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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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secrète présence à Paris, mon hôtel est à vous. Daignerez-vous accepter l’humble et pieuse hospitalité de la plus fervente et de la plus soumise de vos filles ?
    — Oui, dit gaiement Sixte Quint. Je suis trop vieux pour me remettre en route sans avoir pris quelques jours de repos. Mais je ne serai votre hôte qu’à la condition expresse que vous continuerez à demeurer dans votre hôtel. Je me contenterai d’un appartement pour moi et ma suite…
    Catherine s’inclina dans la plus majestueuse et la plus servante des révérences. Lorsqu’elle fut sortie, Sixte Quint s’assit à une table, demeura rêveur pendant quelques minutes, puis se mit à écrire longuement. Quant il eut terminé, il fit appeler Cajetan, le seul de ses cardinaux en qui il eût une confiance absolue.
    — Cajetan, lui dit-il, vous allez partir à l’instant. Hors Paris, vous lirez avec attention ce papier qui renferme des instructions précises, puis vous le détruirez quand vous aurez compris…
    — Où dois-je aller, Saint-Père ? demanda le cardinal.
    — Il s’agit, mon bon Cajetan, de déployer toute votre diplomatie, tout cet esprit de finesse et de force qui fait de vous le plus ferme soutien de mon trône… Il s’agit de conquérir, d’amener à nous… le seul homme capable de tout entendre et de tout comprendre, capable de sauver l’Eglise et de restaurer l’autorité royale en France…
    — Et qui est cet homme, Saint-Père ?…
    Sixte Quint regarda fixement le cardinal et répondit :
    — C’est un huguenot. Il s’appelle Henri de Bourbon. Il est roi de Navarre en attendant d’être roi de France… Allez, Cajetan !…
    q

Chapitre 15 SAIZUMA
    P endant trois jours, le chevalier de Pardaillan et Charles d’Angoulême battirent Paris pour retrouver une trace quelconque de la petite bohémienne. Mais ce fut en vain. Pipeau lui-même, que le chevalier alla chercher à la
Devinière
, n’indiqua aucune piste, soit que les traces fussent inventées, soit que le chien eût perdu le flair.
    — C’est fini, dit Charles avec abattement. Je ne la retrouverai plus.
    — Pourquoi cela ? ripostait Pardaillan. Une femme se retrouve toujours, vous pouvez m’en croire.
    — Pardaillan, je suis au désespoir, reprenait le jeune homme, qui en effet avait toutes les peines à dissimuler ses larmes.
    Le chevalier le regarda avec une expression de fraternelle pitié. Et il soupira, comme s’il eût bien voulu, lui aussi, être à l’heureux âge où l’on pleure parce qu’une jolie fille a disparu.
    — Ah ! çà, s’écria-t-il, je voudrais bien comprendre, moi ! Lorsque madame votre mère me fit l’insigne honneur de me prier de veiller sur vous, je croyais que vous veniez à Paris avec des pensées d’ambition… Sur le plateau de Chaillot, je vous ai proposé de conquérir le trône vacant…
    — Le trône ! murmura le duc d’Angoulême en tressaillant.
    — Eh ! oui, par tous les diables ! Pourquoi ne seriez-vous pas roi ? N’êtes-vous pas de sang royal ? Que manque-t-il à votre tête pour que vous ayez une figure de Majesté ? Une couronne, voilà tout !
    Pardaillan examinait son jeune ami avec une sorte d’inquiétude.
    — Non ! dit fermement le jeune homme. Non, Pardaillan, ce n’est pas pour cela que je suis venu à Paris !
    Le visage du chevalier s’éclaira.
    — Ainsi, dit-il, vous ne rêvez pas la royauté ?…
    — Non, mon ami…
    — Vraiment ! vous n’avez pas fait ce joyeux rêve ?…
    — Peut-être, Pardaillan. Mais je me suis éveillé.
    Le chevalier se mit à se promener dans la pièce où avait lieu cet entretien. Il souriait. Ses yeux brillaient de joie.
    — Alors ! reprit-il tout à coup, qu’êtes-vous venu chercher à Paris ?… Simplement la vengeance ?…
    Cette fois, l’œil du jeune duc s’alluma ; et Pardaillan qui l’examinait en dessous fut repris de cette bizarre anxiété que nous venons de signaler. Mais presque aussitôt, cette flamme s’éteignit sur le visage charmant de jeunesse, de grâce et d’abandon, et Charles répondit d’une voix tremblante :
    — En vain je voudrais me parer à vos yeux d’un sentiment de force qui n’est pas dans mon âme… Méprisez-moi, Pardaillan : je ne suis ni le prince que votre audace a peut-être espéré lorsque vous avez cru que l’ambition de régner me poussait à Paris, ni l’homme de violence que votre esprit d’entreprise a souhaité sans doute lorsque d’après mes propres paroles et

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