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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de la trompe à trois reprises. Si désert que fût l’endroit, les ruelles voisines dégorgèrent aussitôt un flot respectable de curieux et de commères qui entourèrent le crieur. Sur le perron de l’auberge se montrèrent des femmes, des écoliers, des soldats.
    — Ecoutons, dit Pardaillan. Les crieurs racontent souvent des choses fort curieuses, d’autant que celui-ci est escorté de gardes aux armes de notre bien-aimé duc de Guise…
    Lorsque le crieur jugea qu’il était environné d’un nombre suffisant d’auditeurs, il se mit non pas à lire, mais à réciter à haute voix un cri qu’il avait sans doute appris par cœur. Il n’en tenait pas moins un parchemin dans les doigts.
    — Nous, maître Guillaume Guillaumet, crieur patenté de la ville de Paris, par ordre exprès de monseigneur duc régent de cette ville en l’absence de Sa Majesté le roi…
    — Vive Guise ! Mort à Hérode ! interrompit la foule.
    — Ordre ci-présent, signé de sa main et scellé de son sceau ducal fassions savoir à tous et toutes présents, les sommant de le répéter à tous et toutes non présents :
    « Le sire de Pardaillan, ci-devant comte de Margency, est déclaré félon, traître et rebelle aux intérêts de l’Eglise et de la Sainte-Ligue.
    Il est mandé à tout féal serviteur de la foi, ecclésiastique ou laïque, de saisir au corps ledit sire de Pardaillan et de le livrer à l’Official.
    Que s’il ne peut être saisi vif, soit livré mort.
    Que ledit sire de Pardaillan est de taille moyenne, plutôt grand, large des épaules, portant costume de velours gris et chapeau à plume de coq ; qu’il porte moustache à retroussis et barbiche à la royale, qu’il a le front haut, les yeux clairs, la figure insolente ; et qu’à ces signes on ne peut manquer de le reconnaître, en quelque lieu qu’il se cache.
    Faisons en outre connaître, et promettons :
    Qu’une somme de cinq mille ducats d’or sera remise à quiconque, ecclésiastique ou laïque, homme ou femme, saisira vif ledit sire de Pardaillan, ou présentera sa tête soit à l’Official, soit au grand prévôt, soit à tout autre officier de justice. »
    Maître Guillaume Guillaumet souffla une fois dans sa trompe, ce qui signifiait que le cri était terminé. Et cette fois, la foule fut tellement frappée d’admiration par la promesse des cinq mille ducats d’or, une fortune considérable, qu’elle oublia de pousser son ordinaire clameur de : « Vive Henri le Saint ! Vive le pilier de l’Eglise ! »
    Le crieur s’éloigna pour recommencer plus loin, suivi d’un grand nombre de gens qui voulaient entendre répéter ce mot magique : « Cinq mille ducats d’or ! » et qui déjà cherchaient dans leur tête le moyen de gagner cette fortune.
    Dans la salle commune du
Pressoir de fer
où Pardaillan et Charles entrèrent, le premier très calme, le deuxième bouleversé et livide, on ne s’entretenait que du cri. Les demandes, les réponses se croisaient, et toujours, comme un prestigieux refrain, revenait ce mot qui semblait sonner comme du métal : « Cinq mille ducats d’or ! »…
    Pardaillan avait tranquillement traversé la salle commune et gagné un cabinet éloigné que le chevalier se rappelait avoir franchi d’un bond le soir de son algarade dans le palais Fausta ; il voulait se rapprocher le plus possible de la porte de communication. Mais où était au juste le passage ?… Il s’assit à une table. Et à la femme qui vint demander ce qu’il fallait servir à ces gentilshommes, il répondit :
    — A dîner ! Le cri du sieur Guillaumet m’a creusé l’appétit.
    Dix minutes plus tard, une jolie omelette, dorée à souhait, laissait échapper son fumet parfumé. En quelques bouchées, Pardaillan expédia l’omelette. Puis il attaqua un pâté d’anguilles dont il ne laissa que la terrine. Puis il déclara la guerre à certain poulet que l’hôtesse affirma supérieur aux chapons manceaux. Le tout arrosé de quelques flacons d’un petit vin des coteaux de Saumur pétillant comme du champagne. Sans perdre un coup de dent, Pardaillan grommelait parfois :
    — Mangez donc, morbleu ! Vous faites là une mine de carême…
    Charles, en effet, ne suivait l’entrain du robuste dîneur que de fort loin et sans conviction.
    — Une mine de carême, continuait Pardaillan, à croire que vous avez la conscience bourrelée de remords. N’est-ce pas, mon aimable hôtesse ?
    L’aimable hôtesse, une

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