La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
obtient ainsi un objet d’une grande valeur archéologique.
Quant aux papyrus, ils sont souvent difficiles à manier, et l’on a commis à leur égard des crimes impardonnables. S’ils sont en assez bon état, il faut les envelopper dans un tissu humide pendant quelques heures ; on peut alors sans problème les mettre à plat sous un verre. Il ne faut pas traiter les rouleaux déchirés ou cassants qui se brisent dès qu’on les déroule, à moins d’avoir à sa disposition du temps et de l’espace. Un travail soigneux et systématique permettra de replacer correctement presque tous les fragments, alors qu’un triage décousu, effectué entre deux autres tâches ou par des mains différentes, n’aboutira jamais à un résultat satisfaisant.
La pierre, en général, présente peu de difficultés. Le calcaire contient presque toujours du sel, qu’on peut extraire, mais c’est un problème qu’il est loisible d’aborder plus tard, au musée. Il en va de même pour la faïence, les poteries et les objets métalliques, qui n’ont pas besoin d’être traités sur place.
On conçoit qu’il soit indispensable de procéder à des relevés détaillés à chaque étape de ce travail préliminaire. En fait, on ne prend jamais assez de notes. Une chose qui vous paraît claire sur le moment ne le restera pas forcément quand viendra le temps de travailler sur le matériel rassemblé. En ce qui concerne les tombes, il faut prendre autant de notes que possible pendant que les objets sont encore en place. Et quand on commence à les retirer, il faut toujours avoir sous la main un carnet et un crayon, de manière à pouvoir noter immédiatement toutes ses réflexions. On croit toujours pouvoir remettre cela à plus tard, puis une autre idée vous vient à l’esprit et on oublie la première.
Passons maintenant au laboratoire, où nous aurons l’occasion de mettre en pratique certaines des théories que nous venons de formuler. On se rappelle qu’on nous avait donné la permission d’utiliser la tombe de Séthi II. Comme elle était longue et étroite, nous ne pouvions utiliser que la première chambre, l’autre partie servant d’entrepôt. À mesure que les objets nous parvenaient, ils étaient déposés dans la section centrale, toujours sur leurs civières respectives. On les apportait ensuite un par un dans la chambre de travail, où, après avoir enlevé la poussière qui les recouvrait, on les mesurait, on établissait des relevés complets et on recopiait les inscriptions sur des cartons. Puis venaient la restauration et l’application des traitements de conservation. Après quoi, on les portait devant l’entrée pour les photographier.
Enfin, les objets étaient rangés au fond de la tombe en attendant l’emballage définitif.
Dans la majorité des cas, on n’essayait pas de leur appliquer un traitement définitif. C’est, en effet, un travail qui peut prendre des mois, des années même, si l’on veut qu’il soit bien fait. La seule chose que nous pouvions faire sur place était de les restaurer suffisamment pour leur permettre de supporter le voyage jusqu’au Caire. Nous n’étions ni outillés ni assez avertis pour nous livrer aux restaurations définitives.
À mesure que la saison avançait, le laboratoire devenait de plus en plus encombré, et le travail se compliquait. Ce n’est qu’en déployant une attention de tous les instants et en respectant une stricte procédure, que nous arrivâmes à nous épargner bien des ennuis. Chaque objet entrant portait un numéro qui était ensuite noté dans un livre où l’on consignait également toutes les étapes de son traitement. Mais il fut bientôt nécessaire d’établir un système de sous-numérotation. Une boîte numérotée, par exemple, pouvait contenir cinquante objets, et chacun d’eux devait être identifiable à tout instant. Nous les distinguions par une lettre de l’alphabet ou, si c’était nécessaire, par une combinaison de lettres. Il fallait constamment veiller à ce que ces petits objets ne perdent pas leur « carte d’identité », surtout lorsqu’ils devaient suivre un traitement prolongé. Il arrivait souvent que les différentes parties d’un même objet, trouvées éparpillées dans la tombe, portent deux ou trois numéros et se voient par suite attribuer deux ou trois fiches explicatives. Ces fiches terminées étaient classées dans des casiers et, à la fin de la saison, nous avions ainsi l’histoire
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