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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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en doutez-vous pas ! dit Farnèse d’une voix sombre. Où sommes-nous, sinon chez celle que le démon m’a entraîné à servir, chez celle qui passe, semant la mort sur la route, pareille au génie du mal déchaîné parmi les hommes !…
    — Fausta ! gronda Claude qui parvint à se mettre debout. Je l’avais deviné ! Mais vous êtes donc prisonnier, vous aussi ?
    — J’ai été saisi au moment où je quittais le logis de la place de Grève…
    — Et moi au moment où j’y retournais pour vous chercher…
    — Ma fille ! haleta Farnèse.
    — Sauvée ! Je voulais vous conduire près d’elle…
    — Vous !…
    — Moi !
    Farnèse baissa la tête devant le bourreau qui le considérait d’un regard empli d’une ineffable sérénité.
    — Vous étiez le père, murmura Claude. Et pour le bonheur de l’enfant, il lui fallait un père qui ne fût pas le bourreau.
    Deux larmes brûlantes s’échappèrent des yeux de Farnèse… et ces larmes, le bourreau les dévora des yeux comme si elles eussent rafraîchi les pensées brûlantes qui flamboyaient dans son cerveau. Doucement, il frottait ses poignets endoloris et murmurait :
    — Autrefois, quand je serrais avec des cordes les membres des patients que je devais exécuter, je serrais sans songer au mal que je faisais ; plus je voyais les chairs se gonfler autour des cordes, plus j’étais satisfait…
    — Voyons, dit Farnèse d’une voix tremblante, vous disiez qu’elle est sauvée… répétez-le… vous disiez cela…
    — Elle est sauvée, rassurez-vous…
    — Et que vous vouliez me conduire près d’elle ?… Je ne rêve pas ?… Vous disiez bien cela ?…
    — Oui, je vous raconterai en détail toute l’aventure ; pour le moment, il faut songer à sortir d’ici… Une porte en chêne… bon !… des barreaux à la fenêtre… bon, bon ! Nous verrons bien… Avant tout, il faut que je reprenne des forces ; donnez-moi à manger !
    — A manger ? balbutia Farnèse en passant la main sur son front.
    — Oui, je meurs de faim… et surtout de soif… donnez-moi à boire… un peu d’eau fraîche me remettra tout à fait…
    Farnèse saisit le bras de Claude.
    — Je suis ici depuis ce matin, cette porte de chêne ne s’est ouverte que tout à l’heure lorsqu’on vous a jeté ici, presque dans mes bras… Moi, je n’ai pas faim encore… mais la soif me dévore… j’ai tous les feux de l’enfer dans la poitrine.
    — Eh bien ? répéta Claude.
    — Eh bien, il n’y a ici ni à manger, ni à boire… pas un morceau de pain… pas une goutte d’eau !…
    — Mais on va venir, sans doute… Attendons… et même… peut-être sera-ce le moyen de délivrance… voyons, êtes-vous fort ?…
    A ce moment, et avant que Farnèse eût pu répondre, la lampe suspendue très haut au plafond s’éteignit subitement, grâce à quelque mécanisme manœuvré du dehors. Les deux prisonniers demeurèrent silencieux, frémissants, en proie à cette épouvante spéciale qui s’empare des sens au moment où on attend quelque horrible événement.
    Un léger délie se fit entendre ; il sembla à Farnèse et à Claude qu’un panneau de muraille glissait : une faible et pâle lumière éclaira soudain l’obscurité profonde, et alors un fantastique spectacle, une vision de rêve leur apparut…
    Tout un panneau de la pièce où ils étaient enfermés semblait avoir disparu !… A la place de ce panneau, une grille se montrait, une grille qui, allant du plancher au plafond, était infranchissable, une grille composée d’épais barreaux carrés. Et de l’autre côté de cette grille, c’était une pièce de vastes dimensions, éclairée très faiblement par de rares flambeaux qui projetaient autour d’eux une lueur triste, insuffisante à dissiper les ténèbres… Au milieu de cette salle dont la grille les séparait, le cardinal et le bourreau, immobiles de cette stupéfaction qui confine à l’horreur, virent une mise en scène fabuleuse par la splendeur de l’ensemble et l’harmonie des détails…
    Au milieu de cette salle s’élevait une estrade tendue de velours incarnat et surmontée d’un dais de soie brochée à reflets rouges et à broderies d’or. Les tentures de ce dais retombant en arrière de l’estrade en plis chatoyants formaient un fond d’un rouge de flamme sur lequel ressortait en un étrange relief la somptueuse et sombre beauté de Fausta…
    Fausta, immobile sur un trône d’ivoire incrusté d’or,

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