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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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connaissait !…
    — Allons, allons, maître Claude, fuyez ces souvenirs qui vous tuent !…
    — Avec quel enivrement, continua Claude, sans entendre, je courais à Meudon !…, Le cœur palpitant, j’entrais dans le jardin. La bonne Simonne venait au-devant de moi… Et l’enfant ?… Ah ! la voici ! Ses jolis bras tendus, elle accourt, je la saisis, je la hisse, elle me serre le cou, elle grimpe sur mes épaules en riant, en me tirant les cheveux, et en criant comme une petite folle : Mère Simonne ! voici papa !… Ah ! quel bon rire…
    Maître Claude couvrit son visage de ses deux mains… Il pleurait doucement, sans bruit…
    — A quoi bon vous mettre le cœur à l’envers ? dit dame Gilberte.
    — Mon cœur !… L’enfant l’a emporté dans ses petites menottes qui si souvent ont caressé mon front !… Un matin… jour d’épouvante, jour de malédiction ! C’était un jeudi… toute la vie, je m’en souviendrai… il faisait beau… cela sentait bon la fraîcheur, sous les ombrages de Meudon… j’arrive, j’appelle… pas de réponse… Bon ! elles sont descendues à la Seine, sans doute ? Et pourtant !… Enfin, je ne voulais pas avoir peur… J’entre dans le jardin ! Pas de Simonne ! Encore moins d’enfant ! Je pénètre dans la maison… tout est bouleversé comme par une lutte… je veux appeler, ma voix s’étrangle… je me sens devenir fou. … je sors, je crie, je hurle… rien, toujours rien !… Je cours à la Seine, je bondis dans le bois, je reviens à la maison… rien ! toujours rien ! L’effroyable journée !… Je tombe, le soir, sans connaissance… et lorsque je reviens à moi, je vois une femme qui me soigne… Mon enfant ! Où est mon enfant !… Oh ! on ne sait pas ? Nul ne sait !… Tout ce qu’on sait dans le voisinage, c’est que la veille, on a vu passer une troupe de bohémiens… Comment ne suis-je pas mort !
    — Vous avez bien failli mourir, maître Claude, fit dame Gilberte ; et lorsque vous m’êtes revenu huit jours après, tremblant la fièvre… j’ai bien cru…
    Un coup frappé à la porte interrompit la vieille servante et réveilla de longs échos dans la maison. Gilberte demeura immobile, saisie de stupeur… Claude se redressa violemment, le poing sur la table, le cou tendu, les yeux hagards.
    — Qui peut venir ici ? murmura la vieille en pâlissant.
    — Depuis huit ans, nul n’a frappé à cette porte ! gronda Claude. Qui cela peut être, sinon le malheur qui passe ?…
    Un deuxième coup plus rude du heurtoir retentit, sourdement. Maître Claude retomba pesamment dans son fauteuil et fit un signe impérieux à la servante qui sortit. Et il demeura les yeux fixés sur la porte de la salle. L’instant d’après il entendit le bruit de la barre de fer qu’on décadenassait, de la chaîne qu’on laissait tomber, des verrous qui grinçaient… Puis il y eut un silence…
    Tout à coup, dans l’encadrement de la porte, un homme parut la tête couverte d’une cape noire… Claude se leva, et d’un ton raide et craintif à la fois, demanda :
    — Qui êtes-vous ?… Homme ou spectre… que voulez-vous de moi ?…
    L’inconnu s’avança lentement de quelques pas… Un tremblement convulsif l’agitait… Il demeura une minute sans parler ; puis d’une voix basse et rauque, il prononça :
    — Maître, je viens requérir les services de ta profession…
    Claude fut secoué d’un tressaillement terrible. Un sourire livide crispa ses lèvres. Il se secoua comme pour rejeter le fardeau de ses souvenirs et il dit :
    — Du temps que j’exerçais mon sinistre métier, l’official et le grand prévôt seuls pouvaient me requérir. Vous n’êtes ni l’official [7] , ni le grand prévôt… sans quoi vous sauriez que depuis huit ans, je me suis fait relever de mes fonctions… Allez en paix, qui que vous soyez, vous qui cachez votre visage à l’ancien bourreau de Paris !…
    L’inconnu ne broncha pas. D’une voix plus basse, plus rauque, il laissa tomber ces mots :
    — Pour moi, pour celle qui m’envoie, tu n’es pas relevé de ta fonction. Pour moi, pour celle à qui tu dois obéissance, tu es encore le bourreau… regarde !
    Alors il sortit de dessous son manteau sa main droite qu’il tendit. Au médius de cette main, il y avait un large anneau couronné par un énorme chaton de fer sur lequel étaient tracés des signes mystérieux. Claude jeta un coup d’œil sur ces signes. Alors un

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