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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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spéciale des crimes imputés aux condamnés, vu les circonstances qui commandent encore le secret, les Trois Juges veulent et disent laisser à Sa Sainteté le soin de choisir le genre de mort applicable aux deux condamnés. En conséquence, moi, François Rovenni, cardinal par la grâce de Dieu, juge suppléant en notre sacré tribunal, ai donné lecture aux condamnés de la sentence de mort, en audience publique et solennelle ; et cette sentence lue à haute et intelligible voix, ai respectueusement supplié Sa Sainteté, notre souveraine pontificale, de prononcer sur le genre de supplice applicable aux condamnés.
    Dès qu’il eut achevé la lecture de cet acte qui tendait à donner une sorte de légalité au meurtre de Farnèse et de Claude, le cardinal Rovenni se tourna vers Fausta. La Papesse ne fit pas un mouvement. Pas une fibre ne tressaillit dans ce visage de marbre. Pas un frisson n’agita les plis somptueux de sa robe sculpturale. Seulement ses yeux noirs, pareils à deux diamants funèbres, étincelaient dans la demi-obscurité. Et sa voix sans accent humain, sans pitié, sans haine, prononça :
    — Nous, Fausta 1 re , souveraine pontificale par l’élection du conclave secret, ayant accepté de Dieu qui me parlait par la bouche de ses serviteurs la mission de créer l’Eglise nouvelle, ayant assumé le droit de récompenser les bons et le devoir de punir les méchants, vu la sentence qui condamne à mort Jean Farnèse, cardinal, et Claude, bourreau-juré, vu le malheur des temps qui commande encore le secret, arrêtons :
    « Que les deux condamnés ne soient pas ostensiblement exécutés ;
    « Qu’ils ne soient livrés à aucun supplice capable de laisser des traces ;
    « Qu’ils attendent la mort dans le lieu de détention où ils se trouvent en ce moment ;
    « Qu’ils soient oubliés de tous ici présents ;
    « Que la faim et la soif soient les exécutrices de la sentence. »
    Les diamants noirs, les yeux funèbres de Fausta se posèrent un instant sur Farnèse qui la regardait à travers les grilles, au fond de cette lueur confuse qui enveloppait la terrible mise en scène.
    Tous les personnages qui entouraient le trône s’agenouillèrent alors. Une éclatante lumière, jaillie de vingt-quatre lames soudain démasquées, inonda le trône d’ivoire, les gardes couverts d’acier, les robes rouges des cardinaux, les robes violettes des évêques, les costumes soyeux des gentilshommes, les trompettes sonnèrent une fanfare aux accents larges et lents, sorte de marche triomphale que soutenaient les mugissements d’un grand orgue dissimulé derrière le trône… et sur ce trône, Fausta, debout, leva le bras, étendit la main droite, et les trois doigts s’ouvrirent pour la bénédiction pontificale…
    Soudain, ce décor s’effaça… Toute cette fantastique vision disparut en un instant… Farnèse et Claude se retrouvèrent plongés dans une profonde obscurité. Le même déclic qu’ils avaient entendu grinça, le même glissement de panneau se fit entendre, et lorsque la lampe du plafond se ralluma, grâce à quelque invisible mécanisme, au lieu de la grille, ils virent la muraille telle qu’elle était d’abord. Et ils purent croire que tout ce qu’ils venaient de voir et d’entendre n’était qu’une fantasmagorie de leur imagination.
    — Quel rêve ! balbutia Claude ! Quel affreux cauchemar !…
    — Quelle réalité sinistre ! répondit Farnèse de sa voix glaciale. Vous n’avez pas rêvé. J’ai assisté, moi, à deux audiences du tribunal secret. Et je sais que les sentences sont inexorables…
    — Quoi !… Nous sommes condamnés à mourir…
    — De faim et de soif !… Oui !…
    Claude voulait mourir, mais non de cette épouvantable mort. Il jeta autour de lui un regard de feu.
    — Cette fenêtre ! gronda-t-il.
    En un clin d’œil, il eut placé un escabeau sur une table, approché la table du fond de la pièce et atteint la fenêtre qui surplombait la Seine. Un souffle d’humidité venu de la rivière fouetta son visage, en même temps qu’il entendit les sourds gémissements de l’eau qui battait les fondations du palais Fausta. La fenêtre était défendue par des barreaux monstrueux… mais Claude sourit !… il se sentait assez fort pour arracher les barres de fer. Il redescendit, saisit Farnèse par le bras et haleta :
    — Nous ne mourrons pas ici… nous fuirons par cette fenêtre avant deux heures.
    Farnèse eut un imperceptible

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