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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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frémissement le fit chanceler !
    Alors aussi, il s’inclina, se courba très bas, dans une attitude de profonde humilité !…
    — Tu obéis ?… demanda l’inconnu.
    — J’obéis monseigneur !… répondit Claude d’une voix étranglée.
    — Bien. Rends-toi à la maison du bout de l’île, derrière Notre-Dame. L’exécution est pour dix heures… Y seras-tu ?
    — J’y serai, monseigneur !… fit Claude dans un soupir qui ressemblait à un râle. Mais dites à ceux qui vous envoient que je suis las, bien las… que l’horreur pèse sur mes nuits d’un poids trop lourd… que dussé-je être tué moi-même, je ne veux plus tuer… et que je déchirerai demain le pacte qui m’enchaîne.
    Il se redressa de toute sa hauteur et ajouta :
    — Cela dit, monseigneur, ne comptez plus sur moi… cette exécution sera la dernière !…
    — La dernière ! fit l’homme. Soit !… Maintenant, Claude, je vais te montrer ce visage que tu me reprochais de tenir caché…
    — Qu’importe votre visage ! gronda Claude. Puisque j’ai vu votre main… puisque j’ai vu l’effroyable anneau de fer, cela suffit !… Allez en paix, monseigneur !…
    — Il faut pourtant que tu me voies face à face, dit l’inconnu dans un sanglot. Car maintenant ce n’est plus au bourreau que je parle ! Ce n’est plus l’envoyé de la souveraine qui te parle !…
    D’un geste rapide, il fit tomber sa cape et son visage apparut, pâle d’une pâleur spectrale. Claude recula, haletant, et murmura avec un indicible accent où il y avait de la terreur, du défi, du remords peut-être :
    — L’évêque !… Le prince Farnèse !… Le père de l’enfant !…
    — De l’enfant que tu me volas ! gronda Farnèse. Oui, c’est moi ! Moi qui t’ai maudit ! Moi qui viens de te maudire encore, puisque tu n’as pas eu pitié de mon malheur ! Ou plutôt, non ! je ne te maudis pas. Une espérance insensée m’a soutenu jusqu’à ce jour. Oui, j’espère encore ! C’est en suppliant que je viens… Ecoute ! Dis-moi la vérité ! Sois homme une fois dans ta vie !
    Claude hésita un instant… puis secoua la tête. Farnèse attendait, pantelant.
    — La vérité ! gronda enfin Claude. Je vous l’ai dite le jour que vous êtes venu, il y a près de quinze ans !
    Farnèse baissa la tête, comme écrasé, et chancela…
    — Elle est morte ! reprit Claude d’une voix glaciale. Morte trois jours après que je la recueillis au pied du gibet… morte dans les bras de la femme à qui je la confiai…
    Le cardinal prince Farnèse ne dit plus rien. Il leva les bras au ciel et les laissa lourdement retomber. Puis il ramena sa cape sur sa tête et, avec un lugubre gémissement, se dirigea vers la porte. Claude, rapidement, jeta un manteau sur ses épaules, suivit Farnèse et le rejoignit au moment où il mettait le pied dans la rue. Il le toucha au bras, et d’un accent de timidité farouche :
    — Pardon… un mot encore…
    Farnèse frissonna, violemment arraché à sa pensée d’insondable amertume :
    — Que veux-tu ?
    — Vous ne m’avez pas dit qui je dois exécuter ce soir !…
    — J’ignore !… dit Farnèse, morne et glacé.
    — Est-ce un homme ?… Une femme ?…
    — Une femme !… Une jeune fille !…
    Claude frémit d’angoisse… Une jeune fille… Un être de grâce et de faiblesse qu’il allait supprimer !…
    — L’infortunée ! murmura-t-il.
    A ce moment, le bronze de Notre-Dame tinta dans la nuit, et les ondulations sonores s’épandirent sur la Cité endormie en hululements d’une infinie tristesse… Les deux hommes, le cardinal et le bourreau, demeurèrent immobiles, comptant les coups. Et quand la voix de la cathédrale se tut, celle du cardinal s’éleva :
    — L’heure de l’exécution ! dit-il sourdement.
    Puis, Farnèse leva la main comme pour jeter un ordre suprême, et lentement, de son pas silencieux, la tête penchée, les épaules frissonnantes, il s’en alla dans la direction du Petit-Pont. Le bourreau essuya la sueur qui inondait son front… Et il s’élança vers Notre-Dame, vers l’extrémité de l’île, vers la mystérieuse maison de la princesse Fausta, en grondant :
    — La dernière exécution… La dernière victime !…
    q

Chapitre 5 LA MAISON DE LA CITE
    L a Simonne fut enterrée dans le plus proche cimetière, c’est-à-dire aux Innocents. Comme de juste, elle fut jetée dans le coin des hérétiques ; et aucune croix ne surmontait

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