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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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où l’on
peut recevoir son amie sans vilenie et sans offense, où je ne me présente à toi,
prête à accomplir tes volontés. Sache encore que nul homme ne me verra, en
dehors de toi, et ne pourra entendre mes paroles. »
    Lanval se leva. Il était triste de quitter son amie, mais
joyeux parce qu’il savait qu’il pourrait l’avoir près de lui quand il le
voudrait. Il la baisa tendrement et sortit. Les jeunes filles qui l’avaient
conduit au pavillon lui passèrent de riches vêtements. Quand il se vit ainsi habillé
de neuf, il se demanda encore s’il ne rêvait pas, mais c’était bien une réalité
et il en avait une preuve évidente. Les jeunes filles lui présentèrent
également un bassin rempli d’eau et un linge de toile fine pour qu’il se lavât
les mains, puis elles apportèrent un repas de belle apparence qu’elles
servirent sur une table, au milieu du pré. La femme sortit du pavillon et vint
s’installer en face de lui. Il fut servi abondamment et en eut une grande joie.
Mais ce qui lui plaisait encore plus, c’était de pouvoir très souvent embrasser
son amie. Quand le repas fut terminé, on lui amena son cheval tout sanglé et
muni d’une selle en cuir de valeur ornée de pierres précieuses. Il prit congé
de la dame et des jeunes filles, mit le pied à l’étrier et enfourcha sa monture.
Il partit alors en direction de la cité, mais il ne pouvait s’empêcher de
regarder en arrière. Or, dans les derniers rayons du jour, il vit une brume
épaisse qui se levait au bord de la rivière et qui engloutissait le pavillon où
il avait connu tant de bonheur.
    Intrigué, il fit demi-tour et pénétra dans la brume. Il eut
bien du mal à se repérer, mais il revint à l’endroit où était dressé le
pavillon : il eut beau chercher, il ne vit aucune trace de ce qu’il avait
vu pendant la journée. Et la brume se dissipait tandis que la lune montait à l’horizon.
« J’ai rêvé, se dit-il, j’ai dû m’endormir dans le pré et imaginer tout
cela ! » Pourtant, une chose était certaine : il portait un
magnifique habit qu’il n’avait pas auparavant, et la selle de son cheval n’était
pas la même. Il reprit alors le chemin de Carduel, pensant sans cesse à cette
aventure merveilleuse, et doutant au fond de son cœur.
    Quand il arriva à son hôtel, ses gens l’accueillirent avec
de grandes démonstrations de joie. Ils lui dirent qu’ils avaient trouvé un
coffre rempli de pièces d’or et de très beaux et très riches habits dont ils s’étaient
immédiatement revêtus. Alors, il ne put douter de la réalité : il avait
bel et bien rencontré une fée, et cette fée lui avait donné non seulement son
amour mais aussi d’incroyables richesses.
    Dès lors, il changea complètement de vie. Tous les soirs, il
tenait table ouverte, mais nul ne savait d’où lui venait l’argent qu’il
dépensait. Il n’y avait dans la ville chevalier ayant besoin de quelque secours
qu’il ne fît venir à lui pour le combler de bienfaits. Il donnait aux pauvres
en grande abondance. Il habillait les jongleurs et les bardes ; il
recevait les plus grands et les traitait dignement. Mais ce dont personne ne se
doutait, c’est que Lanval, chaque nuit, appelait à lui son amie. Et elle venait,
toujours plus amoureuse, toujours plus belle, et lui prodiguait tous les dons
qu’il sollicitait d’elle.
    Un jour, trente chevaliers allèrent s’ébattre en un verger, sous
la tour où séjournait le roi Uryen. Parmi eux, se trouvait Yvain, le franc
chevalier, qui savait se faire aimer de tous. Et Yvain dit : « Seigneurs,
nous n’en usons pas bien avec notre compagnon Lanval qui est si courtois, si
large et fils d’un roi si riche, lorsque nous venons ici sans l’avoir invité. »
Ils s’en allèrent donc au logis de Lanval et lui dirent de se joindre à eux. Lanval
les suivit dans le verger et tous se mirent à deviser joyeusement, prenant le
frais sous les ombrages.
    Or, Morgane s’était accoudée à une fenêtre ouverte dans la
tour. Elle avait avec elle trois de ses suivantes. Elle vit venir les familiers
du roi avec Lanval qu’elle connaissait bien. Mais elle n’avait jamais regardé
le chevalier avec autant d’intérêt que ce soir-là, sentant un grand trouble l’envahir.
Lanval était certainement le plus beau de tous ceux qui s’ébattaient dans le
verger, et Morgane ne pouvait s’empêcher de penser qu’il lui aurait parfaitement
convenu. Elle ordonna à l’une de

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