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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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C’est possible. En tout cas, ma digne femme, ce n’est pas pour moi que je réclame d’elle l’hospitalité, mais bien pour cette infortunée bohémienne…
    Il s’effaça et désigna Saïzuma. La sœur — car malgré son costume civil, fort délabré d’ailleurs, ce ne pouvait être qu’une religieuse — la sœur, donc, examina la bohémienne d’un coup d’œil rapide, et dit :
    — Notre révérende abbesse Claudine de Beauvilliers nous interdit de recevoir les hérétiques ailleurs que dans une partie du couvent où nous-mêmes, nous ne pénétrons pas. Je vais y conduire cette femme.
    — Je viendrai la rechercher sous peu de jours, peut-être dès demain.
    — Quand il vous plaira, mon gentilhomme.
    Saïzuma entra. La religieuse jeta au chevalier un nouveau sourire qui le surprit autant que le premier. Puis la porte se referma. Et Pardaillan s’éloigna, non sans réfléchir avec une inquiète curiosité à ce singulier sourire, à cette religieuse laïque, à ce couvent délabré, et enfin à cette sorte de désinvolture étrange avec laquelle, malgré le respect des termes, la sœur portière avait parlé de l’abbesse des bénédictines… Claudine de Beauvilliers.
    q

Chapitre 16 LA VISION DE JACQUES CLEMENT
    L es nécessités de notre récit nous ramènent dans Paris, à l’extrémité de la Cité, dans le palais de la princesse Fausta. En cette élégante petite salle où déjà nous avons vu la Fausta aux prises avec le génie du mal souffler d’abord au duc de Guise une pensée de meurtre, puis essayer d’entraîner Pardaillan dans l’orbite de feu qu’elle parcourt comme un météore, là, disons-nous, elle parle cette fois à une femme.
    Et cette femme que nous avons entrevue dans la scène d’orgie que nous avons dû décrire, c’est justement Claudine de Beauvilliers, l’abbesse des bénédictines de Montmartre. L’entretien tirait sans doute à sa fin, car Claudine était debout, prête à se retirer.
    — Ainsi, disait Fausta comme pour résumer ce qui venait d’être dit, la petite chanteuse ?
    — En parfaite sûreté parmi les filles de ma maison. Et bien fin, madame, qui l’irait là découvrir. Elle est d’ailleurs gardée à vue par ce Belgodère.
    — N’importe… Veillez. Vous me répondez de cette petite sur votre vie ?
    — Sur ma vie, j’en réponds, madame… Mais il me reste à savoir ce que je dois en faire… il m’a semblé entrevoir… que vous désiriez…
    — Parlez clairement, dit Fausta impérieuse. Voyons, qu’avez-vous entrevu ?
    — Que vous avez condamné cette Violetta à mourir, madame.
    — Elle est jugée. L’exécution n’est que retardée.
    — Oui !… Mais ce n’est pas tout, reprit Claudine de Beauvilliers après un silence, il m’a semblé que si cette exécution était retardée, c’est que la petite Violetta ne devait pas seulement mourir… et qu’avant la mort… elle devait…
    Claudine de Beauvilliers s’arrêta.
    — Avant qu’elle ne meure du corps, dit gravement Fausta, je veux qu’elle meure de l’âme. Voilà ma pensée. Et voilà ce que vous n’osez dire parce que la faiblesse de votre esprit vous montre une faute où il n’y a qu’une nécessité ; que cette vierge devienne une fille impure. Qu’elle soit la plus vile des malheureuses qui, là-haut, ne pouvant plus vivre de prières, vivent de leurs corps. Voilà mes ordres…
    L’abbesse des bénédictines s’inclina, comme courbée par cette voix glaciale.
    — Quand cela sera, reprit Fausta, vous me préviendrez. Allez.
    Claudine de Beauvilliers fit une nouvelle révérence, presque un agenouillement, puis se retira.
    — Elles n’osent pas parler, murmura Fausta quand elle fut seule, et elles osent le reste ! Moi, vierge, qu’aucune pensée d’amour n’a jamais troublée, je sais dire ce qu’il faut, et j’emploie les mots nécessaires…
    Elle s’arrêta court. Son visage pâlit soudain. Et son sein se souleva. Un instant, son regard éperdu demeura fixé sur une image qui, sans doute, flottait devant ses yeux… Il y eut dans l’esprit de cette femme une effroyable lutte qui se traduisit par les convulsions qui soudain ravagèrent cette figure d’habitude immuable :
    — Ah ! murmura-t-elle dans un souffle d’épouvante, est-il bien vrai que j’ignore encore le trouble d’amour auquel sont sujettes les autres femmes !… Quoi ! Moi ! Moi !… Oh ! je m’arracherai plutôt le cœur !…
    Et ses deux mains, ses

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