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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Sainte-Ligue : elle en est l’âme ! Elle a bouleversé le royaume. Elle bouleversera Paris pour vous atteindre, s’il y va de son intérêt… Que sont les poisons des Borgia et des Médicis ! Que sont les poignards des reîtres lorrains ! Des jeux d’enfant auprès des inventions formidables de cette femme ! Elle a son armée à elle ! Elle a sa justice à elle ! Des milliers d’espions sillonnent pour elle la capitale et le royaume. Elle voit tout, elle sait tout. Et pour atteindre ceux qui sont un obstacle à sa marche flamboyante, elle dédaigne le poison, elle dédaigne le poignard… elle emploie des armes plus violentes encore, et ces armes s’appellent : Religion et Justice !… Monseigneur, prenez garde aux juges de Fausta, aux prêtres de Fausta !… Ses prêtres font et défont des mariages ! Ses juges saisissent l’ennemi de Fausta, et le conduisent à la Bastille pour le questionner et jeter ensuite son corps pantelant au gibet ou à l’échafaud !…
    — Impossible ! Oh ! tout cela n’est qu’un rêve affreux !…
    — Enfin ! Songez à Henri III chassé de Paris ! Songez au bûcher préparé pour Violetta ! Songez que nous-mêmes, il n’y a pas deux heures que nous sommes hors de la Bastille !… Songez à maître Claude ! Songez au prince Farnèse !
    — Qui sait ce que sont devenus ces deux infortunés !…
    — Je le sais, moi… toujours grâce à la bienheureuse visite que j’ai reçue dans mon cachot.
    — Pardaillan, haleta Charles, il faut délivrer ces deux hommes !… L’un est le père de Violetta… et l’autre… Ah ! je ne comprends pas… Mais Violetta l’aime et le vénère !… Où sont-ils ? Oh ! si vous le savez… ‘
    — Ils sont là ! dit Pardaillan en désignant une maison à Charles qui s’arrêta, frémissant.
    Depuis quelques minutes, ils étaient entrés dans la Cité et l’avaient contournée jusqu’à cette pointe qui s’allongeait derrière Notre-Dame. Le jeune duc se vit en présence de hautes murailles noires, lézardées, une façade sombre et muette avec une porte de fer, de rares fenêtres fermées, une apparence de logis abandonné depuis des années, avec ses moisissures verdâtres qui lui donnaient une figure de lépreux…
    — Oh ! murmura Charles avec une sourde terreur, ni la Bastille, ni le Temple, ni le Châtelet n’ont physionomie aussi repoussante et sinistre !… Pardaillan, quelle infâme prison est-ce là ?…
    — C’est le palais de Fausta ! dit Pardaillan.
    Charles eut un mouvement comme pour s’élancer. Le chevalier le saisit par le bras.
    — Frappez à cette porte de fer ! dit-il froidement, et dans dix minutes nous aurons rejoint Claude et Farnèse qui agonisent de faim derrière ces murs !…
    — De faim ! balbutia Charles en essuyant son front ruisselant de sueur.
    — Oui !… Du moins d’après ce que m’a raconté le charmant cavalier qui m’est venu voir…
    — Et ce cavalier ?…
    — C’était Maurevert !… Mais cela me rappelle que moi-même, je meurs de faim ! Voici justement, près de la maison où l’on agonise par la faim et la soif, la maison où l’on mange et où l’on boit…
    Charles jeta les yeux sur l’auberge que lui désignait Pardaillan. Elle était jolie, accorte, avenante et fleurie. Pardaillan se souvenait parfaitement que le soir où il était entré dans le palais de Fausta, une femme évanouie dans ses bras, le soir où il avait eu avec la maîtresse du palais cet entretien qui s’était terminé par une bagarre, il se souvenait, disons-nous, qu’entré par le palais c’était par l’auberge qu’il avait pu fuir. Il y avait donc sûrement communication et probablement accointance morale entre le sinistre palais et la jolie auberge.
    — Pardaillan ! fit Charles haletant, je n’ai pas faim, moi ! Il faut délivrer ces deux infortunés !…
    — Eh ! par les cornes du diable, c’est justement pour cela qu’il nous faut aller dîner à l’auberge du… du… voyons l’enseigne… tiens, tiens !… voilà qui me rappelle étrangement…
    Et Pardaillan, pâle et pensif de ses souvenirs, murmura en frissonnant :
    — Le
Pressoir de fer 
!… Entrons ! ajouta-t-il brusquement.
    Et il se dirigea vers le cabaret tenu, au dire de la jolie enseigne qui se balançait en agitant ses grelots, par la Roussotte et Pâquette…
    Au moment où ils allaient franchir le perron, un crieur public apparut, escorté de quatre pertuisaniers, et sonna

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