Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
gauche de l’hôtel de la rue des Barrés se trouvait une petite cour. Là, s’ouvrait l’écurie qui jadis avait abrité les mules de Marie Touchet et où maintenant les chevaux de Pardaillan et du duc d’Angoulême mâchonnaient du foin côte à côte. Le chevalier, traversant la petite cour, aperçut deux hommes sur la porte de cette écurie, assis sur une botte de paille et devisant entre eux assez mélancoliquement.
    C’étaient Picouic et Croasse. Ils se levèrent ensemble à la vue de celui qu’ils avaient failli assassiner ; Pardaillan leur avait bien offert l’hospitalité pour une nuit. Mais au cours des journées qui venaient de s’écouler, il les avait oubliés, et les croyait envolés vers d’autres gîtes.
    — Que diable faites-vous là ? demanda-t-il.
    — Comme monseigneur peut voir, dit Picouic, nous prenons le frais.
    — Je vois bien. Mais pourquoi ici plutôt que n’importe où ailleurs ?…
    Picouic et Croasse parurent saisis d’une douloureuse stupéfaction.
    — Monseigneur, fit Croasse en courbant sa longue échine, oublie-t-il donc qu’il a daigné nous inviter à nous reposer dans cette demeure ?
    Pardaillan se mit à rire.
    — En sorte que vous continuez à vous reposer, mes drôles ?… Il paraît que vous étiez bien fatigués !
    — Monseigneur peut le croire ! Voilà du temps et du temps que nous menons une existence d’enfer. Coucher sur la dure, pousser aux roues de la voiture dans les montées, des travaux d’Hercule, monseigneur, et pour toute récompense, le bâton du maître ; pour toute nourriture, avaler des sabres et des cailloux : pour toute boisson, nous rafraîchir avec des étoupes enflammées… Nous en avions assez et nous avions juré qu’en arrivant à Paris, notre premier soin serait de chercher un maître qui eût autre chose à nous offrir que des coups de trique et surtout une nourriture…
    — Moins indigeste ? fit Pardaillan.
    — Oh ! nous digérons tout, dit Picouic. L’estomac est bon, Dieu merci. Je voulais dire une nourriture plus agréable.
    — Je conçois en effet ce désir, si ambitieux qu’il paraisse d’abord, fit gravement le chevalier. Mais dites-moi, où avez-vous dormi, depuis que je vous ai introduits dans cette maison où je ne suis d’ailleurs moi-même qu’un hôte ?
    — Ici ! dit Croasse en désignant l’écurie. Messeigneurs vos chevaux ont bien voulu nous céder quelques bottes d’excellent foin…
    — C’est donc aussi de foin que vous vous êtes nourris ?…
    — Ce ne serait pas la première fois, reprit Picouic. Mais grâce aux ordres que vous avez donnés l’autre nuit à ce digne serviteur, excellent homme, la perle des honnêtes gens… cet homme, dis-je, sur vos ordres…
    — Je n’ai donné d’autre ordre que celui de vous héberger une nuit…
    — Cet homme, continua Picouic froidement, nous a, matin et soir, apporté à dîner de fort honorable façon.
    — En sorte que vous voilà installé ? Vous avez trouvé une maison de cocagne, et tout simplement, vous y restez ?
    — Oh ! monseigneur, dit Croasse, nous comptions bien nous en aller, un jour ou l’autre. Il faut bien que nous nous mettions à la recherche d’un maître moins rude que Belgodère.
    — Belgodère ? demanda Pardaillan qui tressaillit. Celui-là qui fait profession de bateleur et logeait rue de la Tisseranderie, à l’
Auberge de
l’Espérance
 !…
    — Celui-là même !… Nous avons, l’autre jour, profité d’une absence qu’il a faite pour nous éloigner à l’aventure. Mais pour tout dire, nous étions fort embarrassés de notre personne et nous commencions à regretter la pâtée de Belgodère, si mauvaise qu’elle fût, lorsque notre bonne étoile nous a fait passer devant la
Devinière
… Maintenant, continua Picouic, si monseigneur daignait le permettre, je lui soumettrais une idée qui m’est venue en dormant sur le foin de cette écurie…
    — Voyons l’idée, dit Pardaillan.
    — Nous cherchons un maître, monseigneur, un maître qui ne nous rosse pas du matin au soir, ou qui, du moins, après la rossée, nous sustente autrement qu’avec des cailloux. Nous cherchons, dis-je, un maître qui sache reconnaître notre courage…
    — Votre courage ?… Hum !…
    — Notre intelligence, notre habileté, enfin toutes les qualités qui, comprimées en nous par une existence pitoyable, ne demandent qu’à prendre leur essor… Pourquoi ne seriez-vous pas ce maître ?…
    — Dites-moi,

Weitere Kostenlose Bücher