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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lui-même voir Guise avant de lui remettre des millions qu’il lui a promis.
    — Je sais, dit Fausta dont le regard lança un éclair.
    — En ce moment, il est à la Rochelle où il cherche à s’entendre avec » hérétique Henri de Béarn, et je me perds en suppositions pour m’expliquer cet inexplicable changement de politique.
    — Mais moi je sais, cardinal, et cela me suffit.
    — Votre Sainteté est l’omniscience, dit le cardinal avec une sorte d’admiration humble et passionnée. Quant au surplus, tout va bien. Trois nouveaux cardinaux, sept évêques, deux cents prêtres de divers diocèses sont gagnés à notre cause et sont prêts à courir à Rome dès que les temps seront révolus.
    — Ce sera bientôt, cardinal. En attendant, voici pour vous éclairer : Sixte a vu Catherine de Médicis, qui lui a arraché une promesse de neutralité et qui l’a convaincu que Guise le trahirait. Sixte, qui veut sur le trône de France un roi à sa dévotion, s’est alors retourné vers Henri de Béarn : en se liguant avec l’hérétique, il achève de se perdre. Quant à Guise, il hésite. Son plan est d’attendre la mort d’Henri de Valois. Nous devons donc précipiter les événements. Soyez prêts tous à vous transporter à Chartres où se trouve Valois… Puisque la mort de Valois est nécessaire, qu’il meure !
    — Mais qui osera frapper le roi de France !…
    — J’ai l’instrument : un moine dans la main de qui j’ai mis un couteau. Et ce couteau sera bien aiguisé, car j’ai chargé de ce soin une femme qui ne pardonne pas… Quant au présent, cardinal, nous avons été battus. Quelques hommes se sont trouvés sur mon chemin, qui ont failli renverser nos projets. J’en tiens deux en mon pouvoir. Voici un papier où se trouve exposé le crime qu’ils ont commis contre notre Société… Réunissez donc à l’instant le tribunal et que, ce soir, soit prête la sentence que vous lirez, selon la règle, à maître Claude…
    — Notre bourreau !…
    — Et à Jean Farnèse, acheva Fausta.
    — Quoi ! le cardinal Farnèse…
    — Farnèse a trahi, cardinal !… Allez… Agissez promptement, et que l’exemple soit mémorable !
    Le cardinal pâlit. Car ces paroles de la souveraine équivalaient à un ordre de condamnation à mort. Mais tel était l’ascendant de la terrible vierge sur tous ceux qui l’entouraient qu’il dissimula son émotion et sortit après avoir pris des mains de Fausta le papier qu’elle lui tendait, acte d’accusation où étaient résumés les griefs reprochés à Claude et à Farnèse. On a vu comment Fausta avait été obéie.
    Ayant ainsi réglé le sort de Claude et de Farnèse, Fausta se mit à songer à Violetta.
    La jeune fille se trouvait dans la maison de la rue des Barrés. Avec qui ? Avec Pardaillan, sans aucun doute. Le chevalier avait arraché Violetta aux gardes qui la traînaient au bûcher. Il l’avait confiée à un de ses amis qui avait emporté la jeune fille. Tout cela, Fausta l’avait vu de ses yeux.
    Pardaillan avait rejoint son amante dans l’hôtel de la rue des Barrés — maison connue de Claude qui s’y était rendu. De là Claude était retourné au logis de la place de Grève. Pourquoi ? Evidemment pour aller chercher Farnèse, père de Violetta. Donc, à ce moment, Pardaillan et son ami — sans doute le maître de la maison — attendaient avec Violetta le retour de Claude qui devait ramener Farnèse.
    Tel fut le raisonnement de Fausta. Et on voit qu’elle avait rétabli de la vérité tout ce qu’on pouvait en rétablir par le raisonnement.
    La conclusion était simple : elle tenait Claude et Farnèse. Il ne restait plus qu’à marcher à la rue des Barrés avec des forces suffisantes pour s’emparer de Pardaillan et de son amante.
    Fausta, une fois sa résolution prise, n’en remettait jamais l’exécution. Elle frappa donc pour donner des ordres. Le valet qui entra tenait un plateau d’or à la main. Sur le plateau il y avait une lettre.
    — Un gentilhomme de Mgr de Guise, dit le valet en fléchissant le genou, vient d’apporter cette missive. Il attend.
    Fausta prit la lettre, la décacheta, la lut et tressaillit. Voici ce qu’elle venait de lire :
    « Madame, nous tenons le damné Pardaillan. Il est en l’auberge de la
Devinière
, sise rue Saint-Denis, que nous cernons de toutes parts. La bête est prise au piège, et j’ai pensé qu’il vous serait agréable d’assister à l’hallali. Je

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