La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon
Quant à la partie inférieure, qui avait été en contact avec d’autres objets, elle était dans un état encore plus déplorable.
Le fait que les vêtements trouvés dans la tombe aient été entassés n’importe comment dans les coffres compliquait notre tâche. Posés à plat ou correctement pliés, ou même laissés par terre, là où les voleurs les avaient jetés, il aurait peut-être été relativement plus facile de s’en occuper. Mais rien ne pouvait être pire que de les avoir entassés, écrasés ainsi avec les objets les plus incongrus.
En ce qui concerne cette robe, il aurait été parfaitement simple de la solidifier et de l’enlever en un seul morceau. Mais il y avait plusieurs objections à cette méthode. D’abord, nous risquions d’endommager ce qui pouvait se trouver en dessous, et qui pouvait se révéler encore plus précieux. Ensuite, en procédant de la sorte, nous réduisions sérieusement nos chances de connaître jamais sa taille et sa forme, pour ne rien dire des détails de l’ornementation. Nous étions donc obligés de sacrifier l’un ou l’autre, la décoration ou le vêtement. Il aurait été possible, en appliquant certains produits, de conserver de grands pans de la robe, mais nous aurions aussi dérangé et abîmé l’ornementation de perles qui se trouvait en dessous. D’un autre côté, en sacrifiant la robe, c’est-à-dire en la retirant soigneusement morceau par morceau, nous pouvions reconstituer la décoration. C’est la solution que nous adoptions en général. Plus tard, au musée, il serait toujours possible de couper des vêtements de la même taille, sur lesquels on appliquerait les perles et les sequins. Cela nous semblait beaucoup plus utile que de nous retrouver avec quelques bouts de tissu irréguliers et des poignées de perles et de sequins en vrac.
On pouvait estimer assez exactement la taille de la robe d’après l’ornementation. De la bande de perles qui bordait l’ourlet de la robe, et dont nous avions noté les moindres détails, pendait, à intervalles réguliers, une série de perles auxquelles étaient attachées des pendeloques. Il suffisait donc de multiplier l’espace entre les cordelettes de perles par le nombre de pendeloques pour obtenir la circonférence de l’ourlet, laquelle nous donnait la largeur du vêtement. Il était également possible de calculer la surface totale de la décoration d’après le nombre de sequins utilisés. En divisant cette surface par la circonférence connue, on obtenait une estimation de la hauteur. Cela impliquait évidemment que la robe ait partout la même ampleur, ce qui était loin d’être improbable, puisque nous avions trouvé quelques vêtements sans décoration coupés de cette manière.
On me pardonnera une aussi longue digression ; il me semble qu’elle était nécessaire pour bien montrer la nature des problèmes que nous devions résoudre. Retournons maintenant au coffre peint pour explorer son contenu en détail.
Nous retirâmes d’abord les sandales de jonc. Elles étaient dans un excellent état de conservation et ne soulevaient donc pas de difficulté particulière. Venaient ensuite le chevet doré et la robe. On parvint à sortir une grande partie de la couche supérieure en un seul morceau à l’aide d’une application de celluloïd en solution. Une partie de la rangée de petites perles du bas fut préservée avec de la cire pour nous servir plus tard de référence. Puis, nous nous attaquâmes à ce qu’on peut appeler la seconde couche. Là, se trouvaient trois paires de sandales et une paire de chaussons en cuir, incrustés d’or. Malheureusement, leur état laissait beaucoup à désirer. Ils avaient naturellement souffert de la manière dont on les avait rangés, mais le pire était que le cuir avait fondu, les collant l’un à l’autre et aux autres objets, ce qui rendait leur extraction de la boîte extrêmement délicate. On récupéra ce qui restait de l’ornementation en or en la badigeonnant de vernis, et on renforça le cuir autant qu’on le put. Je crois pourtant qu’il sera finalement préférable de faire faire de nouvelles sandales et d’y appliquer la décoration.
Sous les sandales, il y avait une masse de vêtements en loques, dont la plupart avaient la consistance de la suie, parsemés de rosettes et de sequins d’or et d’argent. C’étaient là les tristes débris de plusieurs robes royales. Il n’était guère facile d’en tirer des
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