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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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la bienvenue, et il répondit à son salut avec la plus extrême
gentillesse. Elle s’assit près de lui et s’informa sur celui qu’elle avait
grande envie de revoir. Bohort, qui connaissait l’aventure qu’avait vécue
Lancelot à Corbénic, répondit à toutes ses questions et ne manqua pas d’insister
sur les nombreuses prouesses de son cousin.
    Sur ces entrefaites, vint parmi eux un vieux chevalier qui
portait dans ses bras un très jeune enfant, d’une dizaine de mois, un
magnifique enfant, enveloppé d’une étoffe de soie brochée d’or. « Seigneur,
dit le chevalier, tu ne sais pas qui est cet enfant. C’est ton jeune parent que
tu n’as pas encore vu à ce jour. Il est issu du plus haut lignage qui soit :
c’est ton cousin, n’en doute pas. » Bohort examina le visage de l’enfant
et, plus il le regardait, plus il avait l’impression de voir Lancelot, tant la
ressemblance était parfaite. « Qui est-il donc ? demanda-t-il. – Seigneur
chevalier, lui répondit-on, ne reconnais-tu point à qui il ressemble dans ton
lignage ? Examine-le bien, et je serais fort étonné si tu avais difficulté
à le reconnaître. » Bohort se taisait, car il n’osait pas dire ce qu’il
pensait. Cependant, comme il ne pouvait se dérober, il finit par lancer :
« Par Dieu tout-puissant, je ne peux en douter : il ressemble à
Lancelot plus qu’à tout autre ! – Tu as raison, dit le vieux chevalier, et
c’est bien naturel puisqu’il est son fils, aussi vrai que, toi-même, tu es le
fils de ton père, le roi Bohort de Gaunes ! »
    Cette révélation combla Bohort d’une grande joie. Il demanda
le nom de l’enfant, et le vieux chevalier lui dit qu’on l’appelait Galaad. Bohort
se souvint alors que c’était le premier nom de Lancelot avant qu’il ne fût
élevé par la Dame du Lac. Il prit l’enfant dans ses bras, le baisa comme il eût
fait avec l’être le plus précieux du monde, gagné par une vive émotion. « Seigneur,
dit-il, heureuse soit ta naissance ! Tu seras, je le pressens, le chef et
l’étendard de ton lignage. Béni soit Dieu qui m’a mené ici ! Je suis plus
heureux de cette nouvelle que si l’on m’avait donné le meilleur château qui fût
au monde [42]  ! »

8

Les Enchantements de Corbénic
    Il y avait déjà longtemps que Bohort conversait, dans la
grande salle du manoir de Corbénic, avec le roi Pellès, la fille de celui-ci et
les chevaliers de la cour. Le soir tombait lentement et remplissait la pièce d’une
sorte de pénombre dans laquelle les paroles échangées paraissaient plus
lointaines. C’est alors que parut une colombe qui voletait en portant dans son
bec un encensoir d’or. Elle se lança dans la salle, en un lent tourbillon et, tout
de suite, le palais fut rempli de toutes les suaves odeurs de l’univers. Les
conversations s’étaient arrêtées et un silence profond régnait sur l’assemblée.
Les serviteurs dressèrent les tables et mirent les nappes. Tous ceux qui se
trouvaient là s’assirent sans qu’on les y invitât, car personne ne prononçait
un seul mot : ils étaient tous, jeunes ou vieux, en prière et en oraison. Peu
après, sortit de sa chambre la jeune fille qui portait entre ses mains une
coupe d’émeraude d’où émanait une surprenante lumière. Tous s’agenouillaient
les uns après les autres lorsque la jeune fille passait devant eux, et ils
dirent à voix basse : « Béni soit le fils de Dieu qui nous combla de
sa grâce. »
    Au fur et à mesure que la jeune fille passait parmi les
tables, celles-ci se couvraient de toutes sortes de nourritures succulentes. Après
avoir fait le tour de la salle, la jeune fille rentra dans la chambre d’où elle
était sortie et, après ce long moment de silence, les conversations reprirent
de plus belle. Ainsi Lancelot, lors de son séjour à Corbénic, avait-il été le
témoin d’une scène analogue.
    Le repas terminé, on enleva les nappes. Le roi Pellès alla
alors s’accouder aux fenêtres du palais, et Bohort lui tint compagnie. Ils se
mirent à parler de celui qui leur tenait le plus à cœur, à savoir Lancelot du
Lac. Bohort, qui connaissait bien l’amour exclusif que portait son cousin à la
reine Guenièvre, finit par demander à son hôte comment Lancelot avait pu oublier
un instant la reine pour engendrer cet enfant. Pellès ne lui cacha rien : il
lui expliqua comment Lancelot avait été abusé magiquement de telle sorte qu’il
avait connu sa fille comme

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