Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
vous envoie donc un de mes fidèles, le sire de Maurevert qui se mettra à vos ordres pour vous conduire sur le terrain de chasse. »
    La lettre n’était ni signée ni scellée. Mais Fausta reconnut l’écriture de Guise.
    — Faites entrer ce gentilhomme, dit-elle.
    Les déductions de Fausta se trouvaient bouleversées : Pardaillan n’était pas rue des Barrés avec Violetta. Pardaillan était cerné rue Saint-Denis par les hommes de Guise.
    A ce moment, Maurevert entra. Et comme il savait qu’il était envoyé à une princesse, il ne put retenir un geste d’étonnement en voyant un page au pourpoint armorié de l’écu de Lorraine, là où il s’attendait à voir une femme. Fausta, en effet, ne s’était pas encore dévêtue du costume de page qu’elle avait pris pour aller sur la Grève.
    — Monsieur, dit-elle, vous m’êtes envoyé par le duc de Guise ?
    — Oui, madame, dit Maurevert en s’inclinant avec un sourire ; car, dans son esprit, cette femme habillée en page, et qui portait sur sa poitrine les couleurs du duc, ne pouvait qu’être l’une des nombreuses amies de Guise.
    Maurevert n’avait jamais vu Fausta. Il la connaissait de nom, cependant, et comme quelques familiers de Guise, il savait qu’une femme appelée Fausta, investie d’une redoutable et mystérieuse puissance, était venue à Paris pour l’exécution d’un vaste plan ténébreux, dont la fuite d’Henri III et la formation de la Ligue n’étaient que des incidents apparents. Mais Maurevert ignorait qu’il se trouvait précisément en présence de cette femme.
    — Madame, reprit-il, mon seigneur duc m’envoie à vous pour vous confirmer la nouvelle incluse dans son message. A savoir que le sire de Pardaillan va être pris comme un renard au gîte. S’il vous convient d’assister à cette partie de plaisir, veuillez me suivre, madame, sans retard. Car j’ai un certain intérêt à être moi-même présent à l’opération.
    Fausta, depuis l’entrée de Maurevert, employait toutes les ressources de son esprit à jauger pour ainsi dire l’homme, à son geste, à sa voix. Sa prodigieuse activité d’imagination et de calcul lui permettait ce travail toutes les fois qu’elle se trouvait en présence d’un inconnu. Rarement, elle se trompait. Lorsque Maurevert eut achevé de parler, elle comprit qu’une haine dévorante, inextinguible et féroce poussait cet homme qui dès lors cessait d’être à ses yeux un banal messager.
    — Monsieur de Maurevert, fit-elle tout à coup avec un de ces sourires qui faisaient frissonner, j’ai non moins de hâte que vous à me rendre auprès du duc de Guise…
    — Partons donc…
    — Un instant. Je veux vous dire la cause de ma hâte, espérant que vous m’aiderez dans mon projet.
    — Je vous suis tout acquis, dit Maurevert en s’inclinant avec cette élégante politesse qui ne lui faisait pas défaut. Mais, pour Dieu, hâtez-vous, madame !
    Fausta le considérait, le détaillait, l’étudiait avec une sombre satisfaction, et déjà elle assignait à Maurevert un rôle précis dans la grande tragédie qu’elle méditait. C’est là le secret de bien des puissances : savoir juger les gens et les employer.
    — Je veux, dit-elle en fixant un regard acéré sur Maurevert, demander une grâce à M. de Guise. Sûrement, il ne me la refusera pas. Mais enfin, puisque vous avez bien voulu me promettre votre concours, je compte sur vous, car je sais que le duc vous tient en haute estime…
    — Et quelle est cette grâce ? fit Maurevert en tordant sa moustache avec une fébrile impatience.
    — Pas grand chose, dit Fausta : la vie et la liberté de M. de Pardaillan…
    Maurevert bondit. Son regard se troubla un instant. Des plaques livides apparurent sur son visage. Il eut un rire nerveux et frappa violemment ses deux mains l’une contre l’autre.
    — Voilà ce que vous voulez que je demande au duc ? fit-il d’une voix altérée. Tenez, madame, pour éviter un retard que je ne me pardonnerais pas, laissez-moi vous apprendre ceci qui va sans doute modifier vos idées à mon égard. Voilà près de dix-huit ans que je connais… Pardaillan. Et voilà dix-huit ans, madame, que j’attends une occasion pareille à celle de ce jour. En cette occasion, madame, si mon meilleur ami me disait un mot pour Pardaillan, cet ami deviendrait mon ennemi mortel. Si mon père faisait un geste pour sauver Pardaillan, je tuerais mon père. Si le duc de Guise vous accordait

Weitere Kostenlose Bücher