La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
dix-sept objets, et le reste éparpillé dans d’autres boîtes et jusque sur le sol. Rien, cependant, ne nous indique encore son coffre d’origine.
Toujours est-il que nous pouvons maintenant reconstituer la trame de l’histoire. Une brèche fut d’abord pratiquée dans le coin supérieur gauche de la première porte scellée, juste assez large pour permettre le passage d’un homme. Puis, en se passant des paniers de terre, les pillards creusèrent le tunnel. Sept ou huit heures de travail durent suffire pour les amener à la seconde porte scellée. Un dernier effort et les voilà dans la place. C’est alors que, dans la demi-obscurité, le pillage commença. Les hommes cherchaient de l’or, mais encore fallait-il qu’ils puissent l’emporter. On imagine le supplice que cela dut être pour eux de voir tout cet or étinceler sur des objets qu’ils ne pouvaient pas sortir et qu’ils n’avaient pas le temps de dépouiller. Dans la faible lumière, ils ne pouvaient sans doute pas toujours distinguer le vrai du faux, et plus d’un objet qu’ils prirent à première vue pour de l’or massif dut se révéler par la suite simplement doré à la feuille d’or. Pour gagner du temps, ils ont renversé toutes les boîtes et les coffres. Mais nous ne saurons jamais avec précision la nature exacte de leur larcin. Néanmoins, dans leur précipitation, ils négligèrent de prendre plusieurs objets en or massif. Nous sommes en tout cas certains qu’ils ont emporté la statuette du petit naos doré puisque nous avons retrouvé le pilier dorsal avec l’empreinte des pieds de la statuette encore visible. Il semble bien qu’elle était en or massif, probablement similaire à la statuette en or de Thoutmosis III, à l’image d’Amon, qui figure dans la collection Carnarvon.
Après l’antichambre, les voleurs se tournèrent vers l’annexe qu’ils visitèrent aussi consciencieusement. C’est alors seulement qu’ils se dirigèrent vers la chambre funéraire et percèrent la porte scellée qui la séparait de l’antichambre. Nous constaterons plus tard l’étendue des dégâts mais il semble qu’ils aient été finalement moins importants que dans les chambres précédentes. Peut-être ont-ils été surpris dans cette phase de leur travail. Nous avons, en tout cas, trouvé un indice qui permet de le penser.
Décrivant les objets de l’antichambre, j’ai signalé que l’une des boîtes contenait quelques bagues en or enveloppées dans un linge. C’était exactement le genre de choses – précieuses et faciles à emporter – qui pouvait attirer un voleur.
Comment se fait-il, alors, qu’il ait laissé ce précieux paquet dans la tombe ? Ce n’était pas le genre de fardeau susceptible d’entraver sa fuite. Nous sommes donc presque forcés de conclure que les malfaiteurs ont été surpris dans la tombe ou interceptés dans leur fuite – poursuivis, en tout cas, avec le produit de leur pillage sur eux. Cela expliquerait que soit resté dans la tombe un certain nombre d’autres bijoux de valeur qu’il était pourtant impossible de ne pas remarquer.
Quoi qu’il en soit, le vol fut rapporté en haut lieu, et l’on vint enquêter sur place et réparer les dommages. Mais pour une raison qui nous échappe, les dignitaires étaient aussi pressés que les voleurs et bâclèrent leur travail, laissant l’annexe dans l’état où ils l’avaient trouvée, sans même prendre la peine de reboucher le trou de la porte. Dans l’antichambre, ils ramassèrent les objets qui jonchaient le sol et les fourrèrent – il n’y a pas d’autre mot -dans les coffres sans chercher à les trier. Certaines boîtes furent remplies à ras bord, d’autres laissées à moitié vides, et, sur l’un des lits, ils déposèrent deux tas de vêtements dans lesquels ils avaient enveloppé divers objets. Ils ne prirent pas non plus la peine de ramasser les cannes, les arcs et les flèches, mais jetèrent sur une boîte une collerette florale démantelée et des bagues de terre vernissée.
Quant aux sandales de perles, pourtant fragile elles furent retrouvées par nos soins, chacune dans un coin. Les plus grands objets furent repoussés sans ménagement le long des murs ou entassés les uns sur les autres. À l’évidence, on ne fit preuve d’aucun respect pour les objets ni pour le roi auquel ils avaient appartenu. On peut même s’interroger sur le pourquoi de ce rangement, si c’était pour le faire aussi mal.
Weitere Kostenlose Bücher