La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon

soigneusement les empreintes des sceaux de la deuxième porte avant de la démanteler. À midi, tout était prêt, et lord Carnarvon, lady Evelyn, Callender et moi-même entrions dans la tombe pour inspecter plus en détail la première chambre – que nous devions plus tard appeler l’antichambre. La veille au soir, j’avais écrit à M. Engelbach, l’inspecteur en chef du département des Antiquités, pour le mettre au courant de nos travaux et lui demander de venir faire un constat officiel. Mais il était alors à Kena, en voyage d’affaires, et ce fut l’inspecteur des Antiquités local, Ibraham Effendi, qui vint à sa place.
    Grâce à de puissantes lampes électriques, il nous fut possible de faire une estimation plus précise de l’étendue de notre découverte. Notre premier objectif restait la porte scellée entre les statues. Là, une déception nous attendait. De loin, elle paraissait intacte mais, en l’examinant de plus près, nous nous aperçûmes qu’une petite brèche avait été pratiquée dans le bas, suffisamment large pour laisser passer un jeune garçon ou un homme de petite taille. Cette ouverture avait été rebouchée et scellée. Nous n’étions donc pas les premiers. Là encore, les voleurs nous avaient devancés, et il ne nous restait plus qu’à mesurer les dommages qu’ils avaient pu causer.
    Ce n’était pas l’envie qui nous manquait d’enfoncer la porte pour en finir mais nous aurions risqué d’endommager des objets se trouvant dans l’antichambre. Nous ne pouvions pas non plus retirer ces objets, car il fallait absolument établir un plan et un dossier photographique avant de toucher à quoi que ce soit. Cela allait exiger un temps considérable, même si nous avions eu le matériel nécessaire – ce qui n’était pas le cas. À contrecœur, nous abandonnâmes l’idée d’ouvrir la porte avant d’avoir débarrassé l’antichambre de tout son contenu. Il était de notre devoir de dresser un inventaire complet de la première chambre. En outre, il fallait que nous ayons le champ libre pour procéder à l’ouverture de la troisième porte scellée, opération particulièrement délicate.
    Ayant satisfait notre curiosité comme nous pouvions, nous nous retournâmes vers le contenu de l’antichambre. Il y avait là des centaines d’objets dont le plus insignifiant aurait comblé tous nos désirs dans d’autres circonstances. Nous en reconnaissions certains. Pour d’autres, nous ne pouvions que supputer leur nature d’après des fragments trouvés dans les autres tombes royales.
    Notre découverte n’était étonnante que du point de vue de la quantité. La période à laquelle appartient la tombe est, à bien des égards, la plus intéressante de toute l’histoire de l’art égyptien. Nous nous attendions donc à trouver des merveilles. Nous étions loin, cependant, d’imaginer la vitalité étourdissante qui caractérisait certains de ces objets. C’était pour nous une véritable révélation, et ce premier examen superficiel suffit à nous persuader qu’une étude de ce matériel allait bouleverser toutes les idées reçues. Pour parvenir à une plus juste estimation, il faudra néanmoins attendre que nous avons débarrassé toute la tombe et qu’il nous soit possible de contempler l’ensemble des trésors qu’elle recèle.
    Tous les grands objets et la plupart des petits portaient le nom de Toutankhamon. Et c’était encore son sceau qui était imprimé sur la troisième porte. Il y avait donc toutes les chances pour que la momie qui devait reposer derrière cette porte fût aussi la sienne. Nous en étions encore à nous extasier et à nous interpeller les uns les autres à chacune de nos trouvailles, lorsque nous fîmes une autre découverte. Sous le lit qui se trouvait le plus au sud, un trou irrégulier avait été creusé dans le mur. C’était une autre porte scellée, et elle aussi avait été forcée par les voleurs. Mais le trou, contrairement aux autres, n’avait pas été rebouché. Nous nous glissâmes sous le lit avec précaution. La porte donnait sur une autre chambre, plus petite que la première, mais plus encombrée encore.
    L’état de cette pièce, que nous baptisâmes l’annexe, défiait toute description. Dans l’antichambre, il y avait eu au moins un semblant de rangement après le passage des voleurs. Ici, tout était resté tel qu’ils l’avaient laissé. Il ne fallait pas beaucoup d’imagination pour se les