La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
seuil du lait, du vin et du miel ». Mais comme nous n’avions ni vin, ni miel, nous n’avons pu suivre ces directives… En dépit de notre négligence, nous n’avions pas, jusque-là, provoqué la colère des dieux !
Au cours de nos travaux, nous devions recueillir de plus amples informations sur les pillards qui avaient, avant nous, forcé les portes du tombeau.
D’abord, grâce aux sceaux imprimés sur la première porte, nous savions que le vol avait eu lieu quelques années seulement après l’enterrement du roi. Mais nous savions aussi que les voleurs étaient entrés dans la tombe au moins deux fois. En effet les fragments de poterie et d’objets trouvés dans l’escalier et le couloir de la tombe prouvaient qu’au moment de la première tentative le couloir était vide. Il est possible, par conséquent, que ce premier vol ait eu lieu juste après les cérémonies funéraires. À la suite de quoi, le couloir avait été bouché. Ce qui explique que, la seconde fois, les voleurs aient dû creuser un tunnel dans le coin supérieur gauche de ce remplissage. Ils avaient apparemment pénétré dans toutes les chambres de la tombe mais, leur tunnel étant étroit, ils n’avaient pu dérober que des objets relativement petits.
Par ailleurs, ce qui nous avait tout de suite frappés, c’était la différence entre l’état de l’antichambre et celui de l’annexe. Le désordre le plus complet régnait dans cette dernière. On ne savait où mettre les pieds. On aurait dit que les pillards avaient tout retourné, puis tout laissé en plan. Pour l’antichambre, il en allait tout autrement. On y voyait bien un certain désordre, mais comme organisé et, si nous n’avions pas constaté nous-mêmes que les portes avaient été ouvertes, on aurait pu imaginer, à première vue, qu’on avait simplement entassé les objets sans beaucoup de soin lors de la cérémonie funéraire.
Cependant, en commençant à débarrasser l’antichambre, nous nous étions rapidement aperçus que cet ordre était tout relatif, et qu’on s’était contenté d’un rapide rangement après le passage des voleurs. Des morceaux d’un même objet furent retrouvés dans différents coins de la chambre. D’autres, qui auraient dû être rangés dans des boîtes, étaient éparpillés un peu partout. Sur le couvercle d’une boîte, on avait disposé une collerette florale. Derrière les chars démontés, dans un endroit inaccessible, se trouvait le couvercle d’une boîte qui était, elle, près de la porte intérieure. Bref, il était clair que les voleurs avaient tout autant bousculé les objets ici que dans l’annexe, mais qu’on était venu ranger après eux.
Nous en eûmes la certitude définitive en ouvrant les coffres. Ainsi, dans la longue boîte blanche trouvée au nord de la chambre, les cannes, les arcs et les flèches qui la remplissaient à moitié étaient recouverts de vêtements ayant appartenu au roi. Pourtant, on avait volé les pointes de fer des flèches et quelques-unes traînaient encore sur le sol. D’autres cannes et des arcs qui, de toute évidence, appartenaient eux aussi à cette boîte étaient également éparpillés dans la chambre. Un autre coffre contenait des vêtements brodés qui étaient roulés avec plusieurs paires de sandales. L’ensemble était si serré que l’attache en métal d’une des sandales avait percé la semelle de cuir et pénétré celle d’une autre. Dans une autre boîte encore, on avait fourré pêle-mêle des bijoux, des statuettes et des vases de libations en terre vernissée. Certaines avaient perdu la moitié de leur contenu ou ne renfermaient plus que des bouts de tissu.
Sur quelques-unes, des textes énumérant leur contenu initial prouvent bien qu’elles avaient été visitées puisqu’une seule renfermait encore tout ce qui était mentionné. Il s’agissait de « dix-sept objets en lapis-lazuli », des vases de libations. Seize d’entre eux s’y trouvaient toujours ; le dix-septième gisait par terre, à quelque distance.
Ces listes nous étaient infiniment précieuses, car elles devaient nous permettre de replacer les objets éparpillés dans leurs boîtes d’origine et de savoir exactement ce qui nous manquait. Ainsi pourrons-nous sans doute reconstituer ce corselet de lapis-lazuli, d’or et de pierres incrustées. Il se composait en effet d’un pectoral et d’une collerette dont on a retrouvé la plus grande partie dans la boîte aux
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