La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon

sommet des contreforts de Dra Abou el-Naga, attira une nouvelle fois notre attention sur la Vallée. M. Theodore Davis, toujours détenteur de la concession, avait déjà affirmé qu’à son avis la Vallée n’avait plus rien à livrer. Les deux dernières saisons, il avait d’ailleurs abandonné la Vallée proprement dite pour se consacrer à une autre, un peu plus au nord – où il espérait trouver les tombes des rois-prêtres et des reines de la XVIII e dynastie –, et aux collines entourant le temple de Medinet Habou. Il éprouvait néanmoins des réticences à abandonner totalement le site et ce ne fut qu’en juin 1914 qu’on nous donna enfin notre concession. Sir Gaston Maspero, directeur du département des Antiquités, qui signa notre permis, était lui aussi d’avis qu’il n’y avait plus rien à trouver et nous le dit franchement. Mais Belzoni avait dit la même chose un siècle auparavant ! Nous avions procédé à une étude très complète, et nous étions persuadés qu’il restait certains endroits, recouverts par les rejets des archéologues précédents, qui n’avaient pas été correctement examinés.
    Nous savions qu’un travail titanesque nous attendait, qu’il faudrait remuer des milliers de tonnes de terre et de gravats avant de découvrir quelque chose. Mais nous étions prêts à tenter l’aventure. Nous avions même un but précis : trouver la tombe de Toutankhamon.
    Notre conviction s’appuyait sur plusieurs éléments. M. Davis, alors que son travail dans la Vallée touchait à sa fin, avait trouvé, cachée sous une pierre, une tasse en faïence au nom de Toutankhamon. Dans la même région, il était tombé sur un petit caveau dans lequel il avait découvert une statue d’albâtre anonyme, ayant peut-être appartenu à Ay, et une boîte en bois, brisée, qui contenait des feuilles d’or à l’effigie et au nom de Toutankhamon et de sa femme. Il avait bien cru qu’il s’agissait de la sépulture du jeune pharaon, mais la tombe en question, petite et insignifiante, avait dû plus vraisemblablement appartenir à un membre de la famille royale de la période ramesside. Ce n’était certainement pas là la sépulture d’un roi de la XVIII e dynastie. De toute évidence, le matériel royal qui s’y trouvait avait été placé là à une date postérieure et n’avait aucun rapport avec le caveau lui-même.
    Un peu à l’est de ce caveau, dans une cache irrégulièrement creusée à flanc de rocher, il avait également mis au jour, au cours de ces premières années de travail (1907-1908), de grosses jarres de terre, scellées et ornées d’inscriptions en écriture hiératique. Un examen superficiel révéla qu’elles ne contenaient que des fragments de poterie, des bouts de chiffons et autres débris, et M. Davis refusa de s’y intéresser. Il déposa les jarres dans sa maison de la Vallée et les oublia. C’est là que, plus tard, M. Winlock les remarqua et comprit immédiatement leur importance. Avec le consentement de M. Davis, toute la collection fut envoyée au Metropolitan de New York, où M. Winlock la soumit à un examen approfondi. Leur contenu s’avéra d’un intérêt considérable. Il y avait là des sceaux d’argile, dont certains portaient le nom de Toutankhamon, d’autres l’emblème de la nécropole royale, des fragments de magnifiques vases peints, de châles de lin (l’un d’eux portant la dernière date connue du règne de Toutankhamon), de ces collerettes florales que portaient les invités dans les cérémonies funéraires et une multitude d’objets divers, le tout constituant apparemment le maté-riel utilisé lors des funérailles de Toutankhamon.
    Nous disposions donc de trois éléments – la tasse de faïence, les feuilles d’or du caveau et ces jarres – qui, tous, semblaient relier Toutankhamon à cette partie de la Vallée. De plus, c’était dans ces parages que M. Davis avait découvert la fameuse cachette d’Akhénaton. Celle-ci abritait des restes de l’équipement funéraire de la famille royale hérétique, apportés de Tel el-Amarna et cachés là pour plus de sécurité. On peut même avancer que Toutankhamon procéda lui-même à leur transfert, puisqu’on a trouvé dans la cachette un certain nombre de ses sceaux.
    Nous étions donc profondément convaincus que la tombe de Toutankhamon restait encore à découvrir, et qu’elle devait se situer non loin du centre de la Vallée. Des fouilles systématiques et