ingrat de tous les sites archéologiques égyptiens, mais quand elle vous livre un de ses secrets, on est récompensé au centuple de longues années de travail monotone.
De plus, nous n’avions pas encore fouillé sous les cabanes des ouvriers, au pied de la tombe de Ramsès VI. J’avais toujours pensé que c’était par ici qu’on trouverait l’un des rois qui nous manquaient, Toutankhamon peut-être. Les diverses stratifications de sédiments semblaient bien indiquer la présence d’une tombe. Nous décidâmes finalement de consacrer une dernière saison à la Vallée, en commençant tôt, quitte à couper l’accès à la tombe de Ramsès VI si cela était nécessaire, et au moment où cela gênerait le moins les visiteurs.
5
LA DÉCOUVERTE DE LA TOMBE
L’histoire de la Vallée, comme on l’a vu, a toujours été fertile en rebondissements, et le dernier épisode respecte la tradition.
Ce devait être notre dernier automne dans la Vallée. Nous y avions passé six saisons pleines, travaillé des mois d’affilée, sans rien trouver, et l’on n’imagine pas combien cela peut être déprimant. Nous nous tenions presque pour vaincus et nous préparions à quitter la Vallée pour aller tenter notre chance ailleurs. Et ce jour-là, à peine avions-nous donné le premier coup de pioche que nous faisions une découverte qui surpassait nos rêves les plus fous. Jamais, dans toute l’histoire de l’archéologie, saison de fouilles n’a donné autant de résultats en l’espace de cinq jours.
J’étais arrivé à Louxor le 28 octobre et, le 1 er novembre, j’avais enrôlé tous mes hommes. Nos fouilles s’étaient arrêtées au nord-est de la tombe de Ramsès VI et c’est de là que nous devions reprendre les travaux, en avançant vers le sud. Je rappelle qu’il y avait là un certain nombre de cabanes grossièrement construites, probablement destinées à abriter les ouvriers de la tombe de Ramsès. Ces cabanes couvraient toute la surface s’étendant devant la tombe et se prolongeaient vers le sud pour rejoindre plus haut un groupe similaire, de l’autre côté de la Vallée. Ce dernier avait été découvert par Davis lorsqu’il travaillait à la cachette d’Akhénaton. Le soir du 3 novembre, nous en avions dégagé plusieurs et, après avoir noté leur emplacement, nous les enlevâmes. Il ne nous restait plus qu’à nous attaquer au sol sur lequel elles reposaient.
Le lendemain matin, 4 novembre, lorsque j’arrivai sur le chantier, un silence inhabituel me fit comprendre que quelque chose venait de se passer. On m’annonça aussitôt que, sous la première hutte qu’on avait attaquée, on venait de mettre au jour une marche taillée dans le roc. C’était trop beau pour être vrai. Pourtant, nous étions bel et bien devant l’entrée d’un escalier creusé dans la pierre à quelque quatre mètres en contrebas de la tombe de Ramsès VI, et à la même profondeur du niveau actuel du lit de la Vallée. Je n’osais pas croire que nous avions enfin trouvé notre tombe. Le travail se poursuivit fiévreusement pendant tout le reste de la journée et le matin suivant. Ce ne fut que dans l’après-midi du 5 qu’on réussit à dégager les arêtes supérieures de l’escalier.
Indubitablement, nous nous trouvions là à l’entrée d’une tombe. Pourtant, nous continuions à douter. Il se pouvait que la tombe ne fût qu’une ébauche, jamais terminée, jamais utilisée. Et même si elle était achevée, elle avait pu être pillée et vidée depuis longtemps. Ce fut donc avec
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