La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
exhaustives de l’endroit nous semblaient présenter des chances raisonnables de succès, et nous étions sur le point d’achever notre plan de campagne pour la saison 1914-1915 lorsque la guerre éclata, suspendant tous nos projets.
Les années suivantes, la guerre réclama la plupart de mon temps. Il y eut néanmoins quelques intervalles pendant lesquels je pus effectuer certains travaux. En février 1915, par exemple, je procédai à l’inventaire complet de l’intérieur de la tombe d’Amenhotep III, partiellement déblayée en 1799 par M. Devilliers, l’un des membres de la « Commission d’Égypte » de Napoléon, et plus tard par M. Theodore Davis. Au cours de ce travail, nous fîmes une découverte intéressante. D’après des dépôts de fondations restés intacts devant l’entrée et d’autres indices relevés dans la tombe, il semblait bien qu’elle avait été conçue à l’origine par Thoutmosis IV et que la reine Tiyi y avait été enterrée.
L’année suivante, lors de brèves vacances à Louxor, je fus amené à m’occuper d’un tout autre genre de travail. L’absence d’officiels due à la guerre et la démoralisation générale avaient provoqué une recrudescence d’activité de la part des pilleurs de tombes du cru et, partout, on fouillait fiévreusement. Un après-midi, la nouvelle parvint au village qu’on avait découvert quelque chose dans un endroit désert et peu fréquenté, sur la face ouest de la montagne, au-dessus de la Vallée des Rois. Un groupe rival de pillards s’arma immédiatement pour se diriger vers l’endroit indiqué. Après quelques bagarres, le premier groupe fut chassé par le second et se replia en criant vengeance.
Pour éviter de nouveaux troubles, les notables du village vinrent me demander de prendre l’affaire en main. Il était déjà tard dans l’après-midi. Je rassemblai hâtivement quelques-uns de mes ouvriers qui avaient échappé au recrutement. Il était minuit lorsque nous atteignîmes notre but, après avoir grimpé plusieurs centaines de mètres dans les collines de Gournah. Notre guide nous montra une corde qui disparaissait dans une faille obscure. En tendant l’oreille, nous pouvions entendre les voleurs au travail. Je sectionnai d’abord leur corde pour leur couper la retraite, puis arrimai fermement une solide corde que nous avions apportée et me laissai glisser dans le trou. Atterrir à minuit dans un nid de pillards industrieux, c’est tout de même une aventure ! Ils étaient huit et, quand je touchai le fond, il y eut quelques instants de confusion. Je leur donnai le choix, soit de remonter à la surface à l’aide de ma corde, soit de rester où ils étaient, sans corde. Finalement, ils eurent le bon sens de partir. Je passai le reste de la nuit sur place et, dès que le jour se leva, redescendis dans la tombe pour voir de quoi il s’agissait.
L’emplacement de cette tombe était remarquable. L’entrée, située au fond d’une cavité naturelle, creusée par les pluies, à une quarantaine de mètres du sommet de la faille et une soixantaine de mètres au-dessus du lit de la Vallée, était si bien cachée que, ni du haut ni du bas, on n’en voyait la moindre trace. Un couloir de seize mètres de long s’enfonçait droit dans le flanc de la faille, il tournait à angle droit et un petit passage en pente raide menait à une chambre de cinquante-quatre mètres carrés. L’endroit était rempli de gravats dans lesquels les voleurs avaient creusé un tunnel de vingt-sept mètres de long, juste assez large pour qu’un homme puisse s’y introduire en rampant.
C’était une découverte intéressante, peut-être même importante ; aussi décidai-je de dégager la tombe. Cela prit vingt jours, en travaillant jour et nuit avec plusieurs équipes d’ouvriers. La méthode de la corde n’était ni pratique ni sûre et nécessitait, en outre, une rude escalade depuis la Vallée. Il était préférable d’accéder à la tombe par le bas. Nous installâmes donc un système de poulies qui nous permettait de monter ou descendre. L’opération n’en restait pas moins inconfortable et, pour ma part, j’effectuais toujours la descente dans un filet.
À mesure que le travail progressait, l’excitation s’emparait des ouvriers. Ils étaient persuadés qu’un endroit aussi bien caché devait receler des trésors inouïs. Grande fut leur déception quand il s’avéra que la tombe était inachevée et inoccupée. Le
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