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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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faire !…
    La mère des Guise darda alors son clair regard sur son fils aîné.
    Et d’une voix sourde où se devinait une haine invétérée que les ans n’avaient pu émousser, la mère des Guise parla :
    — Henri, dit-elle, voici là le portrait de votre père et, vous pouvez m’en croire, c’est son esprit même qui m’anime. Ce portrait, s’il pouvait parler, vous dirait : « Mon fils, j’ai été lâchement assassiné par un de ces misérables huguenots qui insultent l’Eglise et qui ont frappé en moi le ferme serviteur de Dieu. Au nom de l’Eglise bafouée, au nom de mon sang qu’ils ont versé, vengeance, mon fils, vengeance !… »
    — Nous avons fait la Saint-Barthélémy, dit Henri d’une voix sombre, et nous en avons tué vingt mille.
    — Oui, reprit la vieille duchesse avec un sourire terrible, nous en avons tué quelques-uns… mais ce n’est pas assez !…
    — Que faut-il donc ?
    La mère des Guise eut un geste large.
    — Il faut, dit-elle, l’extermination complète de la secte ! Il faut que sur toute la surface du royaume, il ne se trouve plus un seul homme qui puisse dire : « Je suis de la même religion que Poltrot qui tua François de Lorraine sous les murs d’Orléans ! » Et pour accomplir cette grande œuvre, il faut à ce royaume un roi tel que vous, mon fils !
    L’orgueil de la mère éclatait dans ce mot.
    — Un roi, continua-t-elle, qui puisse entreprendre la grande chevauchée sanglante, un roi dont le flamboyant aspect sème la terreur sur les champs de bataille, et qui, l’estramaçon dans la main, parcoure la France pour le dépeupler à jamais de la race maudite !… Un roi, enfin, qui méritant le nom de fils de David, beau comme vous, indomptable comme vous, terrible comme vous, marche de victoire en victoire, recommence Vassy, refasse Jarnac et Moncontour et achève la Saint-Barthélémy… C’est vous, mon fils, qui êtes ce roi !
    Emporté par l’ardente parole, le Balafré haletait. Le cardinal frémissait, Marie souriait. Et Mayenne, les mains croisées sur son ventre, écoutait.
    — Oui ! oui ! s’écria le cardinal avec un accent sauvage. Dieu le veut !
    — Tonsurons [15] frère Valois ! dit la duchesse d’une voix aigre.
    — Par la mort diable ! songea Mayenne, il faut convenir que Dieu est tout de même bien affamé !
    — Or, reprit la mère des Guise, savez-vous de quoi nous sommes menacés ? Savez-vous ce qui se passe à l’heure même où nous discutons, tandis que d’autres agissent ?… Nous sommes menacés de voir la couronne passer aux Bourbons impies ! Le trône de France livré aux huguenots schismatiques et assassins de François de Guise ! Oui, le pape a maudit les parpaillots ! Oui, Sixte a excommunié les Bourbons et les a déclarés inaptes à régner !… Mais savez-vous où est en ce moment ce pape fourbe, rebelle à la loi divine, hypocrite et peut-être relaps ?… Où est Sixte Quint, Henri ?… Où est le pape, mes fils ?… Sixte Quint est au camp du roi de Navarre ! Sixte Quint se réconcilie avec Henri de Béarn. Ecoutez : Sixte Quint lui a apporté les millions qui nous étaient destinés !…
    — Ventre-saint-gris ! s’écria Mayenne en imitant l’accent du roi de Navarre. Est-ce possible, madame ?…
    — Enfer et malédiction ! rugit le Balafré, si cela était !…
    — Cela est, gronda le cardinal.
    — Cela est ! reprit la mère des Guise d’une voix plus rauque, plus haineuse, plus violente. Et comme je le disais en entrant, nous sommes perdus tous ! Si nous ne prenons les devants, si nous ne mettons la main sur la couronne avant que Navarre ne la pose sur sa tête, c’est notre mort à tous ! Car le premier acte d’Henri de Bourbon, devenu roi de France, sera de vous faire saisir, mes fils ! Et la tête de votre mère roulant sous la hache du bourreau vous jettera une malédiction suprême !…
    A ces mots, le Balafré se leva, tira sa dague et jeta autour de lui un regard de fou, comme s’il eût voulu protéger sa mère contre ce bourreau qu’elle venait d’évoquer. La duchesse de Nemours, se levant à son tour, saisit son bras, lui arracha la dague et gronda :
    — Mon fils, sauve-toi, sauve-nous, sauve la religion ! Jure sur cette arme qui est aussi une croix de marcher à l’infidèle et de frapper l’hérétique, s’appelât-il Bourbon… s’appelât-il…
    — Achevez donc, ma mère ! gronda furieusement le cardinal.
    — S’appelât-il

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