La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
messages de lord Carnarvon en réponse à mon télégramme. Le premier disait : « Tentons de venir le plus vite possible », et le second : « Arrivons Alexandrie le 20. »
Nous avions donc une quinzaine de jours devant nous que nous consacrâmes à divers préparatifs, de manière à pouvoir faire face à toutes les éventualités quand le moment serait venu d’ouvrir la tombe. La nuit du 18, je me rendis au Caire pour accueillir lord Carnarvon et faire quelques achats. Je revins à Louxor le 21. Le 23, lord Carnarvon arriva sur les lieux avec sa fille, lady Evelyn Herbert, compagne dévouée de toutes ses aventures égyptiennes. Callender s’était employé toute la journée à déblayer les premières couches de gravats pour que, le lendemain matin, nous puissions emprunter l’escalier sans attendre. Tout était en place.
L’après-midi du 24, les seize marches de l’escalier étaient dégagées et nous pouvions examiner la porte scellée. Sur la partie inférieure, les sceaux étaient plus nets et nous en déchiffrâmes plusieurs sans difficulté : ils portaient le nom de Toutankhamon ! Nous touchions au but ! Si, comme cela semblait maintenant presque certain, nous avions trouvé la tombe de ce monarque dont le règne avait coïncidé avec l’une des périodes les plus intéressantes de l’histoire égyptienne, nous avions vraiment des raisons de nous féliciter.
Notre intérêt en fut encore décuplé, et nous renouvelâmes l’inspection de la porte. Un fait troublant, qui nous avait d’abord échappé, nous frappa. À présent que toute la porte était visible, il apparaissait qu’elle portait des traces de réouverture. En outre, le premier sceau que nous avions découvert, celui d’Anubis et des neuf captifs, avait été appliqué sur la partie refermée, alors que les sceaux de Toutankhamon se trouvaient sur sa partie intacte. Ce qui voulait dire que ces derniers avaient été apposés à la première fermeture officielle de la tombe. Celle-ci n’était donc pas vierge comme nous l’avions espéré. Des voleurs y étaient entrés, et plus d’une fois. Mais pas depuis la mort de Ramsès VI, les maisons d’ouvriers l’ayant alors protégée. Ils ne l’avaient pas non plus complètement pillée, puisqu’on avait rescellé la porte {9} .
Nous eûmes bientôt une autre énigme à résoudre. Dans la strate inférieure des débris qui remplissaient l’escalier, nous trouvâmes des boîtes brisées et des fragments de poterie au nom de Toutankhamon, de Smenkérê et d’Akhénaton. Plus troublants encore, un scarabée de Thoutmosis III et un fragment portant le nom d’Amenhotep III. Pourquoi tous ces noms ? Cela semblait indiquer que nous étions en présence non d’une tombe mais d’une cachette et, à ce stade des travaux, nous étions enclins à penser que nous allions découvrir une série d’objets divers datant de la XVIII e dynastie, apportés par Toutankhamon de Tell el-Amarna pour les mettre à l’abri.
Nous en étions là le soir du 24. Le lendemain, nous devions enlever la porte scellée. Callender s’occupa de faire construire par les menuisiers une solide grille de bois destinée à la remplacer. M. Engelbach, l’inspecteur en chef du département des Antiquités, nous rendit visite dans l’après-midi et fut témoin des derniers travaux de déblaiement.
Le matin du 25, après avoir relevé l’empreinte des sceaux et les avoir photographiés, on retira les pierres brutes, enduites d’une épaisse couche de plâtre, qui bloquaient l’entrée.
On aperçut alors le début d’un couloir en pente, de la même largeur que l’escalier d’entrée et d’une hauteur de deux mètres environ. Comme je l’avais déjà constaté par le trou pratiqué dans la porte plâtrée, le couloir était entièrement bouché par des pierres et de la terre, et présentait lui aussi des traces de pénétration. Dans le coin supérieur gauche du remplissage originel, composé principalement de cailloux blancs et de terre, un tunnel irrégulier avait été creusé, puis rebouché avec des pierres plus sombres.
En dégageant le couloir, on trouva, mélangés aux décombres, des tessons de poterie, des bouchons de jarres, des jarres en albâtre, entières ou brisées, des vases peints, de multiples fragments d’objets plus petits et des outres, ces dernières ayant visiblement servi à contenir l’eau nécessaire au plâtrage de la porte. C’était bien la preuve qu’on
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